«Les Fleurs du mal» par un trio d'artistes
On parle souvent de la fragilité, de la douceur, de la sensibilité de la femme... Mais qu’en est-il de sa force, de son aura, de son incandescence, pour ne parler que de sa lumière et du génie qu'elle déploie face aux épreuves?

On pourrait décrire tout cela en composant avec des mots justement choisis, jouant de rimes ou de métaphores, mais c’est vers une autre expression que se tourne le visiteur: celle de l’art, qui lui renvoie ses mots tel un lourd écho. L’art de la sculpture, de la peinture, de l’aquarelle...

Sous les doigts de Carole Ingea, Fantine Samaha et Nicolas Baaklini, cette femme fragile se retire et laisse place à une femme exceptionnelle par son rayonnement. Créer autour de la femme, c’est mettre au monde les souvenirs, les dédales de nos sentiments les plus profonds et les rêves que l’on a portés en soi parfois pendant de longues années.



Les Fleurs du mal, titre évocateur. Il faut dire que la poésie a toujours été l’exutoire de nos maux, mais de quel mal s’agit-il? Il ne s’agit point des Fleurs du mal de Baudelaire. Car ici les fleurs sont les femmes superbement épanouies, celles que nous admirons, celles qui font rêver, celles qui se dessinent sous les yeux d’un homme qui s’enivre de leurs courbes... et le mal n’est autre que le temps qu’il aura fallu pour leur donner vie. Celui qu’on a à trouver l’inspiration, à exprimer ses désirs, à trouver la lumière sans savoir qu’elle ne peut naître que de l’ombre, à créer ses rêves sans avoir peur qu’ils nous échappent.


Ainsi, la femme prend forme dans la grâce d’une danseuse de ballet sculptée avec passion et nostalgie, dans un buste en treillis métallique qui semble vouloir vous enlacer, par Carole Ingea. Ou encore, la femme qui vous transperce du regard au point de créer en vous un trouble admiratif. Celle-là même qui s’épanouit sous le pinceau ou le fusain des mains de Fantine Samaha. Que dire alors de celle qui se nourrit de lumière à la fois accessible et lointaine? Force est de reconnaître que Nicolas Baaklini est passé maître dans l’art de mettre en lumière à travers ses aquarelles, tel un photographe qui saisit l’instant au point de le rendre presque palpable. Pour un peu, on aurait envie de lui adresser la parole.

Des «maux» pareils, on en redemande tous les jours. L’immense Baudelaire, poète titanesque, s’il en est, aurait sûrement apprécié.

Les Fleurs du mal
Exposition - RebirthBeirut
Du 14 au 23 décembre
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