Bolloré pourrait se séparer d'une branche emblématique: l'armateur italo-suisse MSC a proposé au groupe français de lui racheter ses activités de logistique en Afrique pour 5,7 milliards d'euros.
"Le groupe Bolloré annonce avoir reçu une offre du groupe MSC, acteur majeur du transport et de la logistique par conteneurs, pour l'acquisition de 100% de Bolloré Africa Logistics, regroupant l'ensemble des activités de transport et logistique du groupe Bolloré en Afrique, sur la base d'une valeur d'entreprise, nette des intérêts minoritaires, de 5,7 milliards d'euros", écrit l'entreprise.
Plus rentable que la logistique internationale de Bolloré, la branche de logistique africaine reste plus petite en chiffre d'affaires, avec 2,1 milliards d'euros réalisés en 2020, sur un total de 24,1 milliards pour le groupe. Elle emploie plus de 20.000 personnes.
"Le groupe conservera, dans tous les cas, une présence importante en Afrique, notamment à travers Canal+, premier opérateur de télévision payante en Afrique francophone et actionnaire important de MultiChoice, le leader de la télévision payante en Afrique anglophone. Il y poursuivra également ses développements dans de nombreux secteurs comme la communication, le divertissement, les télécoms, l'édition", a indiqué l'entreprise lundi.
Bien avant les médias, la logistique et l'Afrique ont fait la fortune de Vincent Bolloré, qui a pris en 1986 le contrôle de la SCAC (Société commerciale d'affrètement et de combustible) au moment de sa privatisation.
Le groupe français s'est ensuite développé sur le continent, s'appuyant sur ses relations avec les dirigeants politiques et incarnant pour certains l'image de la Françafrique néocoloniale.
Accusé par la justice française d'avoir apporté son aide à des campagnes électorales en échange de l'attribution de concessions portuaires au Togo et en Guinée, le groupe a accepté en début d'année une convention comprenant une amende de 12 millions d'euros et une surveillance par l'Agence française anticorruption.
La juge avait cependant refusé d'homologuer la reconnaissance préalable de culpabilité acceptée par Vincent Bolloré (qui a laissé en 2019 les manettes du groupe à son fils Cyrille) et deux autres responsables. Leur dossier a été renvoyé à l'instruction.
L'aboutissement de la transaction avec MSC ne pourrait intervenir "qu'à l'issue des procédures d'information et de consultation des instances représentatives du personnel compétentes et de certaines opérations de réorganisation internes au groupe Bolloré", a souligné lundi ce dernier.
En outre, "la réalisation de la cession serait soumise à l'obtention d'autorisations réglementaires et des autorités de la concurrence compétentes, ainsi qu'à l'accord de certaines des contreparties de Bolloré Africa Logistics", selon le communiqué de Bolloré, qui "fera connaître, le moment venu, les suites de ces négociations exclusives".
MSC, basé à Genève, est un géant mondial du transport par conteneur: il revendique une flotte de 560 navires et plus de 100.000 employés. Présent dans la gestion de terminaux de Singapour à Long Beach (Californie, ouest des Etats-Unis) en passant par Rotterdam, il exploite aussi un réseau de transports routiers.
Mais ce groupe appartenant à la famille Aponte est davantage connu du grand public pour ses activités passagers: des car-ferries en Méditerranée et surtout les croisières MSC Cruises, qui possèdent 21 paquebots et ont transporté 2,7 millions de passagers en 2019, avant que la pandémie de Covid-19 ne bouleverse le secteur.
AFP
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