©Une femme française qui s'est constituée prisonnière auprès des forces kurdes en février 2019. (AFP)
Changement de doctrine concernant les femmes et les enfants de djihadistes de l'État Islamique entre les mains des Kurdes en Syrie: la France a procédé jeudi à une nouvelle série de rapatriements, tranchant avec la politique du "cas par cas" appliquée jusqu'alors. Un sujet délicat dans un pays marqué par les attentats, en particulier ceux des années 2015 - 2017.
Quinze femmes et 40 enfants qui étaient détenus dans les camps de prisonniers jihadistes dans le nord-est de la Syrie contrôlés par les forces kurdes sont arrivés cette nuit à 03H30 locales (01H30 GMT) à Villacoublay, près de Paris. Selon une source sécuritaire, il s'agit de 14 mères, une femme jeune majeure sans enfant et 40 mineurs.
Le sujet est sensible en France, pays frappé à plusieurs reprises par des attentats djihadistes au cours de la décennie passée qui ont fait plus de 270 victimes. D'abord, les attaques menées par Mohammed Merah en 2012, à Montauban et Toulouse. En janvier 2015, les attaques coordonnées de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher créaient une commotion nationale. Puis vint l'attaque des commandos à Paris et en périphérie de la capitale le 13 novembre 2015: 130 tués. Le 14 juillet 2016, c'est au tour de Nice d'être frappée par un "loup solitaire" de l'État Islamique: 86 morts.
Avec la proclamation du "califat" daechien en juin 2014, le processus de radicalisation a connu un impact nouveau. Principalement en ligne, mais également à travers des réseaux radicalisés en France, des dizaines de femmes sont séduites par le modèle offert par le califat. Elle partent par dizaines à Raqqa en Syrie, ou à Mossoul en Irak. Hanane Charrihi, dont la mère fut une des victimes musulmanes de l'attentat de Nice, écrivait à l'intention de ces jeunes filles djihadistes dans son livre Ma mère patrie: "On te promet monts et merveilles, mais c'est l'enfer qui t'attend".
Des femmes accusées d'être des sympathisantes de l'État Islamique prisonnières au camp de réfugiés de al-Hol. (AFP)
En effet. L'État Islamique, vaincu territorialement par les troupes kurdes et arabes aidés par les frappes de la coalition à Baghouz en mars 2019, laisse derrière lui des colonnes de réfugiés et de femmes de djihadistes de toutes les nationalités. La plupart d'entre elles sont incarcérées avec leurs enfants nés sous le califat dans des camps de prisonniers kurdes, tels que Roj et al-Hol. Sous la pression des familles de ces femmes djihadistes détenues dans des conditions particulièrement dures dans des camps de prisonniers, la France a longtemps procédé à des rapatriements mesurés, décidés au cas par cas.
Mais le 14 septembre, la Cour européenne des droits de l'Homme, saisie par les parents de deux de ces femmes, a condamné la France pour ne pas avoir étudié de manière appropriée ces demandes. Après cela, le ministère des Affaires étrangères s'était dit prêt à "envisager" de nouveaux rapatriements "chaque fois que les conditions le permettraient". En juillet, les autorités en charge de la lutte anti-terroriste avait indiqué qu'il restait une centaine de femmes de djihadistes et près de 250 enfants dans les camps syriens.
L'État Islamique, vaincu territorialement par les troupes kurdes et arabes aidés par les frappes de la coalition à Baghouz en mars 2019, laisse derrière lui des colonnes de réfugiés et de femmes de djihadistes de toutes les nationalités. (AFP)
C'est la plus grosse opération de rapatriement de ce type depuis trois mois, quand 16 mères et 35 mineurs avaient été rapatriés le 5 juillet. Entre-temps, une femme et ses deux enfants avaient été ramenés début octobre. "Les mineurs ont été remis aux services chargés de l’aide à l’enfance et feront l’objet d’un suivi médico-social.
"Les adultes ont été remises aux autorités judiciaires compétentes", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. "La France remercie les autorités locales du nord-est de la Syrie (les autorités kurdes, ndlr) pour leur coopération, qui a rendu possible cette opération", ajoute le Quai d'Orsay.
Les enfants sont pour nombre d'entre eux nés sur place. Environ 300 mineurs français ayant séjourné dans des zones d'opération de groupes terroristes sont rentrés en France, dont 77 par rapatriement, a indiqué début octobre le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti. Viendra maintenant le temps des procès et de la justice, afin de clore le chapitre de la radicalisation djihadiste française.
