©Le gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, s'exprime lors d'une conférence de presse au siège de la BoJ à Tokyo le 20 décembre 2022 (Photo par JIJI Press / AFP)
En assouplissant son contrôle des rendements des obligations publiques japonaises, la Banque du Japon a fait bondir le yen mardi et provoqué la surprise sur les marchés. Le gouverneur de la BoJ a cependant confirmé que "ce n'est pas une hausse de taux", ni un début de resserrement de sa politique monétaire ultra-laxiste.
La Banque du Japon (BoJ) a surpris les marchés mardi et fait bondir le yen en assouplissant son contrôle des rendements des obligations publiques japonaises, mais a juré que ce n'était pas un prélude à un abandon de sa politique monétaire ultra-accommodante.
Il s'agit du premier ajustement de la politique de la BoJ depuis mars 2021, quand l'institution avait déjà élargi la fourchette des rendements obligataires qu'elle tolère.
Mais dans le contexte actuel des resserrements monétaires drastiques menés ailleurs dans le monde pour maîtriser une inflation échevelée, le mouvement de la BoJ a pris une autre dimension.
L'institution va désormais tolérer une fluctuation des rendements à dix ans entre -0,5% et +0,5%. Elle fixait précédemment un plafond de 0,25%, malgré une forte pression à la hausse des taux obligataires nippons cette année à cause des resserrements monétaires aux Etats-Unis et en Europe.
Le siège de la Banque du Japon à Tokyo. (Photo de Richard A. Brooks / AFP)
Pour défendre cette ligne rouge, la BoJ était contrainte de racheter des montagnes d'obligations publiques nippones, gonflant encore davantage son bilan déjà démesuré et accentuant encore les distorsions du marché obligataire nippon.Cependant son nouvel ajustement n'est pas motivé par un quelconque changement de sa perception sur les perspectives de croissance et d'inflation au Japon, a souligné mardi son gouverneur Haruhiko Kuroda.
"Ce n'est pas une hausse de taux", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, ajoutant que les responsables de la BoJ était unanimes à juger "approprié" de garder un cap monétaire accommodant pour soutenir l'économie nippone et viser une stabilité de la hausse des prix autour de 2%.
"Ce n'est pas la première étape d'une sortie" de cette politique, a encore assuré M. Kuroda.
Lâcher un peu de lest sur son contrôle des rendements obligataires vise plutôt à améliorer le fonctionnement du marché et faciliter la "transmission" de sa politique monétaire accommodante et à mieux l'inscrire dans la durée, a expliqué la BoJ.
La plupart des analystes et acteurs de marché ne s'attendaient guère à une évolution du cap de la BoJ avant la fin, en avril prochain, du deuxième et dernier mandat de M. Kuroda, incarnation même de la politique monétaire ultra-accommodante nippone depuis 2013. Son successeur n'a pas encore été nommé par le gouvernement.
La Bourse de Tokyo a très mal pris les annonces de la BoJ, son indice vedette Nikkei clôturant en forte baisse de 2,46%.
A l'inverse le yen bondissait, alors qu'il avait chuté à partir de mars dernier par rapport au dollar du fait des politiques monétaires de plus en plus divergentes entre les deux côtés du Pacifique.
Vers 08H40 GMT le billet vert s'échangeait à un dollar pour 132,34 yens, contre plus de 137 yens avant les annonces de la BoJ.
Malgré les dénégations de M. Kuroda, "calmer les spéculations quant à une normalisation supplémentaire de la BoJ en 2023 ne sera pas simple", ont commenté des économistes de la banque ING dans une note.
Un homme regarde un tableau d'affichage électronique montrant les chiffres de la Bourse de Tokyo, le 20 décembre 2022, après que le Japon a annoncé une modification surprise de sa politique monétaire ultra-laxiste. (Photo de Richard A. Brooks / AFP)
3,6% d’inflation en un anAvec la flambée des prix des hydrocarbures sur fond d'invasion russe en Ukraine, l'inflation a aussi accéléré au Japon, dans des proportions moindres qu'ailleurs mais néanmoins exceptionnelles pour ce pays miné par une tendance déflationniste depuis les années 1990.
L'inflation japonaise hors produits frais a atteint 3,6% sur un an en octobre, un record depuis 40 ans. Des économistes s'attendent à un niveau de 4% en fin d'année.
La BoJ s'attend toujours à une décélération de l'inflation japonaise en 2023/24 car celle-ci est essentiellement due à la flambée des prix des importations nippones, transitoire selon l'institution.
La BoJ a maintenu mardi son taux d'intérêt négatif de -0,1% sur les dépôts des banques auprès d'elle et va continuer à acheter autant d'obligations publiques japonaises que nécessaire pour maintenir leurs rendements "autour de 0%", selon un communiqué.
Son entêtement à maintenir ses taux ultra-bas avait fait plonger cette année le yen à ses plus faibles niveaux face au dollar depuis 1990.
Un yen faible est habituellement bien vu par Tokyo, car cela rend les exportations japonaises plus compétitives et gonfle artificiellement les bénéfices des entreprises nationales générés à l'étranger.
Mais cela rogne aussi le pouvoir d'achat des ménages nippons à l'heure où les importations sont devenues si chères.
