La Turquie, médiateur impuissant entre Moscou et Kiev
Avant la rencontre prévue cette semaine à Astana entre les présidents Erdogan et Poutine, la Turquie a appelé à un cessez-le-feu en Ukraine alors que les hostilités s'étendent sur le terrain. Ankara conserve une position de médiateur privilégié dans le conflit ukrainien et entretient de bonnes relations de travail avec Moscou malgré les pressions occidentales. 

Le président Erdogan avait rencontré le président Poutine ainsi que le président iranien Ibrahim Raisi à Téhéran, le 19 juillet 2022, lors d'une réunion portant sur le dossier syrien, dans lequel les intérêts russes et turques divergent.(AFP)

 

 

La Turquie a appelé mardi la Russie et l'Ukraine à un cessez-le-feu, avant une rencontre prévue jeudi à Astana entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue russe Vladimir Poutine.

Membre de l'Otan, la Turquie est restée neutre depuis le début du conflit le 24 février et entretient de bonnes relations avec ses deux voisins de la mer Noire.

Ankara a joué un rôle clé dans un échange de prisonniers en septembre entre la Russie et l'Ukraine ainsi que dans la conclusion en juillet, sous l'égide de l'ONU, d'un accord entre les deux pays permettant l'exportation de céréales ukrainiennes via la mer Noire et le Bosphore.

A deux reprises, elle a aussi réuni sur son sol des représentants russes et ukrainiens.

M. Erdogan a rencontré M. Poutine à trois reprises ces trois derniers mois mais s'entretient aussi régulièrement par téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le président turc se pose en médiateur privilégié et cherche de longue date à rapprocher les deux hommes pour des négociations de cessez-le-feu qu'aucun des deux ne souhaite particulièrement.

Cependant, l'aggravation de la situation sur le terrain handicape les efforts de paix.
Un médiateur impuissant à mettre fin au conflit

Ankara a joué un rôle clé dans la conclusion en juillet d'un accord entre l'Ukraine et la Russie permettant l'exportation de céréales ukrainiennes via la mer Noire et le Bosphore. (AFP)

 

 

"Malheureusement (les deux côtés) se sont rapidement écartés de la diplomatie" depuis des pourparlers entre des négociateurs russes et ukrainiens en mars à Istanbul, a dit le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu dans un entretien télévisé.

"Alors que la guerre entre l'Ukraine et la Russie se prolonge, malheureusement, la situation empire et se complique", a-t-il ajouté, appelant à un cessez-le-feu immédiat.

"Un cessez-le-feu doit être établi dès que possible. Le plus tôt est le mieux", a-t-il dit.


M. Erdogan qui maintient une bonne relation de travail avec M. Poutine, malgré des désaccords sur plusieurs questions dont la Syrie, devrait à nouveau rencontrer son homologue russe à Astana jeudi, en marge d'un sommet régional, a confirmé le Kremlin mardi.

Très dépendante des gaz et pétrole russes, la Turquie ne s'est pas jointe aux sanctions occidentales contre la Russie.

M. Erdogan, dont la dernière rencontre avec M. Poutine remonte à septembre en marge d'un sommet régional en Ouzbékistan, est désireux d'accroître les échanges commerciaux avec Moscou pour aider l'économie turque mal en point, avant l'élection présidentielle en juin.

"Les préparations sont en cours pour la réunion" de jeudi, a annoncé le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov aux journalistes.

Cette rencontre sera l'occasion de discuter de la situation en "Ukraine, des liens bilatéraux et d'échanger les points de vues sur plusieurs sujets", a-t-il ajouté.

Un officiel turc a confirmé à l'AFP que la réunion se déroulerait jeudi, à la suite d'une réunion avec le président kazakh, Kassym-Jomart Tokayev à Astana.
Le jeu d'équilibriste de la Turquie



 

 

Fin septembre, Ankara avait cédé aux pressions américaines et renoncé au système russe de paiement Mir qui permettait aux ressortissants russes de continuer de retirer de l'argent en Turquie.

M. Erdogan n'a pas encore fait de commentaire sur les frappes russes à travers tout le territoire ukrainien lundi, qui ont fait au moins 19 morts et une centaine de blessés.

Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu, a eu un entretien téléphonique lundi avec son homologue ukrainien Dmytro Kouleba après les dernières attaques russes, a indiqué une source diplomatique turque sans plus de précisions.

M. Cavusoglu a appelé mardi durant son entretien télévisé à une "paix juste" fondée sur l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

"Il doit y avoir une paix juste pour l'Ukraine. Où se poursuit la guerre? Elle se poursuit sur le sol ukrainien", a-t-il souligné.

"Un processus qui garantira l'intégrité territoriale et les frontières de l'Ukraine doit commencer", a-t-il estimé. "Sans un cessez-le-feu, il n'est pas possible de parler de ces questions de manière saine: un cessez-le-feu viable et une paix juste".

La Turquie a rejeté début octobre l'annexion de nouveaux territoires ukrainiens - les régions de Donetsk, Lougansk, Kherson and Zaporijjia - par la Russie, comme elle avait refusé de reconnaître l'annexion de la Crimée en 2014.

Avec AFP
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