©Photo Jack Guez AFP
Nommé comme un pis-aller avant le Mondial-2018, Zlatko Dalic, sélectionneur de la Croatie, exige le respect: pour son équipe qui disputera, mardi contre l'Argentine, une deuxième demi-finale consécutive, mais aussi pour lui-même. "Ne nous sous-estimez pas!".
Plus qu'un avertissement, ce mantra de Dalic depuis le début du Mondial-2022, répété après l'exploit contre le Brésil en quarts, sonne comme un défi.
Dalic, 56 ans, avait remplacé au pied levé Ante Cacic à l'automne 2017, au lendemain d'un nul à domicile contre l'Islande (1-1) et à deux jours d'un match décisif pour la qualification pour le Mondial russe mal engagée. Avec le statut d'intérimaire.
Un choix faute de mieux pour une sélection habituée aux noms ronflants, Miroslav Blazevic (dont Dalic a été deux ans l'assistant au Varteks Varazdin), Slaven Bilic ou Niko Kovac.
Membre de la communauté croate de Bosnie, très attachée à la sélection, Dalic n'a sur son CV qu'un poste de sélectionneur adjoint des Espoirs, plusieurs petits clubs croates, un crochet en Albanie et un exil réussi dans le Golfe. Comme joueur, rien de clinquant pour ce milieu défensif. Mais déjà, il se préparait, se souvient son ancien coéquipier au Varteks Davor Vugrinec: "Dès qu'on quittait le terrain, il prenait son cahier et notait tout ce que nous avions fait ce jour-là."
Confiance inébranlable
"Rien ne m'a été servi sur un plateau, pas comme en Europe où certains ont des jobs dans des gros clubs parce qu'ils étaient des grands noms comme joueurs", disait Dalic en 2018. En Europe de l'Ouest, "vous voulez des grands noms..." mais "j'ai l'habitude de dire, donnez-moi Barcelone ou le Real Madrid, je gagnerai des titres..." Dalic a une force immense : une confiance inébranlable en son destin. "J'ai cru en moi-même et quand la sélection a fait appel à moi je n'ai pas douté."
Au Mondial-2018, il impose son autorité (aux joueurs, à la fédération et aux médias) en renvoyant une des stars des Vatreni (les Ardents), l'attaquant Nikola Kalinic qui a refusé son statut de remplaçant au premier match.
Lors de la rencontre suivante, son équipe surclasse l'Argentine 3-0, le début d'une grande histoire jusqu'à la finale perdue contre la France... Outre cette épopée, Dalic bâtit sa popularité sur une image de catholique pratiquant, de père de famille discret et de patriote, qui plaît dans ce petit pays des Balkans où Eglise, famille et identité nationale sont trois piliers. "Unité, Courage, Patriotisme, Foi", a-t-il écrit sur son compte Instagram vendredi, sous une photo de ses joueurs fêtant ensemble l'exploit contre le Brésil.
Quand les "héros" reviennent en 2018, ils sont accueillis par 500.000 personnes à Zagreb. Du jamais vu depuis la visite du pape Jean Paul II en 1994, en pleine guerre d'indépendance.
Indépendant
S'appuyant sur cette aura, sur le soutien de l'icône Luka Modric et son image d'honnête homme dans le marigot du football croate, rongé par les affaires de fraude fiscale, de transferts douteux et de corruption, Dalic se révèle habile politique pour négocier ses conditions de prolongation de contrat avec le président de la fédération, l'impopulaire Davor Suker.
Pour le quotidien Vecernji List, Dalic est "le premier (sélectionneur) à ne pas être le bras armé de tel ou tel lobby". En 2020, quand les résultats ont flanché, rappelle son concurrent Jutarnji List, il est passé de l'objet d'une "adoration absolue, aux leçons, à la défiance, aux critiques, même partiales, voire à la diffamation totale".
Mais Dalic n'a pas dévié et entamé le renouvellement rendu inévitable par la retraite internationale de cadres comme le buteur Mario Mandzukic, le milieu Ivan Rakitic ou le gardien Danijel Subasic. Autour d'un noyau d'anciens (Modric, Dejan Lovren, Ivan Perisic), il a installé une jeune garde, le gardien Dominik Livakovic, les attaquants Nikola Vlasic et Bruno Petkovic, et le défenseur Josko Gvardiol, révélation du tournoi. Désormais, tous n'affichent qu'une ambition: entrer en finale. Les Argentins seraient inspirés de l'écouter: il ne faut pas sous-estimer Dalic.