Maxime Pluvinet avec AFP
Quinze femmes et 40 enfants qui étaient détenus dans les camps de prisonniers jihadistes dans le nord-est de la Syrie contrôlés par les forces kurdes sont arrivés cette nuit à 03H30 locales (01H30 GMT) à Villacoublay, près de Paris. Selon une source sécuritaire, il s'agit de 14 mères, une femme jeune majeure sans enfant et 40 mineurs.
"L'enfer qui t'attend"
Le sujet est sensible en France, pays frappé à plusieurs reprises par des attentats djihadistes au cours de la décennie passée qui ont fait plus de 270 victimes. D'abord, les attaques menées par Mohammed Merah en 2012, à Montauban et Toulouse. En janvier 2015, les attaques coordonnées de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher créaient une commotion nationale. Puis vint l'attaque des commandos à Paris et en périphérie de la capitale le 13 novembre 2015: 130 tués. Le 14 juillet 2016, c'est au tour de Nice d'être frappée par un "loup solitaire" de l'État Islamique: 86 morts.
Avec la proclamation du "califat" daechien en juin 2014, le processus de radicalisation a connu un impact nouveau. Principalement en ligne, mais également à travers des réseaux radicalisés en France, des dizaines de femmes sont séduites par le modèle offert par le califat. Elle partent par dizaines à Raqqa en Syrie, ou à Mossoul en Irak. Hanane Charrihi, dont la mère fut une des victimes musulmanes de l'attentat de Nice, écrivait à l'intention de ces jeunes filles djihadistes dans son livre Ma mère patrie: "On te promet monts et merveilles, mais c'est l'enfer qui t'attend".
Des femmes accusées d'être des sympathisantes de l'État Islamique prisonnières au camp de réfugiés de al-Hol. (AFP)
Cas par cas
En effet. L'État Islamique, vaincu territorialement par les troupes kurdes et arabes aidés par les frappes de la coalition à Baghouz en mars 2019, laisse derrière lui des colonnes de réfugiés et de femmes de djihadistes de toutes les nationalités. La plupart d'entre elles sont incarcérées avec leurs enfants nés sous le califat dans des camps de prisonniers kurdes, tels que Roj et al-Hol. Sous la pression des familles de ces femmes djihadistes détenues dans des conditions particulièrement dures dans des camps de prisonniers, la France a longtemps procédé à des rapatriements mesurés, décidés au cas par cas.
Mais le 14 septembre, la Cour européenne des droits de l'Homme, saisie par les parents de deux de ces femmes, a condamné la France pour ne pas avoir étudié de manière appropriée ces demandes. Après cela, le ministère des Affaires étrangères s'était dit prêt à "envisager" de nouveaux rapatriements "chaque fois que les conditions le permettraient". En juillet, les autorités en charge de la lutte anti-terroriste avait indiqué qu'il restait une centaine de femmes de djihadistes et près de 250 enfants dans les camps syriens.
L'État Islamique, vaincu territorialement par les troupes kurdes et arabes aidés par les frappes de la coalition à Baghouz en mars 2019, laisse derrière lui des colonnes de réfugiés et de femmes de djihadistes de toutes les nationalités. (AFP)
Changement de doctrine
C'est la plus grosse opération de rapatriement de ce type depuis trois mois, quand 16 mères et 35 mineurs avaient été rapatriés le 5 juillet. Entre-temps, une femme et ses deux enfants avaient été ramenés début octobre. "Les mineurs ont été remis aux services chargés de l’aide à l’enfance et feront l’objet d’un suivi médico-social.
"Les adultes ont été remises aux autorités judiciaires compétentes", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. "La France remercie les autorités locales du nord-est de la Syrie (les autorités kurdes, ndlr) pour leur coopération, qui a rendu possible cette opération", ajoute le Quai d'Orsay.
Les enfants sont pour nombre d'entre eux nés sur place. Environ 300 mineurs français ayant séjourné dans des zones d'opération de groupes terroristes sont rentrés en France, dont 77 par rapatriement, a indiqué début octobre le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti. Viendra maintenant le temps des procès et de la justice, afin de clore le chapitre de la radicalisation djihadiste française.
Maxime Pluvinet avec AFP
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