Frappes ukrainiennes en Russie, une ligne rouge pour Washington
Washington veut bien aider l'Ukraine à se défendre, mais ne cherche pas à rentrer dans une confrontation directe avec Moscou. C'est en substance ce qu'a déclaré le Département d'État américain après plusieurs bombardements ukrainiens sur des cibles se trouvant à l'intérieur du territoire russe. L'enjeu est d'autant plus sensible que l'armée ukrainienne pourrait utiliser des systèmes d'armes américains dans ces frappes.

Les frappes russes répétées sur le réseau énergétique ukrainien ont fait des magasins et des salles de restaurant plongés dans l'obscurité une nouvelle réalité, mais les clients et le personnel font de leur mieux pour s'adapter.

 

"Nous n'encourageons pas et nous n'aidons pas l'Ukraine à lancer des frappes en Russie", a déclaré à la presse le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. "Mais ce qu'il faut comprendre, c'est que les Ukrainiens vivent chaque jour avec l'agression russe qui se poursuit", a-t-il ajouté, accusant Moscou de "faire de l'hiver une arme" en bombardant les infrastructures civiles de l'Ukraine.

"Ce à quoi nous sommes déterminés, c'est faire en sorte qu'ils aient en mains - avec beaucoup d'autres partenaires dans le monde - les équipements dont ils ont besoin pour se défendre, défendre leur territoire et défendre leur liberté", a précisé M. Blinken.

Le chef du Pentagone, Lloyd Austin, qui s'exprimait aux côtés de M. Blinken, a souligné que les Etats-Unis n'empêchaient pas l'Ukraine de développer ses propres missiles à longue portée. "La réponse est non. Nous ne faisons certainement pas cela", a-t-il déclaré. "Nous ne faisons rien pour empêcher l'Ukraine de développer ses propres capacités."

Cette image satellite de Maxar Technologies le 5 décembre 2022 montre un aperçu de la base aérienne d'Engels, en Russie, qui abrite des bombardiers stratégiques. Des reportages indiquent que deux aérodromes russes, y compris une base pour les avions stratégiques du pays, qui, selon Kiev, ont été utilisés pour frapper l'Ukraine, avaient été secoués par des explosions.

 

Le président américain Joe Biden a dit publiquement qu'il n'encourageait pas l'Ukraine à se doter de missiles de longue portée, redoutant une escalade qui pourrait conduire les Etats-Unis à jouer un rôle plus direct contre la Russie.

La Russie accuse son voisin de multiplier les attaques de drones contre des aérodromes sur son territoire. Des frappes que Kiev ne revendique pas, mais qui illustrent les difficultés que rencontre l'invasion déclenchée le 24 février par le président russe Vladimir Poutine.

Moscou a en outre dénoncé ces deux derniers jours des attaques ukrainiennes sur des aérodromes militaires russes, dont deux, ciblés lundi, qui se situent à plusieurs centaines de kilomètres de la frontière entre les deux pays. La Russie a fait état de trois morts et deux avions endommagés lors d'une de ces attaques.

Les autorités de l'administration de la région de Koursk publient une photo sur leur compte Telegram montrant de la fumée s'élevant au-dessus du réservoir de pétrole de Koursk après une attaque présumée de l'Ukraine au drone sur l'aérodrome de la ville.

 


Kiev n'a pas admis officiellement une quelconque responsabilité. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé, sans fournir de précisions, que "des mesures nécessaires seront prises".

Le journal russe Kommersant écrit que l'Ukraine a utilisé des drones soviétiques TU-141 pour frapper notamment, lundi, la base d'Engels, qui abrite des bombardiers stratégiques et est située à 500 km de la frontière ukrainienne la plus proche.

Le ministère britannique de la Défense a estimé mardi que si Kiev avait pu mener une telle opération, Moscou doit la considérer comme "l'échec stratégique le plus significatif de protection de ses forces depuis l'invasion de l'Ukraine".
Attaquer les structures énergétiques

Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rendu hommage aux soldats lors de la Journée des forces armées du pays, depuis Sloviansk près du front.

 

Pour sa part, le président Volodymyr Zelensky a diffusé trois vidéos de lui dans le Donbass, région dont Moscou a revendiqué l'annexion en septembre sans pour autant la contrôler. Le président ukrainien s'est rendu près du front, non loin de Bakhmout, le principal champ de bataille de l'est de l'Ukraine où l'armée ukrainienne résiste depuis des mois à une offensive russe.

Volodymyr Zelensky se rend régulièrement près du front, chose que le maître du Kremlin n'a jusqu'ici jamais faite, préférant les visioconférences de son bureau ou de sa résidence.

Dans ce contexte, le Kremlin a décidé depuis octobre de concentrer les attaques sur les installations énergétiques ukrainiennes, privant la population d'électricité, voire d'eau et de chauffage, au moment où les températures sont négatives.

"Quel héritage laisserez-vous à vos enfants ? Les tonnes de mensonges et les tentatives honteuses de blanchir les crimes de guerre et le génocide ?", demande l'envoyé ukrainien aux Nations unies, Sergiy Kyslytsya, aux diplomates russes lors d'une réunion du Conseil de sécurité. Plus tôt, Vassily Nebenzia, le représentant russe, avait déclaré que Moscou n'avait "aucune autre option que de poursuivre" sa guerre contre l'Ukraine.

 

Mardi encore, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a justifié ces "frappes massives" par la nécessité de "réduire le potentiel militaire de l'Ukraine".

Si le Kremlin ne cesse de jurer qu'il viendra à bout de la résistance ukrainienne, les derniers mois se sont avérés très difficiles pour les militaires russes, face à des Ukrainiens motivés et armés par leurs alliés occidentaux.

Avec AFP
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