Royaume-Uni : la croissance dérape, le Chancelier rentre d'urgence de Californie

Face à l'impact de plus en plus visible du variant Omicron sur la croissance britannique, qui a fortement ralenti en octobre d'après un indicateur avancé, le Chancelier de l'Échiquier Rishi Sunak a interrompu un voyage aux États-Unis.


Le Chancelier, équivalent du ministre des Finances au Royaume-Uni, était de plus en plus critiqué pour son absence du Royaume-Uni et son silence alors que les appels se multiplient à renouer avec les aides gouvernementales pour les secteurs qui souffrent le plus des nouvelles mesures sanitaires.L'indice PMI Flash composite publié jeudi par le cabinet IHS Markit est tombé à 53,2, au plus bas depuis dix mois en décembre, contre 57,6 en novembre, et témoignant du brusque coup de frein sur la croissance porté par le variant Omicron.C'est le "pire mois pour l'économie britannique depuis février alors que la croissance de la production du secteur privé a ralenti considérablement en réponse aux restrictions liées à la pandémie et à un regain d'incertitude pour les entreprises", commente IHS Markit.

L'indicateur est pour les économistes de Pantheon Macro "le signe le plus clair pour l'instant que le variant Omicron a fait dérailler la reprise" post-confinements engagée au printemps.

Le variant Omicron se diffuse très rapidement au Royaume-Uni, qui a enregistré mercredi un record de contaminations depuis le début de la pandémie. Le pays est l'un des plus endeuillés au monde par le virus avec quelque 146.000 morts liés au covid-19.

"Avec les infections au covid-19 qui devraient encore grimper dans les semaines à venir à cause du variant Omicron, et plus de restrictions qui devraient être introduites, le rythme de la croissance économique semble voué à continuer à ralentir à l'orée de 2022", remarque Chris Williamson, chef économiste d'IHS Markit.

Le ralentissement s'est concentré sur le secteur des services, qui a éclipsé une accélération modeste dans la production manufacturière, précise IHS Markit.

Les conseillers scientifiques du gouvernement britannique incitent à ralentir au maximum les contacts face à la progression du virus, et la restauration comme les bars souffrent notamment d'annulations en série de réservations pendant cette période qui est d'ordinaire le sommet d'activité de toute l'année.

Les compagnies aériennes ont aussi dit que leurs réservations à court terme avaient ralenti.

"Les attentes de croissance du secteur privé pour les douze mois à venir sont maintenant au plus bas depuis octobre 2020, et considérablement plus faibles que ce que nous avions vu durant les phases plus précoces de la campagne de vaccination", précise le cabinet.


Downing Street est lancé dans une course contre la montre pour donner une troisième dose à toute la population adulte britannique.

"Nous comprenons que c'est une période inquiétante pour les entreprises. Mon équipe élargie et moi avons eu une réunion avec des représentants des affaires plus tôt aujourd'hui pour entendre leurs craintes et allons continuer à travailler avec les dirigeants sectoriels dans les jours à venir", a assuré M. Sunak sur Twitter.

Les secteurs les plus touchés appellent notamment à relancer les aides au maintien de l'emploi qui avaient porté le marché du travail à bout de bras pendant le gros de la pandémie avant d'être suspendues fin septembre.

L'IHS, qui note "des signes que la crise de la chaîne d'approvisionnement commence à se stabiliser", souligne cependant que le secteur manufacturier souffre encore de pénuries de matériaux et de travailleurs ce mois-ci.

Le cabinet observe "des signes encourageants sur les tendances inflationnistes car les dernières hausses de coûts ont été en moyenne beaucoup plus modérées qu'en novembre".

Les dirigeants d'entreprises interrogés rapportent toutefois que les salaires montent et restent, avec les coûts des transports et des matériaux, la principale source d'inflation des coûts, d'autant que le rythme élevé des embauches continue.

"La plus forte incertitude sera comment la hausse des infections (...) pourrait causer davantage de perturbations de la chaîne d'approvisionnement et davantage de pénuries de travailleurs, et si cela veut dire que l'apaisement des pressions inflationnistes en décembre seront éphémères", conclut M. Williamson.

 

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