Kevin McCarthy, élu à la tête de la Chambre des représentants dans la nuit de vendredi à samedi, serait-il un Lorenzaccio des républicains, en tant qu'ancien trumpiste repenti après l'assaut du Capitole du 6 janvier 2021? Ou ce Californien de 57 ans, se revendiquant self made man et défendant le rêve américain, est-il avant tout pragmatique? Son élection marque en tout cas l'apogée d'un ambitieux, qui a dû avaler plus d'une couleuvre pour en arriver là.
Cet homme au teint hâlé et à la mèche grise impeccable accède à 57 ans au poste prestigieux de "speaker" qu'il visait depuis des années. Mais la durée interminable de son élection, véritable épopée qui a nécessité 15 tours, le fragilise. L'élu de Californie, qui dirige depuis 2014 le groupe républicain à la chambre basse du Congrès, s'est heurté à la rébellion d'une vingtaine d'élus trumpistes, qui lui reprochaient d'être trop timoré, pas assez solidaire de l'ex-président ou encore de manquer de convictions.
L'ex-président américain Donald Trump à côté de Kevin McCarthy, alors membre du Congrès américain, en 2020. (AFP)
Compte-tenu de la contre-performance du parti aux élections de mi-mandat, il a dû les courtiser pendant quatre jours pour les faire rentrer dans les rangs. Ce n'est pas la première fois que cet homme pragmatique a dû courber l'échine pour atteindre ses objectifs. Parti d'un positionnement républicain classique, axé sur la défense du marché et la réussite individuelle, Kevin McCarthy a pleinement endossé le glissement à droite de sa formation politique sur l'immigration, la criminalité ou contre les droits des personnes transgenres.
Face aux allégations de fraude électorale martelées sans preuve par Donald Trump et à l'assaut du Capitole, il a opéré un pas de deux plus ambigu. Partisan du milliardaire républicain dans les primaires de 2015, Kevin McCarthy avait initialement soutenu sa croisade contre le résultat des élections de 2020.
Dès le 13 janvier 2021, Kevin McCarthy, alors chef des républicains à la Chambre, avait reconnu que l'ex-président américain Donald Trump portait une "responsabilité" dans les violences du Capitole, le 6 janvier 2021. (AFP)
Puis, secoué par l'attaque contre le siège du Congrès le 6 janvier 2021, il avait rapidement déclaré que Donald Trump "portait une responsabilité" dans ces violences. Mais une semaine plus tard, il se faisait photographier tout sourire à ses côtés dans les salons dorés de Mar-a-Lago, la résidence de Floride du magnat de l'immobilier.
"Aujourd'hui, le président Trump s'est engagé à aider à élire des républicains à la Chambre et au Sénat en 2022", avait-il alors justifié, en louant les vertus d'un "mouvement conservateur uni". Au nom de cette unité, Kevin McCarthy a également opéré un rapprochement avec les fidèles lieutenants de Donald Trump au Congrès, dont le pugnace Jim Jordan.
Mais d'autres partisans de l'ancien président n'ont pas été convaincus, persistant à le défier même après que Donald Trump les a appelés à "voter Kevin". Il "s'est vendu à tout le monde pendant des décennies", a justifié l'abrasif Matt Gaetz. Finalement, à force de concessions, il a arraché d'un cheveu la victoire, tenant sa revanche sur sa précédente tentative, en 2015. À l'époque, il était déjà favori, mais une bourde l'avait forcé à retirer sa candidature.
Lors d'un entretien télévisé, il s'était vanté qu'une commission d'enquête sur l'attentat contre l'ambassade américaine en Libye ait sapé les chances de la secrétaire d'État Hillary Clinton dans la campagne présidentielle. Ses propos avaient été perçus comme l'aveu d'une instrumentalisation politique du drame, inacceptable pour l'opinion. Né en 1965 à Bakersfield, un bastion républicain au cœur de l'État démocrate de Californie, Kevin McCarthy est le fils d'un pompier et d'une femme au foyer démocrates.
Sur son site internet, il met en avant ses origines populaires et promet de "défendre le rêve américain pour ceux qui travaillent dur". Il raconte aussi comment il a ouvert à 21 ans un petit commerce de sandwichs et découvert les tracas de la bureaucratie. Il a cependant vite repris des études universitaires et est devenu assistant parlementaire, puis élu local, jusqu'à faire son entrée à la Chambre des représentants en 2006. Homme de réseaux, il est passé maître dans l'art des collectes de fonds et des poignées de main. Depuis que les démocrates ont repris la Maison-Blanche, le Californien a choisi l'opposition frontale.
Il y a un an, par exemple, il a monopolisé la parole à la Chambre pendant plus de huit heures, uniquement pour retarder le vote sur un plan massif d'investissements dans les infrastructures porté par le président Joe Biden. Rappelant cet épisode, il a minimisé l'importance du mélodrame vécu cette semaine, du jamais vu depuis 1859. "Je détiens le record du plus long discours dans l'hémicycle, je n'ai pas de problème à décrocher celui du plus grand nombre de tours de vote pour être élu speaker!"
