Un responsable russe s'insurge: «L'ennemi est sur nos terres!»
©Un militaire ukrainien devant l'épave d'un bombardier Soukhoi Su-24 russe abattu au dessus de Lyman, dans la région de Donetsk. (AFP)
"Les gens savent. Notre peuple n'est pas stupide"!  "L'ennemi est sur nos terres"!  Un député russe à la tête du Comité de Défense de la Douma, et ancien officier militaire, a critiqué mercredi l'armée de son pays pour avoir caché la vérité sur la situation catastrophique des troupes russes en Ukraine. En effet, loin des annonces officielles et des déclarations en fanfare de l'annexion de régions ukrainiennes par le Kremlin, Moscou essuie chaque jour des revers et perd du terrain face à l'avancée de l'armée ukrainienne. Les autorités russes assurent même que les nouveaux territoires resteront russes "pour toujours" et que Moscou va regagner le terrain perdu.

La Douma d'Etat russe, à Moscou. (Wikimédia Commons)

 

Un haut responsable parlementaire russe a appelé mercredi l'armée à "arrêter de mentir" sur ses défaites en Ukraine, alors que les troupes de Moscou reculent sur plusieurs fronts.

"Les gens savent. Notre peuple n'est pas stupide. Et il voit qu'on ne veut pas lui dire ne serait-ce qu'une partie de la vérité. Cela peut entraîner une perte de crédibilité", a déclaré Andreï Kartapolov, à la tête du Comité de Défense de la Douma, la chambre basse du Parlement russe, et ancien commandant militaire.

S'exprimant sur la chaîne Telegram du propagandiste russe Vladimir Soloviov, M. Kartapolov a appelé l'armée à "arrêter de mentir".

"L'ennemi est sur nos terres. Tous les villages frontaliers de la région de Belgorod sont pratiquement détruits", a-t-il poursuivi, alors que les tirs se sont multipliés dans cette région située à la frontière entre la Russie et l'Ukraine.

Le président Poutine et les quatre dirigeants prorusses lors de l'annonce officielle de l'annexion des quatre régions ukrainiennes par Moscou, le vendredi 30 septembre. Le Kremlin a organisé en grande pompe des célébrations pendant que l'armée russe perdait du terrain et des troupes en Ukraine. (AFP)

 

"Nous apprenons (les nouvelles) de n'importe qui, des gouverneurs, des correspondants de guerre. Mais les rapports du ministère de la Défense ne changent pas", a-t-il ajouté.

Le ministère russe de la Défense ne reconnaît lui que très rarement les revers de ses troupes, se contentant de publier chaque jour un rapport dans lequel il énumère les lourdes pertes qu'il assure infliger à son adversaire.

Le président russe Vladimir Poutine a assuré mercredi que la situation militaire se "stabilisera" dans les territoires ukrainiens dont il revendique l'annexion, mais où ses forces subissent une série de revers face à l'armée ukrainienne.

Quelques heures plus tôt, l'Ukraine avait annoncé regagner du terrain dans la région de Lougansk (est), après ses succès dans celles de Kherson (sud) et Kharkiv (nord-est).  Les troupes de Kiev poursuivent, elles, leur contre-offensive, revendiquant de nouveaux gains dans l'Est et le Sud.



 

Dans sa communication vidéo quotidienne, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a s'est félicité de la reprise de trois nouveaux villages dans la région de Kherson, assurant que "le mouvement continue". Plus tôt dans la journée, le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, jusqu'ici sous le contrôle quasi-total de Moscou, a proclamé une percée.

La quasi-totalité de la région de Kharkiv (nord-est) apparaît à présent sous contrôle ukrainien, ouvrant la voie vers celle de Lougansk, bastion des séparatistes installées par Moscou depuis 2014.

M. Poutine avait lui juré de défendre les zones annexées, quitte à utiliser des armes nucléaires, menace qui n'a arrêté ni la contre-offensive ukrainienne, ni les livraisons d'armes occidentales.

L'armée russe avait reconnu à demi-mot des retraites mardi, en publiant des cartes montrant que Moscou a cédé toute une partie du nord de la région de Kherson et que sa présence dans celle de Kharkiv était désormais minimale. (AFP)

 
Moscou s'approprie la centrale de Zaporijjia

La Russie s'est formellement approprié la centrale nucléaire de Zaporijjia dans le sud de l'Ukraine, qu'elle occupe militairement depuis début mars, selon un décret signé mercredi par son président Vladimir Poutine.

Peu après cette annonce, le patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, qui avait prévu de se rendre à Kiev et Moscou cette semaine, a annoncé son départ pour la capitale ukrainienne afin d'y discuter de la mise en place d'une zone de protection autour de la centrale.Cette dernière, la plus grande d'Europe, est située dans la région de Zaporijjia, l'un des territoires ukrainiens officiellement annexés la semaine dernière par la Russie, et non loin de la ligne de démarcation entre les territoires contrôlés par Kiev et ceux occupés par Moscou.


