COP15: l’État aux abonnés absents 
À la quinzième Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15), une jeune étudiante de l’Université Saint-Esprit de Kaslik, soucieuse de faire avancer la protection de la biodiversité au Liban, s’est rendue à Montréal pour défendre les couleurs de son pays. Les officiels sont aux abonnés absents.



Signataire depuis 1992 de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB), le Liban a brillé par son absence à la quinzième Conférence des parties (COP15), une rencontre internationale qui rassemble des représentants des gouvernements du monde entier. Ces derniers, réunis depuis le 7 décembre à Montréal, débattent jusqu’à lundi de sujets en rapport avec la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable de ses éléments constitutifs et la répartition juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques.

Aucun officiel libanais n’a donc été à la COP15.  Il n’en demeure pas moins qu’une jeune Libanaise de 20 ans, Christina Dirani, étudiante en agronomie à l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK) et coordinatrice du réseau mondial des jeunes pour la biodiversité (Global Youth Biodiversity Network: GYBN) au Liban, représente officieusement la jeunesse libanaise à ces assises internationales. Son voyage est financé par les Offices jeunesse internationaux du Québec (LOJIQ). «Bien que le Liban soit tenu d’appliquer les politiques publiques adoptées à l’issue des débats de la COP15, il n’est pas représenté à ces assises, explique à Ici Beyrouth la jeune fille. Je n’ai encore rencontré aucun responsable libanais.»

La COP15 met en place un plan d’action de dix ans pour la protection de la nature et la disposition de moyens permettant de freiner la perte de biodiversité à l’échelle mondiale. Et pour cause, puisque la diversité biologique, selon la COP15, ne se limite pas aux plantes, animaux et micro-organismes, ainsi qu’à leurs écosystèmes. Elle concerne aussi tous les aspects de la vie de l’être humain: sécurité alimentaire, accès aux médicaments, à l’air pur, à l’eau salubre, droit à un milieu de vie propre et sain, abris…

Le Liban officiel a brillé par son absence aux travaux de la COP15 qui se poursuivent jusqu’à lundi à Montréal. ©DR

Propositions prometteuses


«La COP15 est divisée en comités de travail qui traitent d’un sujet spécifique, explique Christina Dirani. Je fais partie de celui consacré à l’agriculture. Les propositions en cours de débat sont très prometteuses et pourraient vraiment être bénéfiques pour le Liban, s’il les applique.»

Même si les chances que les dirigeants du monde signent le 19 décembre un «Pacte de paix avec la nature» sont faibles, Christina Dirani reste optimiste. «Depuis le début de la conférence, j’ai de la motivation pour mobiliser les jeunes au Liban, affirme-t-elle. Nous, les jeunes, avons le pouvoir de faire avancer les choses. Nous avons le pouvoir de protéger la biodiversité au Liban.»

Alors que les pays du Sud refusent de signer le «Pacte de paix avec la nature» avant de recevoir les financements nécessaires pour pouvoir le mettre en place, les pays du Nord préfèrent se diriger vers une réforme de la finance mondiale, publique et privée, et vers une meilleure utilisation des ressources. L’Union européenne se heurte, elle aussi, à la mise en vigueur d’un nouveau Fonds mondial sur la biodiversité, demandé par plusieurs pays pour la COP16 de 2024, en Turquie.

Avec un million d’espèces menacées d’extinction dans le monde, un tiers des terrains dégradés, la fertilité des sols et la pureté de l’eau en danger, les pays du globe doivent agir.

Depuis jeudi, les ministres de l’Environnement des membres de la CDB ont pris à Montréal le relais de leurs délégués. Ici Beyrouth a essayé en vain de contacter le ministre de l’Environnement, Nasser Yassin.

Trésor de biodiversité, le Liban se démarque par ses paysages géologiques, végétaux et fongiques qui le rendent unique. «Avec à peu près 12% d’endémicité, le Liban est un réel hot spot de diversité biologique qu’il faut protéger à tout prix, explique Jean Stéphan enseignant-chercheur en écologie et biodiversité à l’Université libanaise. Sans financement, il sera difficile de protéger cette biodiversité exceptionnelle et d’appliquer les législations adoptées par le Liban. Les conférences internationales, telles que la COP15, sont essentielles à la protection de la biodiversité du pays.»
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