Paul Auster, qui publie un essai sur les armes à feu aux États-Unis, a acquis une grande notoriété en France pour ses romans new-yorkais peuplés de personnages marginaux et désorientés.
Pays de Sang, une histoire de la violence par arme à feu aux États-Unis paraît mardi en Amérique et le 8 février en France (Actes Sud), pays que Paul Auster considère comme son « deuxième pays ». Démocrate, il avait déjà livré un pamphlet politique contre l’Amérique des années Bush avec le roman Seul dans le noir (2009). Il y évoquait le basculement de son pays « dans un monde parallèle » avec la guerre en Irak et le 11 -septembre, à travers l’évocation d’une guerre civile imaginaire que se raconte un insomniaque dépressif.
Un pas de côté déjà pour ce romancier qui perce en 1987 sur la scène internationale avec sa Trilogie new-yorkaise. Dans Cité de Verre, Revenants et La Chambre dérobée, ses personnages enquêtent sur leur identité à la manière de détectives perdus dans le labyrinthe de Manhattan, hérissé de gratte-ciel où tout n’est que reflets et faux-semblants. « Parfois New York est le centre de l’histoire, parfois elle n’en est que la périphérie. New York, ville où je vis et où j’écris, est une image qui vit dans ma réalité et dans mes fictions », raconte-t-il.
C’est à Newark, une banlieue new-yorkaise, que Paul Auster naît en 1947 de parents descendant de juifs ashkénazes. Très jeune, il est attiré par cette ville où il passe ses week-ends. Il s’y installe à 18 ans pour y étudier la littérature française, italienne et britannique à l’université de Columbia de 1965 à 1970.
Plus tard, il s’ancre à Brooklyn, quartier familial qu’il célèbre dans Smoke (Ours d’argent à Berlin en 1995) et sa suite Brooklyn Boogie, deux films qu’il réalise avec Wayne Wang. Après ses études, il vit à Paris de 1971 à 1975. Il occupe une chambre de bonne, rencontre une prostituée qui lui récite du Baudelaire et manque de s’inscrire à l’institut des hautes études cinématographiques. Il écrit des scenarii pour films muets ; traduis Breton, Mallarmé, Michaux et Dupin. Il perfectionne son français qu’il manie d’une voix éraillée par les cigarillos qu’il affectionne. Paris le consacrera en 1993 avec le prix Médicis étranger pour Léviathan. Unearth, son premier recueil de poèmes, paraît en 1974, mais il doit accumuler les petits boulots : il embarque comme homme à tout faire sur un pétrolier.
L’héritage de son père mort en 1979 lui permet de se consacrer à l’écriture. Après un divorce d’avec l’écrivaine Lydia Davis dont il a un fils, il se marie en 1981 avec la romancière américaine, Siri Hustvedt. C’est le début d’une nouvelle vie pour ce grand brun hédoniste, aux cheveux peignés en arrière et aux yeux cernés légèrement exorbités. Il publie L’invention de la solitude (1982), un roman autobiographique où il tente de cerner la personnalité de son père, figure « invisible » qui inspirera ses personnages aux prises avec un double inquiétant. C’est le cas notamment dans Moon Palace (1990), roman initiatique d’un orphelin, qui lui apporte enfin la reconnaissance américaine.
Fin connaisseur des ficelles narratives, Paul Auster aime jouer avec le lecteur : anagrammes entre les noms, mises en abîme, récits fragmentés. Leviathan, Le livre des illusions (2007) ou encore le phénoménal 4321 (2018), brouillent les frontières entre fiction et réalité. Au risque parfois d’être trop confus et de déplaire. Avec Excursions dans la zone intérieure (2014), il décide, « à l’hiver de sa vie », de reconstituer le puzzle de son existence à travers la description des mutations de son corps. « Je veux essayer de montrer, de faire ressentir ce que c’est qu’être vivant. La vie est à la fois merveilleuse et horrible et ma tâche est de capturer ces moments-là. Voilà ma mission d’écrivain. Rien de plus ».
Son fils David, inculpé en avril 2022 d’homicide involontaire sur sa fillette de 10 mois décédée après une intoxication au fentanyl et à l’héroïne, a lui-même succombé quelques jours après à « une overdose accidentelle ».
