Qu’a-t-on donc omis des plans de redressement?
Puisque c’est la saison des bilans en cette fin d’année, on a aimé jeter un regard en rétrospective sur ce qui a été annoncé et parfois amorcé par les pontes du pouvoir au cours de ces trois années de crise. Et on a constaté deux phénomènes parallèles.

D’abord rien n’a été réalisé dans aucun domaine et par personne, trois ans de pure léthargie, un cas d’école. Ensuite, tout a été survolé  en théorie dans ce qu’on a pompeusement appelé "plans de redressement", sortes d’exercices de fin d’année en BTS de comptabilité.

Enfin… peut-être pas ‘tout car on s’est concentré dans ce ramassis de chiffres sur la façon de liquider l’entreprise Liban, après avoir annoncé sa faillite en mars 2000. Une liquidation en bonne et due forme avec vente aux enchères des meubles et tout, et dans la foulée, une mainmise sur les dépôts et les banques.

Cependant, un élément a été oublié dans ce magma, c’est l’économie. Dans aucun des documents présentés par le pouvoir, ou même par d’autres parties, y compris le FMI, on ne parle de la façon de relancer l’économie. Comment développer l’industrie, l’agriculture, l’immobilier, les investissements, les services...

Or, c’est la seule façon de sauver et faire revivre le pays, tout le reste n’étant que pure masturbation cérébrale. Et c’est la seule façon de récupérer les dépôts perdus, car c’est uniquement par la création de richesse qu’on arrive à en faire bénéficier les déposants, qui sont par ailleurs des agents économiques (salariés, entrepreneurs, industriels…). On ne peut continuer à vouloir racler une marmite vide pour compenser, promet-on, les dépôts inférieurs à plus ou moins 100.000 dollars. Il faut remplir d’abord la marmite, et tout un chacun en bénéficiera alors naturellement, par la force des choses et par la circulation normale de la monnaie.

Pour relancer l’économie, plusieurs conditions sont nécessaires, dont on va juste citer quelques-unes ici.


D’abord laisser faire un taux de change libre, unique et flottant, fixé par le seul marché, comme dans tout pays normal. Exit les excentricités appelées dollar douanier, Sayrafa, dollar des circulaires, etc. On est en train de créer ainsi des distorsions qui faussent tout le système économique, commercial et comptable. Les entrepreneurs n’arrivent plus à anticiper véritablement leur rentabilité. Le marché des dupes autour des spéculations sur le dollar, qui a essaimé dans la banlieue-sud et ailleurs, n’en est qu’un épiphénomène fâcheux, mais somme toute prévisible.

Secundo, éliminer ces fameuses entraves administratives ou politiques à la marche des affaires et aux investissements, dont le pays a la spécialité. Des contraintes qui ont toujours existé, mais qui ne cessent de s’envenimer. Faute de pouvoir ou vouloir le faire, on a institué un système d’exemptions fiscales inopportunes, marque de fabrique des pays sous-développés.

Tertio, relancer l’activité crédit des banques, un tremplin multiplicateur de richesses indispensable dans toute économie. On peut commencer par faire fructifier les deux milliards de dollars frais déposés actuellement dans le système bancaire. Un montant qui est appelé à se multiplier avec un retour progressif de la confiance. Si la sauce prend, certains peuvent dépoussiérer une partie de ces autres milliards enfouis dans les maisons pour investir à leur tour.

Quattro, il faut quand même que ces petits bonhommes du pouvoir changent un peu leurs manies cleptomanes, et s’abstiennent en ce temps délicat de se servir dans la caisse en saignant cette nouvelle économie à peine naissante. Je sais que c’est un sacrifice substantiel qu’on leur demande là, mais il faut faire contre mauvaise fortune bon cœur en se disant que ce n’est que partie remise.

Comme on n’arrive pas à les éliminer, faute de politique environnementale adéquate, tentons au moins de pratiquer un peu de recyclage.
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