La guerre en Ukraine et la récente mobilisation partielle mise en place par Vladimir Poutine ont porté un coup aux entreprises russes, déjà fortement touchées par les sanctions internationales.
"Tout s'est effondré": pour certaines entreprises russes, la mobilisation ordonnée par Vladimir Poutine entraîne son lot de désorganisation, d'incertitudes et d'adaptation forcée. Un défi de plus après le Covid et les sanctions internationales.
Dans l'espace de coworking flambant neuf qu'il détient à Tcheliabinsk, dans l'Oural, Maxime Novikov compte les sièges vides d'ordinaire occupés par des designers et des informaticiens indépendants ou lançant leur start-up.
La mobilisation ordonnée par Vladimir Poutine a entraîné son lot de désorganisation (AFP)
Depuis l'annonce le 21 septembre de la mobilisation de centaines de milliers de réservistes civils pour aller combattre en Ukraine, "de nombreux clients ont arrêté de venir", se désole cet auto-entrepreneur de 33 ans auprès de l'AFP. Certains sont partis garnir les rangs de l'armée russe, quand d'autres, affirme-t-il, ont choisi l'exil au Kazakhstan voisin, à 140 kilomètres au sud.
"Je ne sais pas du tout s'ils vont continuer à payer leur abonnement", s'inquiète-t-il. "Ça pourrait être un fort manque à gagner, alors que je dois rembourser un prêt!"
Sur les 77 places disponibles dans cet espace, à peine 45 sont occupées depuis trois semaines.
"Mon chiffre d'affaires ont déjà baissé cette année pour cet espace, de plus de 40%", compte cet architecte de formation. "Je voulais acheter un troisième espace mais pour le moment ce n'est pas possible de prendre le risque".
Maxime Novikov n'est pas seul. De nombreuses entreprises s'inquiètent des conséquences de la mobilisation sur leur production et leur main d'œuvre, notamment dans le secteur des hautes technologies qui a déjà vu fuir depuis février des dizaines de milliers de spécialistes échaudés par le conflit et la répression en Russie.
"Ca met à l'arrêt des projets et les entreprises du privé vont être craintives pour investir", analyse Natalia Zoubarevitch, économiste à l'Université d'État de Moscou.
Les Russes ont fui en masse la mobilisation (AFP)
Selon elle, "la situation économique se dégradait déjà depuis le début de l'année au vu des événements. La mobilisation va être un facteur aggravant supplémentaire".
A Moscou, Elena Irissova, 45 ans, se désole, de son côté, de voir "sa production à l'arrêt".
Directrice d'une petite entreprise de sacs de cuir de luxe, elle emploie une dizaine de salariés. Fin septembre, deux de ses artisans ont quitté leur emploi: l'un a fui la mobilisation, l'autre est partie aider sa fille dont le mari a été envoyé au front. En outre, les commandes sont plombées.
"Après le 21 septembre, tout s'est effondré. Nos ventes ont été divisées par trois, passant de dix à trois commandes par jour", se désole-t-elle. "Je peux tenir un mois ou deux avec mes réserves personnelles, mais pas plus", affirme-t-elle.
La pâtisserie moscovite tenue par Katerina Iberika, 39 ans, qui vend notamment des gâteaux pour des réceptions d'anniversaire, rencontre, elle aussi, des difficultés. Ses cinq employées, des femmes exemptées de mobilisation, sont bien là, en revanche l'humeur n'est pas la fête dans la capitale russe, et du coup le chiffre d'affaires plonge.
"Les annulations de réservations pour des grands événements ont commencé deux jours avant le début de la mobilisation" lorsque les rumeurs à son sujet ont commencé, raconte-t-elle à l'AFP.
"Aujourd'hui, nous avons zéro commande ou alors elles sont très petites", se lamente Katerina Iberika, qui réfléchit à quitter la Russie.
"Les gens cherchent à mettre leur argent de côté", observe Sofya Donets, économiste en chef pour la Russie chez Renaissance Capital. "Ils ne vont pas faire de dépenses superflues".
Des Russes mobilisés quittent un centre d’appel à Moscou (AFP)
Enfin, des pénuries de personnel sont rapportées dans le BTP, les transports et le secteur de l'agriculture, "des domaines fortement affectés" selon Natalia Zoubarevitch, car "la grande majorité des travailleurs" sont des "hommes jeunes, faiblement éduqués, qui sont mobilisés".
Le patronat russe a tiré la sonnette d'alarme, demandant au gouvernement une exemption de mobilisation notamment pour les fondateurs et les propriétaires de PME, ainsi que les auto-entrepreneurs.
Face à ces "problématiques", le ministère russe du Développement économique a affirmé à l'AFP "avoir défini une liste de mesures prioritaires".
Décision a ainsi été prise de faciliter les subventions et les microcrédits. En outre "un entrepreneur mobilisé pourra dorénavant suspendre ses obligations" de remboursement, met en avant le ministère.
Et Sofya Donets s'attend à toujours "plus d'intervention et d'aides de l'Etat" pour compenser les effets de la mobilisation. D'autant que les caisses russes se remplissent toujours grâce à sa manne énergétique.
