Diaspora libanaise: lutte contre la pollution au Liban
Depuis la crise des ordures en 2015, les innombrables manifestations pour une bonne gestion des déchets et des solutions durables sont demeurées sans réponse. Était-ce la vidéo d’un long « fleuve » de milliers de sacs-poubelle déversés dans la banlieue nord de Beyrouth, sous une pluie torrentielle, qui a secoué les consciences? Sans doute. Car des associations écologiques ont émergé pour pallier la défaillance d’un État sourd aux revendications du peuple libanais. L’une d’entre elles, Stop Plastique, a vu le jour en 2019 à l’initiative d’Eliane Eddé, figure de la diaspora libanaise installée sur l’autre rive de la Méditerranée, à Mougins. Entretien.

Du fond de sa cabane dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson écrivait, il y a une dizaine d’années: «Un jour, on est las de parler de décroissance et d’amour de la nature. L’envie nous prend d’aligner nos actes et nos idées.» Et cela, hélas, arrive le plus souvent quand le désastre se produit et qu’il ne reste plus qu’à colmater les brèches.

Ce n’est pas un hasard si Eliane Eddé, architecte d’intérieur, parle d’écologie, car l’étymologie du mot issu du grec oikos signifie maison et logos signifie science. Ce mot inventé par le biologiste Ernst Haeckel renvoie à l’étude de l’habitat, et par extension, désigne un mouvement de pensée dont l’objectif est la mise en place d’un nouveau modèle de développement. Sauvegarder les écosystèmes, préserver l’environnement, lutter contre la pollution, tels sont les objectifs qu’Eliane Eddé s’est fixés en créant son association:

«En mars 2019, j’ai fondé Stop Plastique, une association à but non lucratif, en Île-de-France, dont l’objectif est de sensibiliser les citoyens à l’écologie, de modifier leur mode de vie en proposant des alternatives pour supprimer le plastique. De nombreux emballages et sacs plastiques polluent les mers, les océans et les plages. Grâce aux réseaux sociaux, j’ai pu diffuser mon programme et j’ai commencé à agir en France et au Liban.»

Eliane Eddé énumère les actions menées au Liban avec Raja Abdallah, représentant de Stop plastique au Liban: «Nous avons entrepris de nettoyer les forêts et de sensibiliser les gens à travers des conférences que j’ai données. Une campagne de nettoyage a été organisée à Kfarmishki suivie d’un apprentissage sur la réduction du plastique et le recyclage. Nous avons également signé un protocole d’accord avec 17 communes de Jabal el-Sheikh qui consiste à remplacer les sacs en plastique par des sacs en papier. Les commerçants se sont engagés à se fournir en sacs en papier dans certaines usines avec lesquelles nous avons fait un accord.»


La jeune association a de grands défis à surmonter en raison de la démission de l’État libanais face à la pollution de la Méditerranée désormais transformée en dépotoir et où la concentration de microplastiques, comparée à d’autres pays du bassin méditerranéen, se révèle alarmante. Elle travaille main dans la main avec d’autres associations dont le souci est de diffuser une culture écologique: «De passage au Liban, j’ai donné une conférence au centre culturel de Tripoli le 20 octobre 2022 sous le titre “zéro plastique” à l’invitation de l’ONG Arab Union for Specialized Women. Nous participons aux actions de l’ONG HEAD qui souvent organise des nettoyages de forêts et de plages.»

Conférence à Tripoli

Prévenir et mobiliser, tels sont les maîtres-mots qui tiennent lieu de devise, car depuis quelques mois, un protocole d’accord a été signé entre le père Michel Jalkh, recteur de l’université Antonine, et la présidente de Stop Plastique, Eliane Eddé: « Nous œuvrons dans les trois universités Antonine pour réaliser un projet qui va au-delà du ramassage des bouteilles en plastique. Nous avons pour partenaire une start-up, Plastc Lab, qui initie les étudiants au recyclage du plastique afin de créer des objets utiles comme un banc, une poubelle ou des objets artistiques.» L’inauguration du projet a eu lieu le 22 octobre à l’université Antonine de Baabda où les étudiants volontaires se sont engagés à respecter la nature par une signature sur le drapeau libanais, à suivre des formations dans les usines de recyclage tout en participant aux actions sur le terrain. « Il y aura une série de conférences afin d’éveiller les étudiants sur le danger du plastique dans les fonds maritimes et son impact sur la santé, et de leur proposer des alternatives. Nous les accompagnerons dans leurs projets écologiques.»

Signature à l'Université Antonine -Baabda

Des projets sur la Côte d’Azur? «Il est vrai qu’en France, l’État préserve l’environnement en appliquant les lois, mais on peut faire mieux quand on sait que la Méditerranée est très polluée. Nous organisons le 27 novembre une campagne de nettoyage de l’une des plages d’Antibes. Nous avons aussi un projet en cours qui consiste à planter des chênes de France dans certaines régions au Liban.»
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