Maxime Pluvinet avec AFP
Cet homme au teint hâlé et à la mèche grise impeccable accède à 57 ans au poste prestigieux de "speaker" qu'il visait depuis des années. Mais la durée interminable de son élection, véritable épopée qui a nécessité 15 tours, le fragilise. L'élu de Californie, qui dirige depuis 2014 le groupe républicain à la chambre basse du Congrès, s'est heurté à la rébellion d'une vingtaine d'élus trumpistes, qui lui reprochaient d'être trop timoré, pas assez solidaire de l'ex-président ou encore de manquer de convictions.
L'ex-président américain Donald Trump à côté de Kevin McCarthy, alors membre du Congrès américain, en 2020. (AFP)
Courtisan pragmatique
Compte-tenu de la contre-performance du parti aux élections de mi-mandat, il a dû les courtiser pendant quatre jours pour les faire rentrer dans les rangs. Ce n'est pas la première fois que cet homme pragmatique a dû courber l'échine pour atteindre ses objectifs. Parti d'un positionnement républicain classique, axé sur la défense du marché et la réussite individuelle, Kevin McCarthy a pleinement endossé le glissement à droite de sa formation politique sur l'immigration, la criminalité ou contre les droits des personnes transgenres.
Face aux allégations de fraude électorale martelées sans preuve par Donald Trump et à l'assaut du Capitole, il a opéré un pas de deux plus ambigu. Partisan du milliardaire républicain dans les primaires de 2015, Kevin McCarthy avait initialement soutenu sa croisade contre le résultat des élections de 2020.
Dès le 13 janvier 2021, Kevin McCarthy, alors chef des républicains à la Chambre, avait reconnu que l'ex-président américain Donald Trump portait une "responsabilité" dans les violences du Capitole, le 6 janvier 2021. (AFP)
Puis, secoué par l'attaque contre le siège du Congrès le 6 janvier 2021, il avait rapidement déclaré que Donald Trump "portait une responsabilité" dans ces violences. Mais une semaine plus tard, il se faisait photographier tout sourire à ses côtés dans les salons dorés de Mar-a-Lago, la résidence de Floride du magnat de l'immobilier.
"Aujourd'hui, le président Trump s'est engagé à aider à élire des républicains à la Chambre et au Sénat en 2022", avait-il alors justifié, en louant les vertus d'un "mouvement conservateur uni". Au nom de cette unité, Kevin McCarthy a également opéré un rapprochement avec les fidèles lieutenants de Donald Trump au Congrès, dont le pugnace Jim Jordan.
Concessions
Mais d'autres partisans de l'ancien président n'ont pas été convaincus, persistant à le défier même après que Donald Trump les a appelés à "voter Kevin". Il "s'est vendu à tout le monde pendant des décennies", a justifié l'abrasif Matt Gaetz. Finalement, à force de concessions, il a arraché d'un cheveu la victoire, tenant sa revanche sur sa précédente tentative, en 2015. À l'époque, il était déjà favori, mais une bourde l'avait forcé à retirer sa candidature.
Lors d'un entretien télévisé, il s'était vanté qu'une commission d'enquête sur l'attentat contre l'ambassade américaine en Libye ait sapé les chances de la secrétaire d'État Hillary Clinton dans la campagne présidentielle. Ses propos avaient été perçus comme l'aveu d'une instrumentalisation politique du drame, inacceptable pour l'opinion. Né en 1965 à Bakersfield, un bastion républicain au cœur de l'État démocrate de Californie, Kevin McCarthy est le fils d'un pompier et d'une femme au foyer démocrates.
Rêve américain
Sur son site internet, il met en avant ses origines populaires et promet de "défendre le rêve américain pour ceux qui travaillent dur". Il raconte aussi comment il a ouvert à 21 ans un petit commerce de sandwichs et découvert les tracas de la bureaucratie. Il a cependant vite repris des études universitaires et est devenu assistant parlementaire, puis élu local, jusqu'à faire son entrée à la Chambre des représentants en 2006. Homme de réseaux, il est passé maître dans l'art des collectes de fonds et des poignées de main. Depuis que les démocrates ont repris la Maison-Blanche, le Californien a choisi l'opposition frontale.
Il y a un an, par exemple, il a monopolisé la parole à la Chambre pendant plus de huit heures, uniquement pour retarder le vote sur un plan massif d'investissements dans les infrastructures porté par le président Joe Biden. Rappelant cet épisode, il a minimisé l'importance du mélodrame vécu cette semaine, du jamais vu depuis 1859. "Je détiens le record du plus long discours dans l'hémicycle, je n'ai pas de problème à décrocher celui du plus grand nombre de tours de vote pour être élu speaker!"
Maxime Pluvinet avec AFP
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