Le plongeon de la monnaie nationale a été si brutal qu'il a poussé l'Etat japonais à intervenir plusieurs fois en septembre-octobre sur le marché des changes, en vendant des dizaines de milliards de dollars de ses réserves de change pour soutenir le yen.
Avec AFP
La Banque du Japon (BoJ) a surpris les marchés mardi et fait bondir le yen en assouplissant son contrôle des rendements des obligations publiques japonaises, mais a juré que ce n'était pas un prélude à un abandon de sa politique monétaire ultra-accommodante.
Il s'agit du premier ajustement de la politique de la BoJ depuis mars 2021, quand l'institution avait déjà élargi la fourchette des rendements obligataires qu'elle tolère.
Mais dans le contexte actuel des resserrements monétaires drastiques menés ailleurs dans le monde pour maîtriser une inflation échevelée, le mouvement de la BoJ a pris une autre dimension.
L'institution va désormais tolérer une fluctuation des rendements à dix ans entre -0,5% et +0,5%. Elle fixait précédemment un plafond de 0,25%, malgré une forte pression à la hausse des taux obligataires nippons cette année à cause des resserrements monétaires aux Etats-Unis et en Europe.
Le siège de la Banque du Japon à Tokyo. (Photo de Richard A. Brooks / AFP)
Pour défendre cette ligne rouge, la BoJ était contrainte de racheter des montagnes d'obligations publiques nippones, gonflant encore davantage son bilan déjà démesuré et accentuant encore les distorsions du marché obligataire nippon.Cependant son nouvel ajustement n'est pas motivé par un quelconque changement de sa perception sur les perspectives de croissance et d'inflation au Japon, a souligné mardi son gouverneur Haruhiko Kuroda.
"Ce n'est pas une hausse de taux", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, ajoutant que les responsables de la BoJ était unanimes à juger "approprié" de garder un cap monétaire accommodant pour soutenir l'économie nippone et viser une stabilité de la hausse des prix autour de 2%.
"Ce n'est pas la première étape d'une sortie" de cette politique, a encore assuré M. Kuroda.
Lâcher un peu de lest sur son contrôle des rendements obligataires vise plutôt à améliorer le fonctionnement du marché et faciliter la "transmission" de sa politique monétaire accommodante et à mieux l'inscrire dans la durée, a expliqué la BoJ.
Évolution inattendue
La plupart des analystes et acteurs de marché ne s'attendaient guère à une évolution du cap de la BoJ avant la fin, en avril prochain, du deuxième et dernier mandat de M. Kuroda, incarnation même de la politique monétaire ultra-accommodante nippone depuis 2013. Son successeur n'a pas encore été nommé par le gouvernement.
La Bourse de Tokyo a très mal pris les annonces de la BoJ, son indice vedette Nikkei clôturant en forte baisse de 2,46%.
A l'inverse le yen bondissait, alors qu'il avait chuté à partir de mars dernier par rapport au dollar du fait des politiques monétaires de plus en plus divergentes entre les deux côtés du Pacifique.
Vers 08H40 GMT le billet vert s'échangeait à un dollar pour 132,34 yens, contre plus de 137 yens avant les annonces de la BoJ.
Malgré les dénégations de M. Kuroda, "calmer les spéculations quant à une normalisation supplémentaire de la BoJ en 2023 ne sera pas simple", ont commenté des économistes de la banque ING dans une note.
Un homme regarde un tableau d'affichage électronique montrant les chiffres de la Bourse de Tokyo, le 20 décembre 2022, après que le Japon a annoncé une modification surprise de sa politique monétaire ultra-laxiste. (Photo de Richard A. Brooks / AFP)
3,6% d’inflation en un anAvec la flambée des prix des hydrocarbures sur fond d'invasion russe en Ukraine, l'inflation a aussi accéléré au Japon, dans des proportions moindres qu'ailleurs mais néanmoins exceptionnelles pour ce pays miné par une tendance déflationniste depuis les années 1990.
L'inflation japonaise hors produits frais a atteint 3,6% sur un an en octobre, un record depuis 40 ans. Des économistes s'attendent à un niveau de 4% en fin d'année.
La BoJ s'attend toujours à une décélération de l'inflation japonaise en 2023/24 car celle-ci est essentiellement due à la flambée des prix des importations nippones, transitoire selon l'institution.
La BoJ a maintenu mardi son taux d'intérêt négatif de -0,1% sur les dépôts des banques auprès d'elle et va continuer à acheter autant d'obligations publiques japonaises que nécessaire pour maintenir leurs rendements "autour de 0%", selon un communiqué.
Son entêtement à maintenir ses taux ultra-bas avait fait plonger cette année le yen à ses plus faibles niveaux face au dollar depuis 1990.
Un yen faible est habituellement bien vu par Tokyo, car cela rend les exportations japonaises plus compétitives et gonfle artificiellement les bénéfices des entreprises nationales générés à l'étranger.
Mais cela rogne aussi le pouvoir d'achat des ménages nippons à l'heure où les importations sont devenues si chères.
Le plongeon de la monnaie nationale a été si brutal qu'il a poussé l'Etat japonais à intervenir plusieurs fois en septembre-octobre sur le marché des changes, en vendant des dizaines de milliards de dollars de ses réserves de change pour soutenir le yen.
Avec AFP
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