Emmanuel Macron et son épouse ont été reçus en grande pompe à la Maison-Blanche afin de couronner un processus de rapprochement des deux pays qui avaient multiplié les différends diplomatiques ces derniers temps. À l'agenda de cette rencontre : le commerce bilatéral, alors que les États-Unis ont lancé une politique agressive de promotion du "made in America", et l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Coups de canon et hymnes nationaux à son arrivée, réunion au coin du feu dans le Bureau ovale, conférence de presse commune et dîner de gala: Emmanuel Macron a droit à tout l'apparat associé à une visite d'État. (AFP)
Emmanuel Macron est arrivé à la Maison Blanche, reçu en grande pompe par le président américain Joe Biden et son épouse Jill pour une visite d'État qui doit aborder la question difficile des projets de relance industrielle américains, jugés "agressifs" par Paris.
Accompagné de sa femme Brigitte, le président français a été accueilli à la Maison-Blanche peu après 09H20 locales par son homologue américain sur le perron du bâtiment de l'exécutif américain.
Coups de canon et hymnes nationaux à son arrivée, réunion au coin du feu dans le Bureau ovale, conférence de presse commune et dîner de gala: Emmanuel Macron a droit à tout l'apparat associé à une visite d'État.
Il est le premier à qui le président américain réserve un tel traitement depuis son investiture en janvier 2021.
Le président américain a salué, en français, les valeurs de "liberté, égalité et fraternité". "Les États-Unis ne pourraient pas demander de meilleur partenaire avec qui travailler que la France", a affirmé le président américain lors d'une brève déclaration aux côtés du président français, en soulignant que l'alliance avec la France demeurait "essentielle" à la stabilité dans le monde.
Le locataire démocrate de la Maison-Blanche se fait fort, après les convulsions de la présidence de Donald Trump, de resserrer les liens avec les partenaires traditionnels des États-Unis, dont leur "plus vieil allié", la formule consacrée à Washington pour désigner la France.
Emmanuel et Brigitte Macron sont allés dîner avec Joe et Jill Biden dans un restaurant italien de Washington pour un moment à la fois privé et "politique" (AFP)
Cela n'avait pourtant pas très bien commencé avec son homologue français. En septembre 2021, les États-Unis avaient annoncé une spectaculaire nouvelle alliance militaire avec le Royaume-Uni et l'Australie, AUKUS, soufflant à la France un énorme contrat de sous-marins avec Canberra.
Joe Biden, sans revenir le moins du monde sur le fond de la décision, avait reconnu une "maladresse". Il a depuis tout fait pour apaiser Emmanuel Macron, un processus qui, selon les analystes, culmine dans cet accueil solennel à Washington.
Ce qui ne veut pas dire que tout est rose: le président français a déploré mercredi sur un ton particulièrement offensif les décisions économiques "super agressives" pour les entreprises européennes de son homologue américain.
Les États-Unis et l'Union européenne "ne sont pas sur un pied d'égalité" à cause des subventions américaines prévues dans le grand plan climat du président démocrate, qui favorisent les produits "made in USA", a-t-il de nouveau regretté jeudi, interviewé par ABC.
Joe Biden veut redynamiser son industrie et rassurer une classe moyenne ébranlée par la mondialisation, tout en tenant tête à Pékin. Cela passe par une défense décomplexée des intérêts américains, sur le plan militaire - ce qu'a illustré AUKUS - comme industriel.
Emmanuel Macron a jugé mercredi que le "risque c'est que face aux défis de l'époque, les États-Unis regardent d'abord les États-Unis, c'est normal (...) et regardent ensuite la rivalité avec la Chine, et, en quelque sorte, que l'Europe et la France deviennent une sorte de variable d'ajustement".
Le président américain a en particulier fait voter un gigantesque programme d'investissements, le "Inflation Reduction Act", qui prévoit de subventionner les voitures électriques... tant qu'elles sont "Made in USA."
