Les forces syriennes tuent deux personnes en dispersant des manifestations alaouites
Des hommes armés se tiennent devant la mosquée Imam Ali ibn Abi Talib, à côté d’une trace de sang sur les marches, après une explosion dans le quartier Wadi al-Dahab à Homs, le 26 décembre 2025. ©Omar Haj Kadour / AFP

Les forces de sécurité syriennes ont tué dimanche deux personnes en dispersant une manifestation alaouite dans la région côtière, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG disposant d'un vaste réseau de sources dans le pays.

Un hôpital de la zone a reçu deux corps, a indiqué à l'AFP une source médicale.

Les autorités n'ont de leur côté pas confirmé avoir ouvert le feu sur des manifestants, mais ont dit avoir "maîtrisé la situation" et accusé des partisans du l'ancien président Bachar al-Assad d'avoir attaqué les forces de sécurité.

Un rassemblement s'est notamment tenu dans le quartier de Wadi al-Dahab à Homs, où l'attentat a eu lieu vendredi pendant la prière, faisant huit morts.

Les Alaouites, une branche de l'islam chiite dont est issu le président déchu Bachar el-Assad, sont la cible d'attaques depuis qu'une coalition islamiste a pris le pouvoir à Damas fin 2024.

Les manifestations ont été marquées par des incidents avec des partisans du pouvoir à Homs mais aussi dans la ville côtière de Lattaquié, a constaté un correspondant de l'AFP, qui a entendu des coups de feu.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie, a fait état de plusieurs blessés.

«Assad est parti et nous ne soutenons pas Assad... Pourquoi cette tuerie?», s'interroge Numeir Ramadan, un marchand de 48 ans.

«Pourquoi ces actions aléatoires ont-elles lieu, sans aucune dissuasion, responsabilité ou surveillance?», ajoute-t-il.

Le dignitaire Ghazal Ghazal, président du Conseil islamique alaouite en Syrie et à l'étranger, avait appelé samedi à «montrer au monde que la communauté alaouite ne pouvait pas être humiliée ou marginalisée».

«Nous ne voulons pas d'une guerre civile, nous voulons un fédéralisme politique. Nous ne voulons pas de votre terrorisme. Nous voulons décider de notre propre destin», avait-il commenté dans un message vidéo publié sur Facebook.

Son visage s'affichait dimanche sur des photos brandies par la foule, qui a entonné des chants appelant à davantage d'autonomie.

«Notre première revendication est le fédéralisme afin de mettre fin au bain de sang. On nous tue parce que nous sommes alaouites», déplore Hadil Saleh, femme au foyer de 40 ans.

Saraya Ansar al-Sunna, un groupuscule extrémiste sunnite peu connu, a revendiqué l'attentat de vendredi sur Telegram, jurant de poursuivre les attaques ciblant «les infidèles et apostats».

En mars, des massacres sur le littoral avaient fait plus de 1.700 morts, essentiellement des Alaouites, après des affrontements entre forces de sécurité et partisans de Bachar el-Assad, selon l'OSDH.

Une commission nationale d'enquête avait recensé au moins 1.426 morts, pour la plupart des civils.

Des milliers de personnes avaient déjà défilé fin novembre dans plusieurs villes de la côte syrienne pour dénoncer des violences contre les Alaouites, fortement implantés dans cette région.

Dimanche, les manifestants ont par ailleurs réclamé la libération de détenus issus de la communauté alaouite.

Selon la télévision d'État syrienne, 70 d'entre eux ont été remis en liberté il y a deux jours «après qu'il ait été prouvé qu'ils n'étaient pas impliqués dans des crimes de guerre», et d'autres libérations sont attendues.

AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire