À l’ouverture dimanche du congrès du Parti communiste, le président Xi Jinping a défendu son bilan anti-corruption et de politique "zéro Covid", et a poursuivi l'écriture de son récit national. Il a réclamé "l'unité" autour de sa direction et vanté l'ascension de la Chine comme puissance mondiale. Sauf évènement imprévu, donc improbable, il devrait être nommé pour un troisième mandat historique.
Le président chinois Xi Jinping au Palais de l'Assemblée du Peuple lors de la cérémonie de l'ouverture du congrès du Parti communiste chinois dont les quelque 2.300 délégués devraient, sauf surprise majeure, lui confier un troisième mandat historique à la tête du pays. (AFP)
"L'union fait la force, et la victoire requiert l'unité", a lancé le dirigeant de 69 ans qui a mené ces dernières années une redoutable campagne anti-corruption, destinée selon ses critiques à faire le ménage chez ses rivaux. Sous les applaudissements nourris des quelque 2.300 délégués du parti réunis au Palais du peuple, place Tiananmen à Pékin, M. Xi a également souligné que "l'influence internationale de la Chine, son attrait et sa capacité à façonner le monde ont augmenté significativement".
Au pouvoir depuis 2012, le président devrait sauf coup de théâtre obtenir un troisième mandat de cinq ans à la tête du parti, et donc du pays. Ce nouveau sacre, attendu le 23 octobre au lendemain de la clôture du congrès, fera de lui le dirigeant chinois le plus puissant depuis le fondateur du régime, Mao Tsé-toung (1949-1976). Pendant plus d'une heure et demie, Xi Jinping a notamment défendu sa politique draconienne de lutte contre le Covid-19 et le renforcement de la puissance militaire chinoise.
Alors que l'une des principales interrogations tournait autour du maintien ou non de la stricte stratégie "zéro Covid" indissociable du président chinois, M. Xi a affirmé que la Chine avait, grâce à cette politique, privilégié les vies humaines avant tout. La Chine a "protégé au plus haut point la sécurité et la santé du peuple et obtenu des résultats significatifs en coordonnant prévention et contrôle de l'épidémie avec le développement économique et social", a-t-il estimé.
Cette politique "zéro Covid" a renforcé le contrôle social sur les citoyens, dont tous les déplacements sont désormais enregistrés informatiquement, dans ce pays déjà critiqué sur la scène internationale pour des violations des droits de l'homme. Et la quasi-fermeture du pays et les confinements à répétition ont mis un coup d'arrêt à la croissance économique, suscitant aussi la grogne populaire.
Dans son discours, Xi Jinping a également défendu sa campagne anti-corruption, qui selon lui a "remporté une victoire écrasante", en éliminant les "graves dangers latents au sein du parti, de l'État et de l'armée". Selon des chiffres officiels, au moins 1,5 million de personnes ont été sanctionnées depuis 2012 durant cette campagne destinée à faire tomber les "tigres" (hauts dirigeants) et les "mouches" (petits fonctionnaires) avides de pots-de-vins. L'offensive s'est accélérée à l'approche du congrès.
La place Tiananmen à Pékin avec la porte de la Paix céleste, l'entrée de l'ancienne demeure des empereurs de Chine. (AFP)
Le président chinois a également fustigé les "forces extérieures" se mêlant de Taïwan, île que le régime chinois considère comme faisant partie de son territoire. La Chine cherchera à réunifier Taïwan pacifiquement mais ne "renoncera jamais à l'usage de la force" si besoin, se réservant "la possibilité de prendre toutes les mesures nécessaires", a-t-il menacé. Tout en affirmant que la Chine est "résolument opposée à toute forme d'hégémonie" et "s'oppose à la mentalité de Guerre froide", M. Xi s'est abstenu de mentionner les tensions avec les Etats-Unis, ainsi que la guerre en Ukraine.
Il a également estimé que Hong Kong était passé "du chaos à la gouvernance" après la sévère reprise en main par Pékin du territoire, où d'immenses manifestations pro-démocratie avaient eu lieu en 2019. Dans son discours, consacré en majeure partie aux sujets de politique intérieure, M. Xi a assuré que son pays, un des plus gros pollueurs de la planète, allait "participer activement" à la lutte contre le réchauffement climatique.
Les Ouïghours sont les grands absents du congrès du Parti communiste. (AFP)
"Xi veut poursuivre son propre récit", note Alfred Wu Muluan, professeur associé en politiques publiques à l'Université nationale de Singapour, soulignant que le dirigeant "veut un quatrième et un cinquième mandats", donc bien au-delà de 2027. Et comme "il considère la sécurité nationale comme le priorité numéro un du pays, il n'y aura pas de compromis sur ce sujet, qu'il s'agisse de la mer de Chine méridionale, de Taïwan et de Hong Kong". "Sur le plan international, il va rester très dur", estime M. Wu.
Xi Jinping entre le Premier ministre Li Keqiang (à gauche) et l'ancien président Hu Jintao.
C'est un discours de "continuité", observe aussi Alfred L. Chan, biographe de Xi et professeur émérite de sciences politiques à l'université Huron au Canada. Mais "c'est une époque très agitée, avec la crise du Covid, le ralentissement économique, la situation internationale tendue, surtout avec les États-Unis". Un point crucial sera la composition du futur Comité permanent, ce groupe de sept ou neuf personnalités au plus haut sommet du pouvoir. Mais M. Xi ne devrait, selon les analystes, donner aucune indication quant à un possible successeur.
Les quelque 2.300 délégués du PCC, venus de toutes les provinces et pour certains vêtus de leurs tenues traditionnelles, vont d'ici samedi prochain désigner le nouveau Comité central, sorte de Parlement du parti avec quelque 200 membres, dont le bureau politique et ses 25 têtes est l'instance de décision. En réalité, ils ne feront que valider des décisions prises en amont par les différentes factions du Parti: c'est d'ailleurs ainsi que Xi Jinping était arrivé au pouvoir en 2012, choisi comme homme de compromis entre les factions avant d'imposer sa mainmise au fil des ans.
Avec AFP
Le président chinois Xi Jinping au Palais de l'Assemblée du Peuple lors de la cérémonie de l'ouverture du congrès du Parti communiste chinois dont les quelque 2.300 délégués devraient, sauf surprise majeure, lui confier un troisième mandat historique à la tête du pays. (AFP)
"L'union fait la force, et la victoire requiert l'unité", a lancé le dirigeant de 69 ans qui a mené ces dernières années une redoutable campagne anti-corruption, destinée selon ses critiques à faire le ménage chez ses rivaux. Sous les applaudissements nourris des quelque 2.300 délégués du parti réunis au Palais du peuple, place Tiananmen à Pékin, M. Xi a également souligné que "l'influence internationale de la Chine, son attrait et sa capacité à façonner le monde ont augmenté significativement".
Ère Jinping
Au pouvoir depuis 2012, le président devrait sauf coup de théâtre obtenir un troisième mandat de cinq ans à la tête du parti, et donc du pays. Ce nouveau sacre, attendu le 23 octobre au lendemain de la clôture du congrès, fera de lui le dirigeant chinois le plus puissant depuis le fondateur du régime, Mao Tsé-toung (1949-1976). Pendant plus d'une heure et demie, Xi Jinping a notamment défendu sa politique draconienne de lutte contre le Covid-19 et le renforcement de la puissance militaire chinoise.
Alors que l'une des principales interrogations tournait autour du maintien ou non de la stricte stratégie "zéro Covid" indissociable du président chinois, M. Xi a affirmé que la Chine avait, grâce à cette politique, privilégié les vies humaines avant tout. La Chine a "protégé au plus haut point la sécurité et la santé du peuple et obtenu des résultats significatifs en coordonnant prévention et contrôle de l'épidémie avec le développement économique et social", a-t-il estimé.
"Du chaos à la gouvernance"
Cette politique "zéro Covid" a renforcé le contrôle social sur les citoyens, dont tous les déplacements sont désormais enregistrés informatiquement, dans ce pays déjà critiqué sur la scène internationale pour des violations des droits de l'homme. Et la quasi-fermeture du pays et les confinements à répétition ont mis un coup d'arrêt à la croissance économique, suscitant aussi la grogne populaire.
Dans son discours, Xi Jinping a également défendu sa campagne anti-corruption, qui selon lui a "remporté une victoire écrasante", en éliminant les "graves dangers latents au sein du parti, de l'État et de l'armée". Selon des chiffres officiels, au moins 1,5 million de personnes ont été sanctionnées depuis 2012 durant cette campagne destinée à faire tomber les "tigres" (hauts dirigeants) et les "mouches" (petits fonctionnaires) avides de pots-de-vins. L'offensive s'est accélérée à l'approche du congrès.
La place Tiananmen à Pékin avec la porte de la Paix céleste, l'entrée de l'ancienne demeure des empereurs de Chine. (AFP)
Le président chinois a également fustigé les "forces extérieures" se mêlant de Taïwan, île que le régime chinois considère comme faisant partie de son territoire. La Chine cherchera à réunifier Taïwan pacifiquement mais ne "renoncera jamais à l'usage de la force" si besoin, se réservant "la possibilité de prendre toutes les mesures nécessaires", a-t-il menacé. Tout en affirmant que la Chine est "résolument opposée à toute forme d'hégémonie" et "s'oppose à la mentalité de Guerre froide", M. Xi s'est abstenu de mentionner les tensions avec les Etats-Unis, ainsi que la guerre en Ukraine.
Il a également estimé que Hong Kong était passé "du chaos à la gouvernance" après la sévère reprise en main par Pékin du territoire, où d'immenses manifestations pro-démocratie avaient eu lieu en 2019. Dans son discours, consacré en majeure partie aux sujets de politique intérieure, M. Xi a assuré que son pays, un des plus gros pollueurs de la planète, allait "participer activement" à la lutte contre le réchauffement climatique.
Les Ouïghours sont les grands absents du congrès du Parti communiste. (AFP)
"Propre récit"
"Xi veut poursuivre son propre récit", note Alfred Wu Muluan, professeur associé en politiques publiques à l'Université nationale de Singapour, soulignant que le dirigeant "veut un quatrième et un cinquième mandats", donc bien au-delà de 2027. Et comme "il considère la sécurité nationale comme le priorité numéro un du pays, il n'y aura pas de compromis sur ce sujet, qu'il s'agisse de la mer de Chine méridionale, de Taïwan et de Hong Kong". "Sur le plan international, il va rester très dur", estime M. Wu.
Xi Jinping entre le Premier ministre Li Keqiang (à gauche) et l'ancien président Hu Jintao.
C'est un discours de "continuité", observe aussi Alfred L. Chan, biographe de Xi et professeur émérite de sciences politiques à l'université Huron au Canada. Mais "c'est une époque très agitée, avec la crise du Covid, le ralentissement économique, la situation internationale tendue, surtout avec les États-Unis". Un point crucial sera la composition du futur Comité permanent, ce groupe de sept ou neuf personnalités au plus haut sommet du pouvoir. Mais M. Xi ne devrait, selon les analystes, donner aucune indication quant à un possible successeur.
Les quelque 2.300 délégués du PCC, venus de toutes les provinces et pour certains vêtus de leurs tenues traditionnelles, vont d'ici samedi prochain désigner le nouveau Comité central, sorte de Parlement du parti avec quelque 200 membres, dont le bureau politique et ses 25 têtes est l'instance de décision. En réalité, ils ne feront que valider des décisions prises en amont par les différentes factions du Parti: c'est d'ailleurs ainsi que Xi Jinping était arrivé au pouvoir en 2012, choisi comme homme de compromis entre les factions avant d'imposer sa mainmise au fil des ans.
Avec AFP
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