L'inquiétude de la minorité alaouite, après une série d'attaques en Syrie
Un homme participe à une manifestation sur la place de la République, organisée par les minorités kurde, alaouite et druze de Syrie, pour protester contre la visite du président par intérim syrien, à Paris, le 7 mai 2025. ©Leo Vignal / AFP

Au milieu de voitures cassées et de vitres brisées, des Alaouites de la côte syrienne, cibles de nouvelles attaques après des massacres en mars, appellent les autorités syriennes à «protéger» leur communauté.

Alors que des violences ont fait un mort lundi soir dans la ville de Lattaquié selon une ONG, les autorités ont décrété mardi un couvre-feu dans la ville de Lattaquié.

Dans le quartier à majorité alaouite de Ramel al-Chamali, des habitants racontent les violences de la nuit.

«Environ 40 ou 50 personnes armées de grands couteaux ont saccagé (lundi) des voitures, des magasins et des restaurants, tout en insultant les Alaouites», décrit Iyad, qui n'a souhaité donner que son prénom.

Un autre inspecte sa voiture détruite. Des individus «s'en sont pris à tout le monde, pénétrant dans les magasins et les saccageant. Ils ont endommagé toutes les voitures», lance cet homme de 66 ans, Ali Hassan.

«La Syrie appartient à tout le monde. J'appelle chacun à retrouver la raison», a-t-il ajouté.

21 arrestations

Les forces de sécurité ont renforcé mardi leur présence, mais des habitants les accusent de ne pas être intervenues immédiatement, malgré leurs appels à l'aide.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG disposant d'un vaste réseau de sources dans le pays, a rapporté qu'un homme alaouite avait été tué lundi soir, «abattu dans sa voiture après avoir été pris en chasse» par «trois jeunes hommes».

La télévision d'Etat a annoncé mardi l'arrestation dans la province de 21 personnes liées à l'ancien pouvoir du président déchu Bachar al-Assad, qui faisait partie de cette communauté musulmane, minoritaire dans ce pays multi-ethnique.

Ces suspects, «appartenant aux vestiges de l'ancien régime», sont «impliquées dans des actes criminels, des incitations (à des violences) confessionnelles et des attaques visant les forces de sécurité intérieure», selon la même source.

Les autorités syriennes n'ont pas donné de bilan.

«D'un même sang»

Intissar al-Aboud, une ménagère de 60 ans, appelle le président syrien Ahmed al-Chareh à «installer des postes de contrôle à l'entrée de notre quartier afin de nous protéger».

«Nous avons quatre voitures qui sont désormais totalement hors d'usage», déplore-t-elle.

Manal, commerçante de 62 ans refusant de donner son patronyme par crainte pour sa sécurité, exprime l'espoir que les violences de lundi soient «le dernier incident de ce type dans ce pays».

«Nous sommes tous frères et sœurs, d'un même sang. Celui qui a vandalisé la rue est notre fils, et celui dont la voiture ou le magasin a été endommagés est aussi notre fils», dit-elle.

Ces nouvelles violences sont survenues au lendemain de manifestations de la communauté alaouite lors desquelles trois personnes ont été tuées à Lattaquié, dont un membre des forces de sécurité selon les autorités.

Vendredi dernier, une explosion à l'intérieur d'une mosquée située dans un secteur de la minorité alaouite à Homs, dans le centre de la Syrie, avait fait huit morts pendant la prière.

La minorité alaouite, une branche de l'islam chiite, est la cible d'attaques depuis qu'une coalition islamiste a pris le pouvoir à Damas fin 2024.

En mars, des massacres sur le littoral avaient fait plus de 1.700 morts, essentiellement des Alaouites, après des affrontements entre forces de sécurité et partisans de Bachar al-Assad, selon l'OSDH.

Une commission nationale d'enquête avait recensé au moins 1.426 morts, pour la plupart des civils.

AFP

 

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