Kiev célèbre Noël en pleine guerre, Poutine fête seul au Kremlin
La Russie et l'Ukraine, en guerre depuis février 2022, célébraient samedi la fête du Noël orthodoxe, confession majoritaire dans les deux pays. Les Ukrainiens ont fêté Noël en pleine guerre, parfois jusque dans des abris souterrains. Vladimir Poutine a assisté seul à un service religieux célébré dans une église du Kremlin, alors que la trêve qu'il avait annoncée a pris fin sans une véritable cessation des hostilités.

Samedi, pour la première fois, le métropolite Épiphane, chef de l'Eglise orthodoxe d'Ukraine, a dirigé une liturgie de Noël dans la cathédrale de l'Assomption du monastère de la laure des Grottes de Kiev, anciennement dépendant du patriarcat de Moscou.

Vladimir Poutine a assisté seul à un service religieux célébré dans une église du Kremlin vendredi à minuit pour la Noël orthodoxe, marquée par l'offensive russe en Ukraine.

Le président russe a suivi la célébration dans la cathédrale de l'Annonciation, conçue à l'origine comme une église pour les tsars, menée par des prêtres en aubes dorées dont certains tenaient des candélabres, selon les images diffusées par le Kremlin.

Vladimir Poutine a assisté seul à un service religieux célébré dans une église du Kremlin, conçue à l'origine comme une église pour les tsars.

Les années précédentes, Vladimir Poutine avait pour habitude d'assister aux services religieux pour la Noël orthodoxe dans des provinces russes ou en périphérie de Moscou.

Dans un message diffusé samedi par le Kremlin, le président russe a adressé ses félicitations aux chrétiens orthodoxes, indiquant que ce jour inspire "de bonnes actions et aspirations".

Il a dit aussi prier pour l'Eglise orthodoxe, dont le chef influent, le patriarche Kirill, a pleinement soutenu l'offensive des forces armées russes en Ukraine décidée par Vladimir Poutine.

Kirill, le patriarche de Moscou et de toutes les Russies, a célébré la messe de Noël en la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou.

Le patriarche Kirill a appelé les croyants à soutenir les "frères" pro-russes pendant l'offensive russe dans l'est de l'Ukraine. Depuis le début de l'offensive en Ukraine le 24 février, il a prononcé des sermons dans lesquels il donnait sa bénédiction aux troupes russes tout en fustigeant les autorités ukrainiennes.

Le 7 janvier du calendrier civil (grégorien) correspond au 25 décembre de l'ancien calendrier julien que l'Église orthodoxe continue de suivre, en décalage depuis le XVIe siècle avec les catholiques.

Serhiy Petrovytch Doumenko ou Épiphane d'Ukraine, métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine, primat de l'Église orthodoxe d'Ukraine créée en 2018-2019 après un schisme avec l'Eglise russe.

Côté ukrainien, des centaines de fidèles ont assisté samedi à une liturgie historique dans le célèbre monastère de la laure des Grottes de Kiev, autrefois sous la juridiction du patriarcat de Moscou mais passé en décembre dans le giron de l'Eglise ukrainienne indépendante.

"Nous avons attendu longtemps pour que ce sanctuaire nous soit remis. C'est un événement véritablement historique, que tous les Ukrainiens attendaient", a dit à l'AFP Veronika Martyniouk, 19 ans, qui dirige la chorale.

La chorale des jeunes de la cathédrale de l'Assomption.

"Chaque pays a son Eglise. Et nous avons notre propre Eglise - c'est très bien, une Eglise ukrainienne, c'est comme ça que ça doit être", a abondé Oksana Sobko, 47 ans, une fidèle.

Des centaines de fidèles ont assisté samedi à un office historique à l'occasion du Noël orthodoxe dans le célèbre monastère de la laure des Grottes de Kiev, anciennement dépendant du patriarcat de Moscou mais passé dans le giron ukrainien du fait de la guerre.


Pour la première fois, le métropolite Epifany, chef de l'Eglise orthodoxe d'Ukraine créée en 2018-2019 après un schisme avec l'Eglise russe, a dirigé une liturgie de Noël dans la cathédrale de l'Assomption de ce monastère du XIe siècle, le plus important du pays.

Les croyants, dont des hommes en uniforme militaire ukrainien, étaient rassemblés sous une forte présence policière.

Les croyants, dont des hommes en uniforme militaire, étaient rassemblés sous une forte présence policière, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les fidèles devaient montrer leur passeport et passer par des portiques détecteurs de métaux.

Situé dans la capitale ukrainienne, ce monastère était le siège de la branche de l'Eglise orthodoxe ukrainienne dépendante du patriarcat de Moscou, qui a rompu ses liens avec la Russie en mai.

Malgré cette prise de distance, les responsables de cette branche sont sous pression des autorités ukrainiennes, qui ont mené ces dernières semaines plusieurs perquisitions dans des édifices religieux et sanctionné des ecclésiastiques pour leurs prises de position jugées prorusses.

Des enfants portant des habits ukrainiens traditionnels à Lviv.

La laure des Grottes de Kiev, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, avait aussi été perquisitionnée. En décembre, le monastère a été transféré sous la juridiction de l'Eglise ukrainienne indépendante du patriarcat de Moscou.

A Tchassiv Iar, près du front, une messe a été célébrée dans une cave plutôt qu'à l'église, de peur des bombardements. Il ne reste que neuf fidèles de la paroisse, les autres ont fui la ville.

"Dieu merci, nous nous sommes réunis, c'est déjà ça", a déclaré Zinaïda Artioukhina, 62 ans, seul membre restant de la chorale de l'église.

Près du front, une messe a été célébrée dans une cave, de peur des bombardements.

Même s'il avait été respecté, le cessez-le-feu décrété par Vladimir Poutine n'aurait offert que 36 heures de répit dans un conflit de grande intensité, qui dure depuis près de 11 mois.

"Le monde a pu voir encore une fois aujourd'hui combien sont mensongers tous les mots prononcés jusqu'au plus haut niveau à Moscou", a dit le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un message vidéo publié dans la soirée.

"Ils ont parlé d'un prétendu cessez-le-feu... mais la réalité est que les obus russes ont continué de frapper Bakhmout (est, ndlr) et les autres positions ukrainiennes", a-t-il ajouté, martelant que la seule solution était "l'expulsion des occupants russes des terres ukrainiennes".



Le cessez-le-feu, décrété par Moscou à partir de vendredi midi, a pris fin à minuit samedi (21H00 GMT), l'Ukraine accusant l'armée russe de ne pas l'avoir respecté, et la Russie accusant en retour les Ukrainiens d'en avoir empêché l'application en la forçant à riposter.

Kiev avait d'emblée rejeté l'annonce du Kremlin, encore qualifiée de "fake" samedi par le conseiller de la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podoliak, affirmant qu'il s'agissait d'une ruse pour gagner du temps. Washington, Paris, Londres, Berlin et l'UE ont eux aussi dénoncé l'"hypocrisie" de Moscou.

Avec AFP
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