Avec AFP
"Tout s'est effondré": pour certaines entreprises russes, la mobilisation ordonnée par Vladimir Poutine entraîne son lot de désorganisation, d'incertitudes et d'adaptation forcée. Un défi de plus après le Covid et les sanctions internationales.
Dans l'espace de coworking flambant neuf qu'il détient à Tcheliabinsk, dans l'Oural, Maxime Novikov compte les sièges vides d'ordinaire occupés par des designers et des informaticiens indépendants ou lançant leur start-up.
La mobilisation ordonnée par Vladimir Poutine a entraîné son lot de désorganisation (AFP)
Depuis l'annonce le 21 septembre de la mobilisation de centaines de milliers de réservistes civils pour aller combattre en Ukraine, "de nombreux clients ont arrêté de venir", se désole cet auto-entrepreneur de 33 ans auprès de l'AFP. Certains sont partis garnir les rangs de l'armée russe, quand d'autres, affirme-t-il, ont choisi l'exil au Kazakhstan voisin, à 140 kilomètres au sud.
"Je ne sais pas du tout s'ils vont continuer à payer leur abonnement", s'inquiète-t-il. "Ça pourrait être un fort manque à gagner, alors que je dois rembourser un prêt!"
Sur les 77 places disponibles dans cet espace, à peine 45 sont occupées depuis trois semaines.
"Mon chiffre d'affaires ont déjà baissé cette année pour cet espace, de plus de 40%", compte cet architecte de formation. "Je voulais acheter un troisième espace mais pour le moment ce n'est pas possible de prendre le risque".
Conséquences de la mobilisation
Maxime Novikov n'est pas seul. De nombreuses entreprises s'inquiètent des conséquences de la mobilisation sur leur production et leur main d'œuvre, notamment dans le secteur des hautes technologies qui a déjà vu fuir depuis février des dizaines de milliers de spécialistes échaudés par le conflit et la répression en Russie.
"Ca met à l'arrêt des projets et les entreprises du privé vont être craintives pour investir", analyse Natalia Zoubarevitch, économiste à l'Université d'État de Moscou.
Les Russes ont fui en masse la mobilisation (AFP)
Selon elle, "la situation économique se dégradait déjà depuis le début de l'année au vu des événements. La mobilisation va être un facteur aggravant supplémentaire".
A Moscou, Elena Irissova, 45 ans, se désole, de son côté, de voir "sa production à l'arrêt".
Directrice d'une petite entreprise de sacs de cuir de luxe, elle emploie une dizaine de salariés. Fin septembre, deux de ses artisans ont quitté leur emploi: l'un a fui la mobilisation, l'autre est partie aider sa fille dont le mari a été envoyé au front. En outre, les commandes sont plombées.
"Après le 21 septembre, tout s'est effondré. Nos ventes ont été divisées par trois, passant de dix à trois commandes par jour", se désole-t-elle. "Je peux tenir un mois ou deux avec mes réserves personnelles, mais pas plus", affirme-t-elle.
"Zéro commande"
La pâtisserie moscovite tenue par Katerina Iberika, 39 ans, qui vend notamment des gâteaux pour des réceptions d'anniversaire, rencontre, elle aussi, des difficultés. Ses cinq employées, des femmes exemptées de mobilisation, sont bien là, en revanche l'humeur n'est pas la fête dans la capitale russe, et du coup le chiffre d'affaires plonge.
"Les annulations de réservations pour des grands événements ont commencé deux jours avant le début de la mobilisation" lorsque les rumeurs à son sujet ont commencé, raconte-t-elle à l'AFP.
"Aujourd'hui, nous avons zéro commande ou alors elles sont très petites", se lamente Katerina Iberika, qui réfléchit à quitter la Russie.
"Les gens cherchent à mettre leur argent de côté", observe Sofya Donets, économiste en chef pour la Russie chez Renaissance Capital. "Ils ne vont pas faire de dépenses superflues".
Des Russes mobilisés quittent un centre d’appel à Moscou (AFP)
Enfin, des pénuries de personnel sont rapportées dans le BTP, les transports et le secteur de l'agriculture, "des domaines fortement affectés" selon Natalia Zoubarevitch, car "la grande majorité des travailleurs" sont des "hommes jeunes, faiblement éduqués, qui sont mobilisés".
Le patronat russe a tiré la sonnette d'alarme, demandant au gouvernement une exemption de mobilisation notamment pour les fondateurs et les propriétaires de PME, ainsi que les auto-entrepreneurs.
Face à ces "problématiques", le ministère russe du Développement économique a affirmé à l'AFP "avoir défini une liste de mesures prioritaires".
Décision a ainsi été prise de faciliter les subventions et les microcrédits. En outre "un entrepreneur mobilisé pourra dorénavant suspendre ses obligations" de remboursement, met en avant le ministère.
Et Sofya Donets s'attend à toujours "plus d'intervention et d'aides de l'Etat" pour compenser les effets de la mobilisation. D'autant que les caisses russes se remplissent toujours grâce à sa manne énergétique.
Avec AFP
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