Eau en bouteille: entre danger de contaminations et coût prohibitif 
Nous buvons l’eau en bouteille, tout en ignorant si elle est salubre. Car ce qui importe, c’est qu’elle soit abordable. Après tout, les prix de l’eau mise en bouteille dépassent le pouvoir d’achat du citoyen. Ce qui a poussé nombre de familles à chercher des alternatives moins saines.

De fait, en l’absence d’un contrôle sanitaire sérieux, le problème de la contamination de l’eau mise en bouteille par certains magasins de vente d’eau en détail constitue un danger, puisque la majorité de cette eau est contaminée. C’est ce qui a été d’ailleurs démontré dans le cadre de la campagne menée par le mohafez du Mont-Liban, Mohammed el-Makkaoui, sur la salubrité de l’eau. Résultat: des bactéries ont été trouvées dans plusieurs échantillons d’eau prélevée dans cette région.

Le chaos observé au niveau de l’assainissement de l’eau et de sa mise en bouteille a permis l’émergence sur l’ensemble du territoire de «boutiques d’embouteillage d’eau» qui se livrent à cette activité en toute impunité. La question qui se pose est celle de savoir s’il est toujours possible de miser sur la qualité de cette eau.

Selon une source du ministère de l’Industrie, celui-ci «ne sera pas conciliant à l’égard des stations d’épuration et d’assainissement de l’eau potable, parce qu’il s’agit d’un problème très grave qui menace la santé et la sécurité des citoyens».

Dans les mêmes milieux, on souligne que «le chaos qui sévit dans le secteur et la prolifération d’entreprises illégales est susceptible de nuire à la santé des gens d’une part et de porter préjudice aux entreprises réglementaires qui se conforment aux lois en vigueur d’autre part». «Le ministère envisage de réorganiser le secteur conformément à la législation, pour mettre fin à l’expansion anarchique des usines illégales pour le traitement de l’eau».

La responsable du département de contrôle et de la sécurité sanitaire des aliments à la municipalité de Ghobeyri, Abir al-Khansa, souligne de son côté que «48 magasins d’embouteillage d’eau en détail ont été recensées par la municipalité». «Nous avons trouvé des bactéries dans l’eau», constate-t-elle, précisant que ce recensement a été effectué après que le mohafez du Mont-Liban a publié plusieurs décisions conformément auxquelles 68 magasins d’embouteillage d’eau ont été mis sous scellés et 18 autres fermés. «Des avertissements ont également été adressés à 26 magasins pour qu’ils régularisent leur situation, ajoute-t-elle. Ils doivent à cet effet présenter la preuve qu’ils ont éliminé les causes qui ont entraîné les mesures prises à leur encontre et qu’ils se conforment aux critères de santé définis par le département adéquat» de la municipalité.


Mme Khansa fait remarquer que ces magasins d’embouteillage d’eau ont émergé suite à la baisse du pouvoir d’achat de la population. «Tout le monde n’a pas les moyens d’acheter des bouteilles d’eau scellées», constate-t-elle. Et d’affirmer que «la majorité de ces magasins sont illégaux, bien que leurs propriétaires ont, à maintes reprises, essayé d’obtenir une autorisation auprès du ministère de l’Industrie». «Mais ils n’ont pas réussi à le faire, parce que ce genre de magasins n’est pas classifié au ministère», précise-t-elle.

Pour Mme Khansa, il est nécessaire que «l’eau vendue dans les magasins provienne d’une station d’épuration». «Celles-ci doivent être légales, insiste-t-elle. Elles doivent aussi transporter l’eau dans des camions-citernes qui répondent aux critères de santé publique. Cela doit se faire sous la supervision des responsables pour s’assurer que l’eau reste salubre. Il en est de même pour son transport à l'intérieur même du magasin, puisque celui-ci doit se faire de manière sûre, sachant que tous les équipements utilisés dans l’embouteillage et le transport de l’eau doivent être stérilisés». Et la responsable d’appeler les autorités concernées à «réglementer le secteur et à mettre en place un système de traçabilité depuis la source d’eau jusqu’à la distribution, en passant par l’embouteillage et le stockage, pour s’assurer que toutes ces étapes répondent aux critères de santé publique».

Sur le plan scientifique, les polluants de l’eau entraînent plusieurs maladies, affectant surtout le système digestif. Le Dr Ghassan Hamadé, gastro-entérologue, explique que «la pollution de l’eau est l’une des principales causes de maladie, et parfois de décès, chez l’être humain».

Il estime que «l’eau potable contaminée reste le principal danger pour la santé, suivie de l’eau polluée des piscines, de l’eau d’irrigation contaminée, et de celle utilisée dans les restaurants et les centres de santé qui ne répondent à aucun critère de santé publique».

Les principales maladies causées par la pollution de l’eau sont: la fièvre typhoïde, l’hépatite A, la dysenterie, une infection à la bactérie E. coli, la giardiase (infection de l’intestin grêle) et le choléra. Toutes ces maladies se manifestent principalement par une diarrhée, des vomissements et une nausée, accompagnés souvent de fièvre et d’une fatigue. «Dans certains cas, des complications peuvent survenir comme une insuffisance rénale, une septicémie et une hépatite aiguë pouvant entraîner une insuffisance hépatique, voire la mort du patient, précise le Dr Hamadé. D’où la nécessité de les diagnostiquer à un stade précoce.»
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