Alors que l'hiver est de plus en plus présent, de nombreux européens cherchent à s'approvisionner en bois pour se chauffer. Une dynamique accentuée par la crise énergétique en raison de la guerre en Ukraine. Cette augmentation imprévue de la demande, oblige les vendeurs à rationner les ventes.
Dans les forêts de montagne au nord de la Bulgarie, des bûcherons s'affairent à la tâche, croulant sous la demande en pleine crise énergétique.
Plus de la moitié des ménages de ce pays le plus pauvre de l'Union européenne se chauffent au bois et au charbon en temps normal. Mais cette année, la guerre en Ukraine a bousculé la donne : les livraisons de gaz russe ont été totalement suspendues, le charbon venu de la région ukrainienne du Donbass a manqué, tandis que les prix flambent.
Plus encore que d'habitude, les Bulgares se sont donc tournés vers le bois.
"C'est ce qui revient le moins cher. La demande a triplé en comparaison à l'an dernier", expliquait récemment le ministre de l'Agriculture Yavor Guetchev, appelant la population à la retenue.
Face à la crise énergétique, la Grèce distribue du bois de chauffage aux habitants (AFP)
Dans la commune de Teteven qui compte 18 000 résidents, à deux heures de route de la capitale Sofia, la municipalité a reçu des demandes de 4 800 foyers, contre moins de 2 000 l'an dernier, a précisé à l'AFP l'attaché de presse Stoytcho Moskovski.
Les bûcherons terminent habituellement leur saison en novembre, mais en ce jour de mi-décembre, ils poursuivent leur dur labeur, profitant de l'absence de neige pour abattre les arbres.
Le bois est ensuite chargé sur une dizaine de chevaux, les seuls à même d'effectuer le transport sur le terrain abrupt. "Ils ne font pas plus de deux allers-retours par jour", précise Dotcho Dotchev, responsable de l'exploitation forestière régionale.
Au pied de la montagne, de grosses bûches s'empilent le long des portails. Une fois préparés par les habitants, les fagots viennent garnir les hangars, balcons et cages d'escaliers, prêts à être enfournés dans le poêle pour réchauffer les modestes logis.
Blagovesta Dogandjiyska, une retraitée de 80 ans, est rassurée : elle vient de recevoir les cinq mètres cubes de bois qu'elle brûle chaque année. "J'ai dû patienter longtemps - plus de deux mois", dit-elle, alors qu'un chauffeur décharge la précieuse marchandise devant sa maison.
Crise du gaz : à Berlin, la ruée sur le charbon en prévision de l'hiver (AFP)
Même si cela reste plus abordable que les autres sources d'énergie, le prix total a doublé cette année, atteignant 90 euros par mètre cube. "C'est très dur, de plus en plus dur. Je ne sais pas comment on va faire", s'inquiète-t-elle.
Avant même la crise énergétique actuelle, un Bulgare sur quatre ne pouvait se chauffer correctement par manque de ressources - la proportion la plus élevée de l'UE, selon les statistiques d'Eurostat.
Le chauffage au charbon ou au bois, mais aussi à base de pneus, de vieux meubles ou de plastique brûlés dans les quartiers pauvres, est un important facteur de pollution de l'air dans le pays, parmi les plus affectés par ce fléau en Europe.
La demande a "carrément explosé, on n'arrive plus à suivre" : face à la hausse des prix du gaz et de l'électricité, le bois de chauffage connaît un véritable boom, contraignant les vendeurs à "rationner", voire à refuser des clients.
En cette mi-décembre en Alsace, le mercure plonge largement en-dessous de zéro depuis quelques jours. Vendeur de bois de chauffage à Wissembourg (Bas-Rhin), à la frontière avec l'Allemagne, Christophe Glad est venu livrer bûches et granulés à l'entreprise Moose, spécialiste des poêles et des cheminées-inserts, installée à Vendenheim, près de Strasbourg.
M. Glad exerce "depuis 23 ans" mais cette année est particulière : "Je suis tout le temps sur la route en train de livrer. On est obligé de rationner, de livrer en deux, voire trois fois pour que les clients puissent commencer l'hiver", explique celui qui préside le groupement syndical des négociants en bois de chauffage d'Alsace.
