À quelques mois des élections présidentielles, le gouvernement a renforcé l'arsenal répressif visant les journalistes et les activistes sur les réseaux sociaux : la loi sur la désinformation punit, en effet, la diffusion de "fausses nouvelles" jusqu'à trois ans de prison, et permet aux autorités de suspendre l'accès aux réseaux et à Internet. Une loi qui sera probablement utilisée par l'AKP contre l'opposition, alors que la cote de popularité du président Erdogan est au plus bas.
La cote du chef de l'État est au plus bas à cause de la crise économique et d'une inflation dépassant les 80% (AFP)
"Une arme de plus contre nous": à quelques mois d'élections cruciales en Turquie, le gouvernement a renforcé son arsenal répressif déjà bien garni contre la presse et l'opposition, s'inquiètent journalistes et activistes.
"La loi sur la désinformation, c'est une arme de plus contre nous dans l'arsenal du gouvernement", déplore Gokhan Bicici, rédacteur en chef du site d'information indépendant dokuz8NEWS, à Istanbul.
"Ils avaient déjà des armoires pleines de fusils et des dizaines d'outils et d'armes à leur disposition" pour réduire au silence les médias, indique-t-il à l'AFP depuis son bureau sur la rive asiatique de la ville.
Il cite notamment "l'insulte au président", accusation qui a permis ces dernières années de poursuivre des dizaines de milliers de voix critiques - étudiants, sportifs et même une ancienne Miss Turquie.
En octobre, le Parlement turc a adopté une nouvelle loi qui punit la diffusion de "fausse nouvelle" jusqu'à trois ans de prison, sans définir ce qui peut constituer une fausse information...
Le parti AKP (islamo-conservateur) et ses alliés nationalistes du MHP, majoritaires au Parlement, ont voté des amendements jugés "dangereux" et même "dystopiques" par les défenseurs des droits civils.
La nouvelle loi donne un pouvoir discrétionnaire aux autorités pour réprimer l'opposition. (AFP)
Pour le spécialiste du droit numérique Yaman Akdeniz, cette loi accorde "un large pouvoir discrétionnaire aux autorités" avec un risque patent d'arbitraire en période pré-électorale.
"Il n'est donc pas surprenant que la première personne poursuivie à ce titre soit le chef du principal parti d'opposition", relève-t-il.
Probable candidat à la présidentielle de juin 2023 face au chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan, Kemal Kilicdaroglu, patron du CHP, est poursuivi pour avoir accusé sur Twitter le gouvernement d'être responsable de "l'épidémie de méthamphétamine" qui frappe la Turquie.
M. Erdogan a ardemment défendu la loi, dénonçant les réseaux sociaux "sans limite, ni moralité, ni éthique qui attisent la polarisation et le feu de la haine".
Il s'était pourtant lui-même appuyé sur Twitter pour mobiliser ses partisans lors de la tentative de coup d'État de juillet 2016.
Avec la loi sur la désinformation, "le gouvernement pourra exercer un contrôle considérable sur les médias sociaux", redoute Emma Sinclair-Webb, représentante de Human Rights Watch.
"La loi (les) place dans une position très difficile: soit ils se conforment et suppriment des contenus; soit ils divulguent les données de leurs utilisateurs sous peine d'énormes amendes", détaille-t-elle.
Entré en vigueur alors que la cote du chef de l'État était au plus bas à cause de la crise économique et d'une inflation dépassant les 80%, le texte permet aux autorités de suspendre internet ou de restreindre l'accès aux réseaux sociaux, comme après l'attentat du 13 novembre à Istanbul (six morts, 81 blessés).
Reporters Sans Frontières classe la Turquie au 149e rang - sur 180 pays - de son index sur la liberté de la presse. (AFP)
Dans le viseur également, les journalistes et médias kurdes: Fatma Demirelli, directrice de l'ONG de soutien à la liberté d'expression P24, cite "de nouvelles arrestations visant un grand nombre de journalistes depuis cet été".
"Nous craignons que cette nouvelle loi (...) n'aggrave encore la situation", assure-t-elle à l'AFP.
Fin octobre, neuf journalistes ont été interpellés à Istanbul et d'autres villes du pays, dont Diyarbakir, dans le sud-est à majorité kurde, accusés de liens avec des mouvements qualifiés de "terroristes", comme le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) auquel les autorités ont attribué l'attentat d'Istanbul.
Ce qui a porté à 76 le nombre de journalistes derrière les barreaux en Turquie, selon le décompte de la plateforme de surveillance de la liberté de la presse, Expression Interrupted.
Reporters Sans Frontières classe pour sa part la Turquie au 149e rang - sur 180 pays - de son index sur la liberté de la presse.
Fatos Erdogan, journaliste de dokuz8NEWS, affirme que les reportages sont de plus en plus difficiles.
"Nous avons déjà été victimes de violences mais j'ai le sentiment qu'il y aura davantage de pression", croit-elle, se disant "inquiète pour notre sécurité".
"Poursuites et menaces font partie de notre quotidien", confirme son rédacteur en chef, Gokhan Bicici.
