Une probable entente avec la Turquie inquiète le nord syrien
©Demonstrators raise Syrian opposition flags and placards as they rally against a potential rapprochement between Ankara and the Syrian regime, on December 30, 2022, in the opposition-held city of al-Bab, on the border with Turkey, in Syria's northern Aleppo province - The defence ministers of Russia, Turkey and Syria met in Moscow on December 28, the first such talks since a war broke out in Syria, and discussed "ways to resolve the Syrian crisis, the problem of refugees, and joint efforts to combat extremist groups in Syria", the Russian defence ministry said. (Photo by Bakr ALKASEM / AFP)
Des manifestations ont eu lieu ce 30 décembre dans le nord de la Syrie. Des centaines de personnes protestaient contre la possible entente prochaine entre Ankara et Damas, alors que les deux parties s'étaient rencontrées la veille. Proches de la Turquie, les manifestants sont, en premier lieu, des opposants féroces à Bachar al-Assad.

Des centaines d'opposants au président syrien Bachar al-Assad ont manifesté vendredi dans le nord de la Syrie contre une possible entente entre Ankara et Damas au surlendemain d'une réunion tripartite à Moscou.

Il s'agissait de la première rencontre officielle au niveau ministériel entre la Turquie et la Syrie depuis le début de la guerre en Syrie en 2011 qui avait vu Ankara prendre le parti des groupes rebelles syriens.

"La révolution est une idée, vous ne pouvez pas tuer une idée", pouvait-on lire en arabe, russe et turc sur des banderoles brandies par des centaines de manifestants rassemblés à al-Bab, selon un photographe de l'AFP.

Cette ville située dans le nord de la province d'Alep est contrôlée par des factions syriennes d'opposition fidèles à la Turquie.

Les manifestations ont rassemblé des milliers d'opposants au régime syrien. (AFP)

"On ne peut pas se réconcilier, on ne veut pas se réconcilier" avec le gouvernement syrien, a martelé à l'AFP Sobhi Khabiyeh, 54 ans et déplacé de la banlieue de Damas, qualifiant le président Assad de "criminel".

"Ne vous alliez pas avec Assad contre nous", a-t-il ajouté, en s'adressant à la Turquie.

Mercredi, les ministres turc et syrien et russes de la Défense ont notamment discuté "des façons de résoudre la crise syrienne" et "des efforts conjoints pour combattre les groupes extrémistes", selon la Russie.


Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a plusieurs fois qualifié M. Assad d'"assassin" ces dernières années, avait évoqué le mois dernier une "possible" rencontre avec ce dernier.

Des manifestations contre ce rapprochement ont eu lieu dans d'autres régions du nord de la province d'Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni qui dispose d'un vaste réseau de sources dans le pays.

"Plutôt mourir que de nous réconcilier avec Assad", lançaient notamment les manifestants.

De nombreux enfants étaient également présents (AFP)

Dans la ville d'Idleb (nord-ouest), sous contrôle du groupe jihadiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda), des dizaines de personnes ont scandé des slogans hostiles au président turc.

"Je suis venue exprimer mon rejet des déclarations appelant à un rapprochement avec le régime criminel d'Assad", a déclaré Salwa Abdel Rahmane, une manifestante, à Idleb.

La rencontre en Russie, alliée de Damas, a eu lieu alors que la Turquie a depuis quelques semaines intensifié ses bombardements contre des positions de combattants kurdes, qu'elle qualifie de "terroristes", dans le nord de la Syrie et menace de déclencher une offensive terrestre contre eux pour laquelle elle aimerait obtenir le feu vert de Damas et Moscou.

Dans le nord-est du pays, région en grande partie dominée par les Kurdes, le Conseil démocratique syrien, bras politique des Forces démocratiques syriennes (FDS, coalition armée dirigée par les Kurdes), a dit dans un communiqué regarder "avec méfiance" la rencontre de mercredi, appelant les Syriens à "affronter cette alliance".

Avec AFP
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