Beaucoup de ses clients sont en Allemagne, où la "spéculation" sur le bois est importante : en France, le stère oscille entre "90 et 100 euros", contre "70 à 80" auparavant. Outre-Rhin, où la dépendance au gaz russe était très forte, il peut monter jusqu'à "200 euros".
"Il y a de plus en plus de gens qui souhaitent faire des économies" et "le bois", en chauffage principal comme en appoint, est "l'énergie la moins chère", confirme Laura Menrath, assistante administrative chez Moose. Celle-ci constate une explosion des poêles à bûches cette année, largement devant les appareils à granulés.
Face à la hausse des prix du gaz et de l'électricité, le bois de chauffage connaît un véritable boom (AFP)
"Le marché est totalement exsangue, les stocks de bois sec sont à zéro depuis quelques semaines", confirme Jocelyn Auffret, vendeur de bois de chauffage à Gertsheim (Bas-Rhin). Lui aussi a dû récemment décliner des commandes de "personnes qui n'avaient pas eu le réflexe de commander assez tôt, alors qu'en en mai ou juin, j'étais déjà dans le rouge".
Retraité à Nordheim, à l'ouest de Strasbourg, Joël Bûcher, 69 ans, a opté "dès 1988" pour le chauffage en bois : dans le salon de sa maison de 220 m2 sur les hauteurs de ce village du Piémont des Vosges, trône un imposant poêle en faïence. Un "kachelofe" typiquement alsacien dont cet ancien cadre technique vante les qualités réfractaires qui permettent de chauffer une bonne partie du logement.
Comme chaque année, il a passé sa commande de cinq stères de bois bien en amont et n'a pas constaté une hausse de la facture. Tout au plus quelques euros supplémentaires pour le transport, répercussion logique de la hausse des prix du carburant, relève-t-il.
Mais l'an prochain, il s'attend à ce que les choses soient un peu différentes : "Tout augmente, donc je pense qu'il faut s'attendre aussi à une hausse" du côté du bois de chauffage", explique M. Bûcher, à qui son vendeur de bois a conseillé de passer commande plus tôt dans l'année.
Avec AFP
Dans les forêts de montagne au nord de la Bulgarie, des bûcherons s'affairent à la tâche, croulant sous la demande en pleine crise énergétique.
Plus de la moitié des ménages de ce pays le plus pauvre de l'Union européenne se chauffent au bois et au charbon en temps normal. Mais cette année, la guerre en Ukraine a bousculé la donne : les livraisons de gaz russe ont été totalement suspendues, le charbon venu de la région ukrainienne du Donbass a manqué, tandis que les prix flambent.
Plus encore que d'habitude, les Bulgares se sont donc tournés vers le bois.
"C'est ce qui revient le moins cher. La demande a triplé en comparaison à l'an dernier", expliquait récemment le ministre de l'Agriculture Yavor Guetchev, appelant la population à la retenue.
Face à la crise énergétique, la Grèce distribue du bois de chauffage aux habitants (AFP)
Dans la commune de Teteven qui compte 18 000 résidents, à deux heures de route de la capitale Sofia, la municipalité a reçu des demandes de 4 800 foyers, contre moins de 2 000 l'an dernier, a précisé à l'AFP l'attaché de presse Stoytcho Moskovski.
Les bûcherons terminent habituellement leur saison en novembre, mais en ce jour de mi-décembre, ils poursuivent leur dur labeur, profitant de l'absence de neige pour abattre les arbres.
Le bois est ensuite chargé sur une dizaine de chevaux, les seuls à même d'effectuer le transport sur le terrain abrupt. "Ils ne font pas plus de deux allers-retours par jour", précise Dotcho Dotchev, responsable de l'exploitation forestière régionale.
Au pied de la montagne, de grosses bûches s'empilent le long des portails. Une fois préparés par les habitants, les fagots viennent garnir les hangars, balcons et cages d'escaliers, prêts à être enfournés dans le poêle pour réchauffer les modestes logis.
