Avec son système de financement unique au monde, mais jugé « obsolète », le cinéma français est devenu « un monstre qui s’autodétruit », soumis à la « bureaucratie » au lieu de récompenser « l’audace », s’inquiète le producteur indépendant Paulo Branco.
Alors qu’une partie du milieu cinématographique français a appelé début octobre à des « États généraux » pour discuter de la façon dont les pouvoirs publics soutiennent le secteur, le Portugais de 72 ans, qui a fait émerger de nombreux jeunes cinéastes, se montre lui aussi très déçu. « Ce qui, d’une certaine façon, me révolte, c’est que la France, qui devrait être le pays où l’audace devrait être récompensée, est en fait celui où elle est le moins permise », dit-il, assis au bureau de sa maison de production, Leopardo Filmes, en plein cœur du vieux Lisbonne.
« Le modèle français a atteint sa limite », souligne cet homme aux cheveux ébouriffés, front dégarni et épaisse moustache, qui en veut pour preuve « la quantité de films et le manque de qualité de 99,9 % d’entre eux ». Paulo Branco, qui est aussi le père de l’avocat franco-espagnol Juan Branco, a produit près de 300 films au cours d’une carrière menée entre la France et le Portugal et qui restera indissociable de metteurs en scène comme Raul Ruiz ou Manoel de Oliveira.
D’après celui que le patron du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, a un jour décrit comme « le roi des producteurs indépendants, le flibustier number one du métier », le cinéma français dépérit « sous l’emprise de la bureaucratie » et « la dictature du scénario ».
Au-delà des questions relatives au cinéma français, Paulo Branco ne se montre pas particulièrement préoccupé par la baisse de la fréquentation des salles, dont la mort est annoncée « depuis une quarantaine d’années ». « Il faut des réalisateurs et, pour en avoir, il faut des festivals et que les films sortent en salles pour que les critiques en parlent, en bien ou en mal », dit-il.
« Je pense qu’il y a encore la place pour voir émerger quelques nouveaux grands cinéastes, les nouveaux Godard et les nouveaux Orson Welles, même si tout est fait pour l’empêcher. » Paulo Branco relève notamment que « le rôle du producteur a pratiquement disparu » pour devenir un simple « exécutant » des projets choisis par les chaînes de télévision et les plateformes de streaming.
Selon lui, le cinéma reste « une industrie de prototypes » qui ne devrait pas accorder autant d’importance au succès commercial. « Les premiers films de Coppola n’étaient vus par personne, et c’est pareil pour tous les grands réalisateurs », fait-il valoir.
Toujours aussi motivé par l’envie de partager ses coups de cœur « minoritaires », Paulo Branco organise depuis 2007 un festival rassemblant vedettes internationales et artistes ou intellectuels moins connus. L’édition de cette année du LEFFEST, qui se tiendra à Lisbonne et Sintra du 10 au 20 novembre, verra défiler les acteurs John Malkovich, Michael Fassbender et Alicia Vikander, aux côtés des réalisateurs David Cronenberg, Abel Ferrara et Olivier Assayas, ou encore la philosophe et activiste américaine Angela Davis.
AFP
Alors qu’une partie du milieu cinématographique français a appelé début octobre à des « États généraux » pour discuter de la façon dont les pouvoirs publics soutiennent le secteur, le Portugais de 72 ans, qui a fait émerger de nombreux jeunes cinéastes, se montre lui aussi très déçu. « Ce qui, d’une certaine façon, me révolte, c’est que la France, qui devrait être le pays où l’audace devrait être récompensée, est en fait celui où elle est le moins permise », dit-il, assis au bureau de sa maison de production, Leopardo Filmes, en plein cœur du vieux Lisbonne.
« Le modèle français a atteint sa limite », souligne cet homme aux cheveux ébouriffés, front dégarni et épaisse moustache, qui en veut pour preuve « la quantité de films et le manque de qualité de 99,9 % d’entre eux ». Paulo Branco, qui est aussi le père de l’avocat franco-espagnol Juan Branco, a produit près de 300 films au cours d’une carrière menée entre la France et le Portugal et qui restera indissociable de metteurs en scène comme Raul Ruiz ou Manoel de Oliveira.
D’après celui que le patron du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, a un jour décrit comme « le roi des producteurs indépendants, le flibustier number one du métier », le cinéma français dépérit « sous l’emprise de la bureaucratie » et « la dictature du scénario ».
Au-delà des questions relatives au cinéma français, Paulo Branco ne se montre pas particulièrement préoccupé par la baisse de la fréquentation des salles, dont la mort est annoncée « depuis une quarantaine d’années ». « Il faut des réalisateurs et, pour en avoir, il faut des festivals et que les films sortent en salles pour que les critiques en parlent, en bien ou en mal », dit-il.
« Je pense qu’il y a encore la place pour voir émerger quelques nouveaux grands cinéastes, les nouveaux Godard et les nouveaux Orson Welles, même si tout est fait pour l’empêcher. » Paulo Branco relève notamment que « le rôle du producteur a pratiquement disparu » pour devenir un simple « exécutant » des projets choisis par les chaînes de télévision et les plateformes de streaming.
Selon lui, le cinéma reste « une industrie de prototypes » qui ne devrait pas accorder autant d’importance au succès commercial. « Les premiers films de Coppola n’étaient vus par personne, et c’est pareil pour tous les grands réalisateurs », fait-il valoir.
Toujours aussi motivé par l’envie de partager ses coups de cœur « minoritaires », Paulo Branco organise depuis 2007 un festival rassemblant vedettes internationales et artistes ou intellectuels moins connus. L’édition de cette année du LEFFEST, qui se tiendra à Lisbonne et Sintra du 10 au 20 novembre, verra défiler les acteurs John Malkovich, Michael Fassbender et Alicia Vikander, aux côtés des réalisateurs David Cronenberg, Abel Ferrara et Olivier Assayas, ou encore la philosophe et activiste américaine Angela Davis.
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