AFP
Pays de Sang, une histoire de la violence par arme à feu aux États-Unis paraît mardi en Amérique et le 8 février en France (Actes Sud), pays que Paul Auster considère comme son « deuxième pays ». Démocrate, il avait déjà livré un pamphlet politique contre l’Amérique des années Bush avec le roman Seul dans le noir (2009). Il y évoquait le basculement de son pays « dans un monde parallèle » avec la guerre en Irak et le 11 -septembre, à travers l’évocation d’une guerre civile imaginaire que se raconte un insomniaque dépressif.
Un pas de côté déjà pour ce romancier qui perce en 1987 sur la scène internationale avec sa Trilogie new-yorkaise. Dans Cité de Verre, Revenants et La Chambre dérobée, ses personnages enquêtent sur leur identité à la manière de détectives perdus dans le labyrinthe de Manhattan, hérissé de gratte-ciel où tout n’est que reflets et faux-semblants. « Parfois New York est le centre de l’histoire, parfois elle n’en est que la périphérie. New York, ville où je vis et où j’écris, est une image qui vit dans ma réalité et dans mes fictions », raconte-t-il.
C’est à Newark, une banlieue new-yorkaise, que Paul Auster naît en 1947 de parents descendant de juifs ashkénazes. Très jeune, il est attiré par cette ville où il passe ses week-ends. Il s’y installe à 18 ans pour y étudier la littérature française, italienne et britannique à l’université de Columbia de 1965 à 1970.
Plus tard, il s’ancre à Brooklyn, quartier familial qu’il célèbre dans Smoke (Ours d’argent à Berlin en 1995) et sa suite Brooklyn Boogie, deux films qu’il réalise avec Wayne Wang. Après ses études, il vit à Paris de 1971 à 1975. Il occupe une chambre de bonne, rencontre une prostituée qui lui récite du Baudelaire et manque de s’inscrire à l’institut des hautes études cinématographiques. Il écrit des scenarii pour films muets ; traduis Breton, Mallarmé, Michaux et Dupin. Il perfectionne son français qu’il manie d’une voix éraillée par les cigarillos qu’il affectionne. Paris le consacrera en 1993 avec le prix Médicis étranger pour Léviathan. Unearth, son premier recueil de poèmes, paraît en 1974, mais il doit accumuler les petits boulots : il embarque comme homme à tout faire sur un pétrolier.
L’héritage de son père mort en 1979 lui permet de se consacrer à l’écriture. Après un divorce d’avec l’écrivaine Lydia Davis dont il a un fils, il se marie en 1981 avec la romancière américaine, Siri Hustvedt. C’est le début d’une nouvelle vie pour ce grand brun hédoniste, aux cheveux peignés en arrière et aux yeux cernés légèrement exorbités. Il publie L’invention de la solitude (1982), un roman autobiographique où il tente de cerner la personnalité de son père, figure « invisible » qui inspirera ses personnages aux prises avec un double inquiétant. C’est le cas notamment dans Moon Palace (1990), roman initiatique d’un orphelin, qui lui apporte enfin la reconnaissance américaine.
Fin connaisseur des ficelles narratives, Paul Auster aime jouer avec le lecteur : anagrammes entre les noms, mises en abîme, récits fragmentés. Leviathan, Le livre des illusions (2007) ou encore le phénoménal 4321 (2018), brouillent les frontières entre fiction et réalité. Au risque parfois d’être trop confus et de déplaire. Avec Excursions dans la zone intérieure (2014), il décide, « à l’hiver de sa vie », de reconstituer le puzzle de son existence à travers la description des mutations de son corps. « Je veux essayer de montrer, de faire ressentir ce que c’est qu’être vivant. La vie est à la fois merveilleuse et horrible et ma tâche est de capturer ces moments-là. Voilà ma mission d’écrivain. Rien de plus ».
Son fils David, inculpé en avril 2022 d’homicide involontaire sur sa fillette de 10 mois décédée après une intoxication au fentanyl et à l’héroïne, a lui-même succombé quelques jours après à « une overdose accidentelle ».
AFP
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