AFP
Plus qu'un avertissement, ce mantra de Dalic depuis le début du Mondial-2022, répété après l'exploit contre le Brésil en quarts, sonne comme un défi.
Dalic, 56 ans, avait remplacé au pied levé Ante Cacic à l'automne 2017, au lendemain d'un nul à domicile contre l'Islande (1-1) et à deux jours d'un match décisif pour la qualification pour le Mondial russe mal engagée. Avec le statut d'intérimaire.
Un choix faute de mieux pour une sélection habituée aux noms ronflants, Miroslav Blazevic (dont Dalic a été deux ans l'assistant au Varteks Varazdin), Slaven Bilic ou Niko Kovac.
Membre de la communauté croate de Bosnie, très attachée à la sélection, Dalic n'a sur son CV qu'un poste de sélectionneur adjoint des Espoirs, plusieurs petits clubs croates, un crochet en Albanie et un exil réussi dans le Golfe. Comme joueur, rien de clinquant pour ce milieu défensif. Mais déjà, il se préparait, se souvient son ancien coéquipier au Varteks Davor Vugrinec: "Dès qu'on quittait le terrain, il prenait son cahier et notait tout ce que nous avions fait ce jour-là."
Confiance inébranlable
"Rien ne m'a été servi sur un plateau, pas comme en Europe où certains ont des jobs dans des gros clubs parce qu'ils étaient des grands noms comme joueurs", disait Dalic en 2018. En Europe de l'Ouest, "vous voulez des grands noms..." mais "j'ai l'habitude de dire, donnez-moi Barcelone ou le Real Madrid, je gagnerai des titres..." Dalic a une force immense : une confiance inébranlable en son destin. "J'ai cru en moi-même et quand la sélection a fait appel à moi je n'ai pas douté."
Au Mondial-2018, il impose son autorité (aux joueurs, à la fédération et aux médias) en renvoyant une des stars des Vatreni (les Ardents), l'attaquant Nikola Kalinic qui a refusé son statut de remplaçant au premier match.
Lors de la rencontre suivante, son équipe surclasse l'Argentine 3-0, le début d'une grande histoire jusqu'à la finale perdue contre la France... Outre cette épopée, Dalic bâtit sa popularité sur une image de catholique pratiquant, de père de famille discret et de patriote, qui plaît dans ce petit pays des Balkans où Eglise, famille et identité nationale sont trois piliers. "Unité, Courage, Patriotisme, Foi", a-t-il écrit sur son compte Instagram vendredi, sous une photo de ses joueurs fêtant ensemble l'exploit contre le Brésil.
Quand les "héros" reviennent en 2018, ils sont accueillis par 500.000 personnes à Zagreb. Du jamais vu depuis la visite du pape Jean Paul II en 1994, en pleine guerre d'indépendance.
Indépendant
S'appuyant sur cette aura, sur le soutien de l'icône Luka Modric et son image d'honnête homme dans le marigot du football croate, rongé par les affaires de fraude fiscale, de transferts douteux et de corruption, Dalic se révèle habile politique pour négocier ses conditions de prolongation de contrat avec le président de la fédération, l'impopulaire Davor Suker.
Pour le quotidien Vecernji List, Dalic est "le premier (sélectionneur) à ne pas être le bras armé de tel ou tel lobby". En 2020, quand les résultats ont flanché, rappelle son concurrent Jutarnji List, il est passé de l'objet d'une "adoration absolue, aux leçons, à la défiance, aux critiques, même partiales, voire à la diffamation totale".
Mais Dalic n'a pas dévié et entamé le renouvellement rendu inévitable par la retraite internationale de cadres comme le buteur Mario Mandzukic, le milieu Ivan Rakitic ou le gardien Danijel Subasic. Autour d'un noyau d'anciens (Modric, Dejan Lovren, Ivan Perisic), il a installé une jeune garde, le gardien Dominik Livakovic, les attaquants Nikola Vlasic et Bruno Petkovic, et le défenseur Josko Gvardiol, révélation du tournoi. Désormais, tous n'affichent qu'une ambition: entrer en finale. Les Argentins seraient inspirés de l'écouter: il ne faut pas sous-estimer Dalic.
AFP
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