"Le gouvernement devra veiller à ce que les installations nucléaires de la centrale (...) soient considérées propriété fédérale", peut-on lire dans le décret russe.

L'opérateur ukrainien Energoatom a de son côté dit considérer le décret de Vladimir Poutine "nul et non avenu, absurde et inapproprié".

La plus grande centrale nucléaire d'Europe se trouve dans la région de Zaporijjia, annexée par Moscou, mais dont une partie reste aux mains des Ukrainiens. (Wikimédia Commons)

 

"La centrale de Zaporijjia continuera à opérer en Ukraine, conformément à la législation ukrainienne, dans le système énergétique ukrainien, dans Energoatom", a ajouté la compagnie sur Telegram.

Alors que la gestion administrative de la centrale était transférée à Moscou mercredi, Energoatom s'est indigné de "la création de pseudo-entreprises avec les noms d'entreprises ukrainiennes".

Cette décision russe montre "l'agonie du monde imaginaire fou du pays agresseur", a encore fustigé l'opérateur ukrainien.

Moscou et Kiev s'accusent mutuellement de bombardements sur le site depuis plusieurs mois, ces frappes faisant resurgir le spectre d'une catastrophe nucléaire majeure similaire à celle de Tchernobyl en 1986.

Le week-end dernier, le directeur ukrainien de la centrale, Igor Mourachov, avait été brièvement détenu par les Russes, avant d'être relâché. Le patron d'Energoatom, Petro Kotine, a depuis pris sa succession, a-t-il annoncé mercredi matin.


Kadyrov promu général

L'autoritaire dirigeant de la République russe de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, a annoncé mercredi avoir été promu au grade de colonel-général par le président Vladimir Poutine. " Le décret a été publié (...) Vladimir Vladimirovitch (Poutine) m'en a personnellement informé et m'a félicité", a écrit M. Kadyrov sur Telegram, disant être "immensément reconnaissant" pour "la haute appréciation de (ses) mérites".

Le grade de colonel-général est le troisième grade de commandement le plus élevé dans la hiérarchie militaire russe, derrière ceux de général d'armée et de maréchal. Le leader tchétchène était déjà trois fois général avant cette promotion: des forces militaires de l'intérieur, de la police et de la garde nationale de Tchétchénie.M. Kadyrov, critiqué par les ONG internationales pour les graves violations des droits humains dans sa république, a été très actif depuis le début de l'offensive russe en Ukraine. Des unités tchétchènes, dont la milice personne de M. Kadyrov à la sinistre réputation, les "kadyrovtsy", y combattent aux côtés des forces régulières russes.

Lundi, M. Kadyrov a annoncé son intention d'envoyer trois de ses fils, des adolescents, pour combattre en Ukraine, tout en appelant à y utiliser "des armes nucléaires de faible puissance" face aux difficultés des troupes russes. Il a également critiqué un autre colonel-général russe, Alexandre Lapine, en charge des opérations autour de Lyman, localité récemment reprise par les forces ukrainiennes, en jugeant que celui-ci n'avait pas fourni "les communications" et les "munitions nécessaires" aux soldats engagés dans la défense de cette ville.

Le Kremlin a loué lundi "la contribution héroïque" de M. Kadyrov dans l'offensive en Ukraine.

Le leader tchétchène Ramzan Kadyrov en compagnie de Adam Delimkhanov, député membre de Russie unie, le parti de Poutine, et responsable de l’antenne tchétchène de la Rosgvardia, la police militaire russe. Deux dirigeants impitoyables qui font partie du cercle rapproché du président russe. Le dirigeant tchétchène a 14 enfants, selon son site officiel, mais des médias russes affirment qu’il en a sans doute plus. (AFP)

 
Deux milliards pour des munitions en France

La France va consacrer deux milliards d'euros à la commande de munitions en 2023 pour ses forces armées, soit un tiers de plus que l'année passée, a affirmé mercredi le ministre des Armées Sébastien Lecornu, évoquant des "adaptations" face à la guerre en Ukraine. Le budget des armées augmentera de trois milliards d'euros en 2023 pour atteindre 43,9 milliards d'euros (hors pensions), conformément à la Loi de programmation militaire.

Dans cette enveloppe, "il y a des choses qui étaient déjà prévues, il y aussi des choses évidemment que nous avons choisi d'accélérer au regard de ce que nous connaissons sur le flanc oriental", a-t-il remarqué.

Sur un autre plan, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a reconnu l'Ukraine comme "pays membre potentiel", la toute première étape vers un très long processus d'adhésion.

Sur plan sportif, l'Espagne et le Portugal ont annoncé avoir intégré l'Ukraine à leur candidature commune pour l'organisation du Mondial-2030 de foot, ce que le président Zelensky a salué comme "un symbole de victoire".

Avec AFP
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