Ukraine: après la tuerie par les frappes, la mort par le froid
De nouvelles frappes russes ont fait cinq morts samedi en Ukraine, où les autorités s'efforçaient de rétablir au plus vite l'électricité et l'eau après les tirs massifs de missiles de la veille qui ont provoqué des coupures de courant. Avec des températures pouvant atteindre -20°C, le rétablissement du courant devient une question de vie ou de mort.

Cette photo d'un salon de manucure à Kiev rappelle sûrement de (mauvais) souvenirs aux Libanais, à l'époque où les petits générateurs auxiliaires assuraient le courant pour quelques heures par jour, avant que les gros groupes électrogènes prennent le relais...

Le bilan humain le plus lourd des nouvelles attaques a été enregistré dans la région centrale de Dnipropetrovsk, où quatre personnes ont été tuées et quinze autres blessées, a déclaré le chef-adjoint du cabinet de la présidence ukrainienne Kyrylo Timochenko.

Il a ajouté que les bombardements de samedi avaient aussi fait un mort et trois blessés dans la région méridionale de Kherson. Son gouverneur, Iaroslav Ianouchevitch, a quant à lui souligné qu'un centre gériatrique avait été touché dans le village de Stepanivka, mais sans faire de victimes.

Un hôpital détruit dans un village de la région de Kharkiv.

Le Kremlin a pour sa part annoncé samedi que Vladimir Poutine s'était entretenu la veille avec les responsables de l'intervention militaire en Ukraine. Au cours d'une visite à l'état-major des forces impliquées dans cette offensive, en présence notamment du ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, et du chef d'état-major Valéri Guérassimov, le président russe a demandé aux commandants leurs "propositions" sur la suite des opérations.

Dans la capitale Kiev, dont un tiers des habitants sont toujours privés de courant, la circulation du métro, interrompue vendredi pour permettre à la population de s'y réfugier, a repris tôt dans la matinée et l'alimentation en eau est revenue, a affirmé son maire Vitali Klitchko.

Sur des images publiées par le Kremlin samedi, le président russe Vladimir Poutine rencontre les responsables de l'opération militaire russe en Ukraine au moment où le territoire ukrainien est visé par des bombardements massifs russes.

L'électricité a également été rétablie à Kharkiv (est), la deuxième ville d'Ukraine, selon le gouverneur régional Oleg Sinegoubov. A Kramatorsk, en revanche, "l'approvisionnement en eau et en chauffage s'est arrêté", a déploré samedi après-midi le maire de cette ville de l'est.

La compagnie électrique nationale Ukrenergo, qui avait imposé des coupures d'urgence à la suite des attaques, a de son côté noté que, malgré des améliorations, le déficit énergétique restait "important".

Au total, 74 missiles - principalement des missiles de croisière - avaient été tirés par la Russie vendredi, dont 60 ont été abattus par la défense antiaérienne, d'après l'armée ukrainienne.

Kiev se retrouve dans l'obscurité après de nouvelles frappes russes, qui en plus des coupures d'électricité ont provoqué des coupures d'eau dans la capitale et à travers le pays, alors que Moscou se montre déterminée à détruire les infrastructures ukrainiennes.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a précisé que Kiev et quatorze régions avaient au total été affectées par des coupures de courant ou d'eau à la suite de ces bombardements.

"Toutes leurs cibles sont aujourd'hui civiles. Les frappes russes touchent principalement des installations d'approvisionnement en énergie et en chauffage", a dit le président ukrainien.


Des militaire ukrainiens évacuent des corps de soldats russes d'un hôpital détruit dans le village libéré de Petropavlivka, dans la région de Kharkiv en Ukraine. La région de Kharkiv a été sous occupation russe de février à octobre 2022.

L'armée russe a quant à elle clamé samedi avoir aussi visé la veille des cibles importantes pour la défense ukrainienne.

"Une frappe massive avec des armes de haute précision a été effectuée le vendredi 16 décembre contre des systèmes de commandement militaire, du complexe militaire et industriel et des sites énergétiques ukrainiens", a ainsi déclaré dans un communiqué le ministère russe de la Défense.

De nombreuses personnes se sont réfugiées dans le métro de Kiev, qui a été mis à l'arrêt pour que les stations puissent servir d'abris, à la suite d'une nouvelle salve de missiles qui a frappé les villes ukrainiennes.

"A l'issue de la frappe, une livraison d'armes et de munitions de fabrication étrangère a été empêchée, une avancée des réserves (en hommes des forces ukrainiennes) vers les zones de combat a été bloquée, le fonctionnement des entreprises de fabrication et de réparation d'armes (...) a été suspendu", a-t-il poursuivi.

Confrontée à une série de revers militaires cet automne, la Russie a opté à partir d'octobre pour une tactique de bombardements massifs visant à la destruction des réseaux et des transformateurs électriques, plongeant des millions de civils dans le froid et l'obscurité en plein hiver.

Sur les sites ukrainiens, nombreuses sont les compagnies qui font la publicité pour leurs groupes électrogènes miniatures...

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a condamné ce nouvel "exemple de la terreur aveugle du Kremlin", des "attaques cruelles et inhumaines" contre la population qui "constituent des crimes de guerre".

L'UE a d'ailleurs approuvé de nouvelles sanctions contre la Russie, en particulier l'interdiction d'y exporter des moteurs de drones. Ces "mesures restrictives unilatérales illégitimes" n'atteindront pas leur objectif, a réagi samedi le ministère russe des Affaires étrangères.

Kiev se retrouve dans l'obscurité après de nouvelles frappes russes, qui en plus des coupures d'électricité ont provoqué des coupures d'eau dans la capitale et à travers le pays.

Vladimir Poutine doit de son côté retrouver lundi à Minsk son homologue bélarusse Alexandre Loukachenko pour un sommet destiné à davantage resserrer leur alliance. Le Bélarus, le seul allié de la Russie dans cette guerre, a permis l'usage de son territoire pour l'assaut russe sur Kiev au début de l'invasion le 24 février.

Selon M. Loukachenko, la rencontre sera "avant tout (consacrée) à la sphère économique", mais les deux dirigeants parleront également de "la situation politico-militaire autour de (leurs) pays".

Dans un entretien publié jeudi, le commandant en chef de l'armée ukrainienne Valéry Zaloujny s'était dit convaincu que la Russie allait tenter une nouvelle attaque sur Kiev dans les premiers mois de 2023.

Avec AFP
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