Au-delà de ces discussions, les deux dirigeants voudront certainement afficher leur entente sur la réponse à apporter à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. (AFP)
"Vous allez peut-être régler votre problème mais vous allez aggraver le mien", a dit Emmanuel Macron à des parlementaires américains, en insistant sur la nécessité pour la France aussi de soutenir la classe moyenne et l'emploi.
Ces choix "vont fragmenter l'Occident", a-t-il ensuite martelé devant la communauté française. Ils "ne peuvent fonctionner que s'il y a une coordination entre nous, si on se décide ensemble, si on se resynchronise".
Après cette charge, Emmanuel et Brigitte Macron sont allés dîner avec Joe et Jill Biden dans un restaurant italien de Washington pour un moment à la fois privé et "politique", selon un conseiller de l'Élysée.
Il a assuré que le président français tiendrait ce même "propos central" à son hôte, lui-même très attaché au sort de la "middle class".
Au-delà de ces discussions, les deux dirigeants voudront certainement afficher leur entente sur la réponse à apporter à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Le président Emmanuel Macron a estimé que la France et les États-Unis devaient "redevenir frères d'armes", face à la guerre en Ukraine et aux "crises multiples". Les deux pays "sont les alliés les plus solides car cette amitié est enracinée à travers les siècles", a affirmé le dirigeant français.
Et il serait intéressant de les entendre sur la Chine: Washington voudrait que les Européens partagent davantage sa préoccupation face à la montée en puissance tous azimuts de Pékin, mais la France tient à tracer son propre chemin diplomatique.
Ces graves questions seront laissées momentanément de côté pendant un dîner de gala jeudi soir.
Sur des tables chargées de chandeliers et de fleurs aux couleurs des deux pays seront servis du homard, du bœuf et un gâteau à l'orange.
Mais aussi - et la First Lady Jill Biden a particulièrement insisté sur ce point - des fromages américains. Dont un bleu de l'Oregon qui a été la première production américaine à remporter, en 2019, les Championnats du monde du fromage.
Les toasts seront portés avec un vin pétillant américain. Mais dans des verres fabriqués en France.
Avec AFP
Coups de canon et hymnes nationaux à son arrivée, réunion au coin du feu dans le Bureau ovale, conférence de presse commune et dîner de gala: Emmanuel Macron a droit à tout l'apparat associé à une visite d'État. (AFP)
Emmanuel Macron est arrivé à la Maison Blanche, reçu en grande pompe par le président américain Joe Biden et son épouse Jill pour une visite d'État qui doit aborder la question difficile des projets de relance industrielle américains, jugés "agressifs" par Paris.
Accompagné de sa femme Brigitte, le président français a été accueilli à la Maison-Blanche peu après 09H20 locales par son homologue américain sur le perron du bâtiment de l'exécutif américain.
Coups de canon et hymnes nationaux à son arrivée, réunion au coin du feu dans le Bureau ovale, conférence de presse commune et dîner de gala: Emmanuel Macron a droit à tout l'apparat associé à une visite d'État.
Il est le premier à qui le président américain réserve un tel traitement depuis son investiture en janvier 2021.
Le président américain a salué, en français, les valeurs de "liberté, égalité et fraternité". "Les États-Unis ne pourraient pas demander de meilleur partenaire avec qui travailler que la France", a affirmé le président américain lors d'une brève déclaration aux côtés du président français, en soulignant que l'alliance avec la France demeurait "essentielle" à la stabilité dans le monde.
Le locataire démocrate de la Maison-Blanche se fait fort, après les convulsions de la présidence de Donald Trump, de resserrer les liens avec les partenaires traditionnels des États-Unis, dont leur "plus vieil allié", la formule consacrée à Washington pour désigner la France.
