Trump devient un boulet pour les républicains
Après une défaite aux élections de mi-mandat, l'ancien président et actuel candidat à la présidentielle de 2024 Donald Trump enchaine les scandales et les déconvenues. Au centre des critiques, notamment après sa rencontre avec Kanye West, il est de plus en plus lâché par des personnalités républicaines.

Fraîchement lancé dans une nouvelle course à la Maison-Blanche, Donald Trump ne profite pas de la dynamique qu'il espérait. Bien au contraire.

"C'est un début de campagne catastrophique", juge Lara Brown, professeure de sciences politiques à l'université George Washington, estimant que l'ancien président va de "scandales en scandales".

Un manifestant antitrump devant le Capitole (AFP)

Lui qui espérait surfer sur une "vague" conservatrice aux élections de mi-mandat s'est immédiatement pris les pieds dans le tapis après la défaite de la plupart de ses protégés.

Lâché par des poids lourds conservateurs, l'ancien président s'est de nouveau retrouvé au centre des critiques après avoir dîné avec le rappeur Kanye West, accusé d'antisémitisme, et un suprémaciste blanc fin novembre.

"Ridicule", "répugnant", "scandaleux" : les élus républicains, longtemps soucieux de ne pas s'attirer les foudres du chef de leur parti, n'ont désormais pas de mot assez fort pour montrer leur réprobation.

Ils se sont encore étranglés quand, le week-end dernier, l'ancien président a appelé à abandonner la Constitution dans une de ses diatribes habituelles, dénonçant à nouveau des "fraudes électorales".

L'échec mardi en Géorgie d'un de ses candidats pour un siège au Sénat, l'ancien joueur de football américain Herschel Walker, a enfoncé le clou.

"Trump a aussi vu nombre de ses grands donateurs dire publiquement qu'ils ne soutiendraient pas sa candidature en 2024", ajoute la professeure Brown à l'AFP.

Fervent admirateur de Trump, Kanye West porte la casquette rouge "MAGA", pour "Make America great again", le slogan de l'ex-président.

Le milliardaire, connu pour ses talents d'orateur et ses meetings devant des marées de casquettes rouges, n'a d'ailleurs pas tenu le moindre événement de campagne en dehors de sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, depuis sa déclaration de candidature.

Des tracas politiques dont le septuagénaire se serait bien passé. Il fait déjà l'objet d'une myriade d'enquêtes sur la gestion de ses archives, comme sur ses affaires financières à New York.
Problèmes judiciaires

Ses ennuis ne font probablement que commencer.

Depuis plus d'un an, le tempétueux républicain est sous le coup d'une enquête sur des pressions électorales exercées en Géorgie, qui pourrait lui valoir une inculpation.


Et une commission parlementaire, enquêtant sur la responsabilité du dirigeant dans l'attaque menée par ses partisans contre le Congrès américain le 6 janvier 2021, doit rendre un volumineux rapport dans les prochaines semaines.

Des documents saisis en août dans la résidence de Floride de Donald Trump comprenaient des informations hautement sensibles sur l’Iran et la Chine (AFP)

Ce panel a d'ores et déjà fait savoir qu'il recommanderait des inculpations, sans préciser qui pourrait être visé par ces poursuites.

La décision d'inculper ou non l'ancien président reviendra in fine au ministre de la Justice Merrick Garland, qui a nommé mi-novembre un procureur spécial pour enquêter de façon indépendante sur Donald Trump.

Sans attendre, la justice a déjà condamné son entreprise familiale pour fraude fiscale, un coup dur pour l'ex-homme d'affaires, bien qu'il n'ait lui-même pas été jugé.
Tel un phénix

Mais attention à ne pas enterrer Donald Trump trop vite.

Abandonné par une partie de la nébuleuse conservatrice après l'attaque contre le Congrès américain, l'ancien dirigeant avait su en quelques mois regagner une emprise quasi-totale.

Le tribun, dont la chute a été mille fois annoncée, a survécu jusqu'ici à tous les scandales. Comme si, à force d'accumulation, ils n'avaient plus d'effet sur lui.

Arrivé au pouvoir en novembre 2016 dans un scénario politique inédit qu'aucun ou presque n'avait prédit, Donald Trump pourrait aussi être tenté de jouer de cette position de candidat-rebelle, si les défections dans ses rangs venaient à se poursuivre.

Les républicains rêvent de se venger des enquêtes contre Trump (AFP)

Il fait toujours partie des grands favoris de la primaire républicaine, et ne manque pas une occasion de le rappeler, partageant tout sondage allant dans ce sens.

L'ex-magnat de l'immobilier peut aussi toujours compter sur une base de fidèles, un noyau dur qui lui jure une loyauté sans faille et continue d'affluer à ses meetings de campagne.

Ces derniers pourraient toutefois aussi perdre patience, prédit Lara Brown.

"Si certains dans sa base se rallieront à lui lorsqu'il se dira victime d'une chasse aux sorcières, nombre d'autres pourraient s'en lasser".

Avec AFP
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