Blagovesta Dogandjiyska, une retraitée de 80 ans, est rassurée : elle vient de recevoir les cinq mètres cubes de bois qu'elle brûle chaque année. "J'ai dû patienter longtemps - plus de deux mois", dit-elle, alors qu'un chauffeur décharge la précieuse marchandise devant sa maison.
Crise du gaz : à Berlin, la ruée sur le charbon en prévision de l'hiver (AFP)
Même si cela reste plus abordable que les autres sources d'énergie, le prix total a doublé cette année, atteignant 90 euros par mètre cube. "C'est très dur, de plus en plus dur. Je ne sais pas comment on va faire", s'inquiète-t-elle.
Avant même la crise énergétique actuelle, un Bulgare sur quatre ne pouvait se chauffer correctement par manque de ressources - la proportion la plus élevée de l'UE, selon les statistiques d'Eurostat.
Le chauffage au charbon ou au bois, mais aussi à base de pneus, de vieux meubles ou de plastique brûlés dans les quartiers pauvres, est un important facteur de pollution de l'air dans le pays, parmi les plus affectés par ce fléau en Europe.
En Alsace, les prix flambent
La demande a "carrément explosé, on n'arrive plus à suivre" : face à la hausse des prix du gaz et de l'électricité, le bois de chauffage connaît un véritable boom, contraignant les vendeurs à "rationner", voire à refuser des clients.
En cette mi-décembre en Alsace, le mercure plonge largement en-dessous de zéro depuis quelques jours. Vendeur de bois de chauffage à Wissembourg (Bas-Rhin), à la frontière avec l'Allemagne, Christophe Glad est venu livrer bûches et granulés à l'entreprise Moose, spécialiste des poêles et des cheminées-inserts, installée à Vendenheim, près de Strasbourg.
M. Glad exerce "depuis 23 ans" mais cette année est particulière : "Je suis tout le temps sur la route en train de livrer. On est obligé de rationner, de livrer en deux, voire trois fois pour que les clients puissent commencer l'hiver", explique celui qui préside le groupement syndical des négociants en bois de chauffage d'Alsace.
Beaucoup de ses clients sont en Allemagne, où la "spéculation" sur le bois est importante : en France, le stère oscille entre "90 et 100 euros", contre "70 à 80" auparavant. Outre-Rhin, où la dépendance au gaz russe était très forte, il peut monter jusqu'à "200 euros".
"Il y a de plus en plus de gens qui souhaitent faire des économies" et "le bois", en chauffage principal comme en appoint, est "l'énergie la moins chère", confirme Laura Menrath, assistante administrative chez Moose. Celle-ci constate une explosion des poêles à bûches cette année, largement devant les appareils à granulés.
Face à la hausse des prix du gaz et de l'électricité, le bois de chauffage connaît un véritable boom (AFP)
"Le marché est totalement exsangue, les stocks de bois sec sont à zéro depuis quelques semaines", confirme Jocelyn Auffret, vendeur de bois de chauffage à Gertsheim (Bas-Rhin). Lui aussi a dû récemment décliner des commandes de "personnes qui n'avaient pas eu le réflexe de commander assez tôt, alors qu'en en mai ou juin, j'étais déjà dans le rouge".
Retraité à Nordheim, à l'ouest de Strasbourg, Joël Bûcher, 69 ans, a opté "dès 1988" pour le chauffage en bois : dans le salon de sa maison de 220 m2 sur les hauteurs de ce village du Piémont des Vosges, trône un imposant poêle en faïence. Un "kachelofe" typiquement alsacien dont cet ancien cadre technique vante les qualités réfractaires qui permettent de chauffer une bonne partie du logement.
Comme chaque année, il a passé sa commande de cinq stères de bois bien en amont et n'a pas constaté une hausse de la facture. Tout au plus quelques euros supplémentaires pour le transport, répercussion logique de la hausse des prix du carburant, relève-t-il.
Mais l'an prochain, il s'attend à ce que les choses soient un peu différentes : "Tout augmente, donc je pense qu'il faut s'attendre aussi à une hausse" du côté du bois de chauffage", explique M. Bûcher, à qui son vendeur de bois a conseillé de passer commande plus tôt dans l'année.
Avec AFP
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