"Tout n'est pas rose"
Emmanuel et Brigitte Macron sont allés dîner avec Joe et Jill Biden dans un restaurant italien de Washington pour un moment à la fois privé et "politique" (AFP)
Cela n'avait pourtant pas très bien commencé avec son homologue français. En septembre 2021, les États-Unis avaient annoncé une spectaculaire nouvelle alliance militaire avec le Royaume-Uni et l'Australie, AUKUS, soufflant à la France un énorme contrat de sous-marins avec Canberra.
Joe Biden, sans revenir le moins du monde sur le fond de la décision, avait reconnu une "maladresse". Il a depuis tout fait pour apaiser Emmanuel Macron, un processus qui, selon les analystes, culmine dans cet accueil solennel à Washington.
Ce qui ne veut pas dire que tout est rose: le président français a déploré mercredi sur un ton particulièrement offensif les décisions économiques "super agressives" pour les entreprises européennes de son homologue américain.
Les États-Unis et l'Union européenne "ne sont pas sur un pied d'égalité" à cause des subventions américaines prévues dans le grand plan climat du président démocrate, qui favorisent les produits "made in USA", a-t-il de nouveau regretté jeudi, interviewé par ABC.
Joe Biden veut redynamiser son industrie et rassurer une classe moyenne ébranlée par la mondialisation, tout en tenant tête à Pékin. Cela passe par une défense décomplexée des intérêts américains, sur le plan militaire - ce qu'a illustré AUKUS - comme industriel.
Emmanuel Macron a jugé mercredi que le "risque c'est que face aux défis de l'époque, les États-Unis regardent d'abord les États-Unis, c'est normal (...) et regardent ensuite la rivalité avec la Chine, et, en quelque sorte, que l'Europe et la France deviennent une sorte de variable d'ajustement".
Le président américain a en particulier fait voter un gigantesque programme d'investissements, le "Inflation Reduction Act", qui prévoit de subventionner les voitures électriques... tant qu'elles sont "Made in USA."
Un risque de "fragmentation" de l'Occident
Au-delà de ces discussions, les deux dirigeants voudront certainement afficher leur entente sur la réponse à apporter à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. (AFP)
"Vous allez peut-être régler votre problème mais vous allez aggraver le mien", a dit Emmanuel Macron à des parlementaires américains, en insistant sur la nécessité pour la France aussi de soutenir la classe moyenne et l'emploi.
Ces choix "vont fragmenter l'Occident", a-t-il ensuite martelé devant la communauté française. Ils "ne peuvent fonctionner que s'il y a une coordination entre nous, si on se décide ensemble, si on se resynchronise".
Après cette charge, Emmanuel et Brigitte Macron sont allés dîner avec Joe et Jill Biden dans un restaurant italien de Washington pour un moment à la fois privé et "politique", selon un conseiller de l'Élysée.
Il a assuré que le président français tiendrait ce même "propos central" à son hôte, lui-même très attaché au sort de la "middle class".
Au-delà de ces discussions, les deux dirigeants voudront certainement afficher leur entente sur la réponse à apporter à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Le président Emmanuel Macron a estimé que la France et les États-Unis devaient "redevenir frères d'armes", face à la guerre en Ukraine et aux "crises multiples". Les deux pays "sont les alliés les plus solides car cette amitié est enracinée à travers les siècles", a affirmé le dirigeant français.
Et il serait intéressant de les entendre sur la Chine: Washington voudrait que les Européens partagent davantage sa préoccupation face à la montée en puissance tous azimuts de Pékin, mais la France tient à tracer son propre chemin diplomatique.
Ces graves questions seront laissées momentanément de côté pendant un dîner de gala jeudi soir.
Sur des tables chargées de chandeliers et de fleurs aux couleurs des deux pays seront servis du homard, du bœuf et un gâteau à l'orange.
Mais aussi - et la First Lady Jill Biden a particulièrement insisté sur ce point - des fromages américains. Dont un bleu de l'Oregon qui a été la première production américaine à remporter, en 2019, les Championnats du monde du fromage.
Les toasts seront portés avec un vin pétillant américain. Mais dans des verres fabriqués en France.
Avec AFP
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