"Désormais, se montrer prudents et éviter autant que possible d'être une cible est la principale préoccupation des journalistes en Turquie, même pour les plus libres d'entre eux", ajoute-t-il.
Avec AFP
La cote du chef de l'État est au plus bas à cause de la crise économique et d'une inflation dépassant les 80% (AFP)
"Une arme de plus contre nous": à quelques mois d'élections cruciales en Turquie, le gouvernement a renforcé son arsenal répressif déjà bien garni contre la presse et l'opposition, s'inquiètent journalistes et activistes.
"La loi sur la désinformation, c'est une arme de plus contre nous dans l'arsenal du gouvernement", déplore Gokhan Bicici, rédacteur en chef du site d'information indépendant dokuz8NEWS, à Istanbul.
"Ils avaient déjà des armoires pleines de fusils et des dizaines d'outils et d'armes à leur disposition" pour réduire au silence les médias, indique-t-il à l'AFP depuis son bureau sur la rive asiatique de la ville.
Il cite notamment "l'insulte au président", accusation qui a permis ces dernières années de poursuivre des dizaines de milliers de voix critiques - étudiants, sportifs et même une ancienne Miss Turquie.
En octobre, le Parlement turc a adopté une nouvelle loi qui punit la diffusion de "fausse nouvelle" jusqu'à trois ans de prison, sans définir ce qui peut constituer une fausse information...
Le parti AKP (islamo-conservateur) et ses alliés nationalistes du MHP, majoritaires au Parlement, ont voté des amendements jugés "dangereux" et même "dystopiques" par les défenseurs des droits civils.
Contrôle sur la presse et les réseaux sociaux
La nouvelle loi donne un pouvoir discrétionnaire aux autorités pour réprimer l'opposition. (AFP)
Pour le spécialiste du droit numérique Yaman Akdeniz, cette loi accorde "un large pouvoir discrétionnaire aux autorités" avec un risque patent d'arbitraire en période pré-électorale.
"Il n'est donc pas surprenant que la première personne poursuivie à ce titre soit le chef du principal parti d'opposition", relève-t-il.
Probable candidat à la présidentielle de juin 2023 face au chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan, Kemal Kilicdaroglu, patron du CHP, est poursuivi pour avoir accusé sur Twitter le gouvernement d'être responsable de "l'épidémie de méthamphétamine" qui frappe la Turquie.
M. Erdogan a ardemment défendu la loi, dénonçant les réseaux sociaux "sans limite, ni moralité, ni éthique qui attisent la polarisation et le feu de la haine".
Il s'était pourtant lui-même appuyé sur Twitter pour mobiliser ses partisans lors de la tentative de coup d'État de juillet 2016.
Avec la loi sur la désinformation, "le gouvernement pourra exercer un contrôle considérable sur les médias sociaux", redoute Emma Sinclair-Webb, représentante de Human Rights Watch.
"La loi (les) place dans une position très difficile: soit ils se conforment et suppriment des contenus; soit ils divulguent les données de leurs utilisateurs sous peine d'énormes amendes", détaille-t-elle.
Entré en vigueur alors que la cote du chef de l'État était au plus bas à cause de la crise économique et d'une inflation dépassant les 80%, le texte permet aux autorités de suspendre internet ou de restreindre l'accès aux réseaux sociaux, comme après l'attentat du 13 novembre à Istanbul (six morts, 81 blessés).
Un pays hostile aux journalistes
Reporters Sans Frontières classe la Turquie au 149e rang - sur 180 pays - de son index sur la liberté de la presse. (AFP)
Dans le viseur également, les journalistes et médias kurdes: Fatma Demirelli, directrice de l'ONG de soutien à la liberté d'expression P24, cite "de nouvelles arrestations visant un grand nombre de journalistes depuis cet été".
"Nous craignons que cette nouvelle loi (...) n'aggrave encore la situation", assure-t-elle à l'AFP.
Fin octobre, neuf journalistes ont été interpellés à Istanbul et d'autres villes du pays, dont Diyarbakir, dans le sud-est à majorité kurde, accusés de liens avec des mouvements qualifiés de "terroristes", comme le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) auquel les autorités ont attribué l'attentat d'Istanbul.
Ce qui a porté à 76 le nombre de journalistes derrière les barreaux en Turquie, selon le décompte de la plateforme de surveillance de la liberté de la presse, Expression Interrupted.
Reporters Sans Frontières classe pour sa part la Turquie au 149e rang - sur 180 pays - de son index sur la liberté de la presse.
Fatos Erdogan, journaliste de dokuz8NEWS, affirme que les reportages sont de plus en plus difficiles.
"Nous avons déjà été victimes de violences mais j'ai le sentiment qu'il y aura davantage de pression", croit-elle, se disant "inquiète pour notre sécurité".
"Poursuites et menaces font partie de notre quotidien", confirme son rédacteur en chef, Gokhan Bicici.
"Désormais, se montrer prudents et éviter autant que possible d'être une cible est la principale préoccupation des journalistes en Turquie, même pour les plus libres d'entre eux", ajoute-t-il.
Avec AFP
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