Un même appel des pays du Golfe au Liban: priorité aux réformes et à la centralisation des armes
©Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, reçu vendredi par l’émir du Koweït, cheikh Nawaf al-Ahmad al-Jaber al-Sabah. (Photo SPA)
Des Emirats arabes unis au Koweit, en passant par Bahrein, c’est le même discours qui est tenu au sujet du Liban: priorité aux réformes structurelles sérieuses et au monopole des armes aux mains de l'autorité légale.

Ce discours a été repris mot pour mot à chacune des deux dernières étapes de la tournée régionale du prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane (MBS), reçu vendredi à Manama puis au Koweït. Dans un communiqué conjoint, repris par l’agence de presse saoudienne, MBS et le roi bahreïni, Hamad ben Issa el-Khalifa, ont certes réaffirmé leur attachement à sécurité, à la stabilité et à l’intégrité territoriale du Liban, mais ils ont surtout pointé du doigt les problématiques à l’origine de la détérioration des relations de Beyrouth avec les pays du Golfe.

Les deux dirigeants ont mis l’accent sur la nécessité pour le pays du Cèdre d’ "engager des réformes globales qui lui permettront de dépasser ses crises et de limiter les armes aux seuls institutions de l’Etat". Ils ont plus particulièrement insisté sur le rôle déstabilisateur du Hezbollah. "Le Liban ne devrait pas être une plateforme pour le lancement d’actes terroristes ou un sanctuaire pour des organisations terroristes qui cherchent à ébranler la sécurité et la stabilité de la région, à l’instar du Hezbollah terroriste", selon le communiqué, qui insiste également sur le fait que le Liban devrait tout aussi bien "cesser d’être une plaque tournante pour le trafic de drogue" à destination des pays du Golfe.


Un communiqué similaire reprenant pratiquement la même terminologie devait être publié au terme des entretiens de MBS avec l’émir Nawaf el-Ahmad al-Jaber al-Sabah au Koweït. Une preuve que la démission du ministre de l’Information Georges Cordahi après des propos contestés sur la guerre du Yémen, ne suffit pas pour un retour à la normale des relations entre Beyrouth et les pays du Golfe, commente un responsable saoudien pour Ici Beyrouth. L’Arabie saoudite a certes réagi favorablement à la médiation du président français, Emmanuel Macron, qui avait été reçu samedi à Riyad, en allégeant les mesures restrictives prises à l’encontre de Beyrouth, mais elle reste sur le qui-vive.

Selon la même source, l’important aujourd’hui pour l’Arabie saoudite, comme pour la communauté internationale, c’est de soutenir le gouvernement du Premier ministre Nagib Mikati en dépit de ses tares, pour éviter une démission de ce dernier qui plongerait le Liban dans le vide à l’approche notamment des législatives et de la présidentielle et le pousserait davantage dans le giron iranien. Dans ce contexte, d’autres visites du Premier ministre libanais à Riyad sont prévues. Dans le même temps, le royaume développerait sa coopération avec les partis et les formations souverainistes au Liban, avec souci majeur: renforcer ce noyau face à l’hégémonie du Hezbollah, toujours selon les mêmes sources.

Mais le soutien de l’Arabie au pays du Cèdre s’arrêtera là, puisque Riyad semble déterminé à ne pas voler au secours d’un Liban, qui ne fait que s’enfoncer dans la crise, tant qu’il reste sous la coupe du tandem CPL-Hezbollah et tant que les points soulevés par l'initiative franco-saoudienne pour une sortie de crise ne sont pas mis en application.
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