Transformation et métamorphose: tel est le thème du vernissage de la peintre-poète Laura Johanna Braverman qui a eu lieu à «Mina Image Centre» mercredi soir. Artiste spirituelle et engagée, Mme Braverman fait voyager ses visiteurs dans une nouvelle dimension où la géométrie et l’occultisme règnent. Un monde où le temps n’a plus de sens, où «évolutio» et «révolution» s’entremêlent et éclatent au grand jour.

La géométrie et les formes sont au centre des aquarelles de Laura Johanna Braverman. Elle explore la façon dont les formes et la dynamique des couleurs peuvent créer une musique optique de rythme et de sens. Une «musique» libérée par des formes pouvant être rationnelles, concrètes, figuratives ou abstraites.

La peintre aborde la peinture comme une sorte de «poétique visuelle», qui se positionne à mi-chemin entre ses écrits et sa peinture. Elle contextualise et englobe les divers mouvements de l’art. Le suprématisme, l’abstraction géométrique sont déclinés en multiples champs de couleur.

Elle illustre ce mouvement artistique dans sans sa collection «An Ever-Changing Stream», «un flux en constante évolution», au sein duquel elle s’influence des concepts religio-philosophiques puisés en Inde, là où la géométrie est aussi sacrée que l’art et l’alchimie. Cette école artistique aborde principalement des concepts de la transformation, de l’affinement de la conscience, ainsi que de l’interconnexion entre l’énergie et la matière, le microcosme et le macrocosme, l’intérieur et l’extérieur, l’unité et la multiplicité.

«Je suis une personne très spirituelle. Je pense qu’aujourd’hui, la méditation, la spiritualité et savoir comment apprécier le moment présent est perdu. Je me focalise énormément sur ces aspects de ma vie pour pouvoir éveiller mes sens et percevoir les changements autour de moi», nous confie Johanna Braverman.

«An Ever-Changing Stream» propose un chemin spirituel pour que l’individu puisse naviguer entre les niveaux externes et internes. L’artiste développe ce sujet en se concentrant sur le féminisme et sur son statut de femme: «Les mutations sont présentes dans la vie des femmes et des hommes. En tant que femme, je peux dire que nous passons par beaucoup de transformations dans nos vies que ce soit sur un plan hormonal mensuel pendant les menstruations, ou même pendant notre grossesse. Avec l’âge, des transformations sur un plan physiologique, mais aussi psychologique se produisent. Cet axe est constamment dans ma pensée quand je commence à peindre une toile. C’est pour cela que j’utilise surtout la peinture aquarelle. La subtilité de cette peinture me permet de jouer sur les couleurs et sur la transparence pour illustrer avec délicatesse ces changements», poursuit la peintre.



Cette transformation illustrée par la peintre se passe sur plusieurs étapes, douze pour être plus spécifique. Un chiffre présent non seulement dans ses aquarelles, mais aussi dans ses fragments poétiques. L’artiste invite son public à vivre l’expérience de son art comme une histoire, un passage qui se passe en douze étapes.


Douze est un nombre qui a un poids symbolique dans une diversité de traditions, couvrant le religieux, le mythique et le mystique. Il représente l’achèvement et la plénitude, affirmant ainsi son affinité avec le cercle, une forme qui reflète la voie de la transformation avec son circuit sans fin.

Dans de nombreuses traditions religieuses, mythologiques ou mystiques, le nombre douze peut représenter l’unité, l’achèvement, l’ordre cosmique et l’harmonie. Les exemples sont nombreux: heures dans la journée, mois de l’année, signes du zodiaque, etc. L’artiste choisit alors d’opérer en mettant en valeur le chiffre douze pour englober le sens divin du chiffre, mais également son aspect de plénitude, illustré par les formes, notamment le cercle.

Sur un plan encore plus philosophique, les concepts de «Transformation» et «Plénitude» étant le fil conducteur de l’art de la peintre, mènent à une transformation et une régénération de soi qui peuvent être imbriqués à la pensée platonique, illustrée dans l’allégorie de la caverne de Platon. L’allégorie symbolise un périple au niveau psychologique et identitaire qui libère l’homme des chaînes de la société, des vices, des illusions pour atteindre la sagesse et la plénitude. Laura Johanna Braverman et Platon illustrent tous les deux ce passage «de l’ombre à la lumière» par une métamorphose du soi. Les peintures de l’artiste incarnent alors une évolution similaire à celle de la caverne de Platon.

Quant au cercle, il représente l’infini de manière cyclique faisant penser à la régénérescence et au renouveau éternel de la nature, mais aussi sur le plan personnel. Cette transformation cyclique qui s’appliquant au «Soi», n’est pas statique. «Parfois, l’ancien doit être “dévoré” pour faire place au nouveau, dans un processus récurrent de transformation et de renaissance qui se déroule tout au long d’une vie», révèle la peintre. Cette histoire est illustrée dans plusieurs de ces tableaux où elle se focalise sur la vision humaine, où elle met l’accent sur la différence entre «vision» et «perception». Certains cercles noirs viennent alors cacher les cercles colorés, qui commencent à réapparaitre clairement dans le reste des toiles, symbolisant ainsi la régénérescence d’une vision complète, qui couvre le monde du réel et le monde spirituel.

Pour compléter son approche pluridimensionnelle, la ligne, la forme et la couleur s’invitent dans les aquarelles de Mme Braverman pour représenter une sorte de langage métaphysique, qui permet une exploration des concepts et des énergies. Tout comme la transformation procède à sa manière et en son temps, l’émergence de ces modèles et formes est développementale et intuitif.

Le vernissage de la peintre a eu lieu en petit comité, où famille et amis proches étaient présents. Les membres de sa famille ont exprimé leur ressenti vis-à-vis du travail de l’artiste: «C’est incroyable de voir tous ces tableaux qui remplissent la galerie. Quand nous regardons les tableaux de manière individuelle, on n’arrive pas à se rendre compte de la quantité des œuvres ni du travail titanesque qui a été fait. Quand je vois cette galerie, je suis fier de ma femme, et de mon artiste préférée», nous confie son mari. Ses deux enfants s’expriment également: «C’est une fierté d’avoir Laura Johanna Braverman comme maman. Avec son art, elle nous pousse vers le meilleur, à explorer nos limites et à poursuivre nos ambitions», nous expliquent-ils.

Mario Doueiry
@mariodoueiry
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