La ville de Soledar violemment disputée par Kiev et Moscou
Malgré l'annonce mercredi matin par le groupe de mercenaires Wagner de sa conquête de la ville de Soledar, dans l'Est de l'Ukraine, la localité reste disputée par l'Ukraine et la Russie. D'un intérêt stratégique en raison de sa proximité avec la ville de Bakhmout, sa prise serait une victoire importante pour Moscou et, surtout, le groupe Wagner.

 

De violents combats entre forces ukrainiennes et russes étaient toujours en cours à Soledar mercredi, selon Kiev et Moscou, alors que le groupe de mercenaires Wagner avait revendiqué plus tôt dans la matinée de mercredi le contrôle de cette petite ville de l'Est de l'Ukraine.

"Tout ce qui se passe aujourd'hui en direction de Bakhmout ou de Soledar est le scénario le plus sanglant de cette guerre", a déclaré à l'AFP Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne, lors d'un entretien mercredi.

Le groupe de mercenaires Wagner a annoncé mercredi matin la prise de la ville de Soledar; Moscou a apporté un bémol à l'annonce de cette victoire, soulignant que les combats se poursuivaient toujours (AFP)

Soledar, autrefois connue pour ses mines de sel, est située près de la ville plus importante de Bakhmout que les Ukrainiens défendent avec acharnement depuis plusieurs mois, face à des vagues d'assauts des forces russes.

Sa prise permettrait à Moscou de brandir enfin une victoire militaire, après plusieurs revers humiliants depuis septembre, et au chef du groupe Wagner, Evguéni Prigojine, de renforcer son influence croissante sur la scène politique russe.

"De violents combats se poursuivent à Soledar", a affirmé sur le réseau social Telegram la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar.

Selon elle, les Russes "ont tenté de percer la défense" ukrainienne et "capturer complètement la ville, mais sans succès".

"Des forces d'assaut se battent dans la ville", a de son côté indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué, précisant que "des unités aéroportées ont bloqué les parties nord et sud" de la ville. "Les forces aérospatiales russes frappent les bastions ennemis", a-t-il ajouté.
Le Kremlin prudent

Plus tôt, le Kremlin s'était montré prudent quant à la situation sur le terrain.

"Il ne faut pas se presser. Attendons des déclarations officielles", avait déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, tout en estimant qu'il y avait "une dynamique positive dans les avancées" des forces russes.

Les déclarations des armées russe et ukrainienne viennent toutefois contredire les propos du chef du groupe paramilitaire russe Wagner, M. Prigojine, lequel a affirmé tôt mercredi que ses unités "exclusivement" avaient "pris le contrôle du territoire entier de Soledar".

Un Ukrainien transporte ses effets personnels hors d'un immeuble résidentiel endommagé par les combats (AFP)

Il avait toutefois noté que des "batailles urbaines" se poursuivaient dans des poches de résistance du centre-ville, rendant incertaine l'étendue du contrôle du groupe russe sur cette petite ville d'un peu plus de 10.000 habitants avant-guerre.


L'agence publique d'information russe RIA Novosti a diffusé une photographie de M. Prigojine avec des combattants armés, affirmant qu'elle avait été prise dans les mines de sel de Soledar.

L'armée ukrainienne avait rapidement démenti ces affirmations, assurant que Soledar "était, est et sera toujours ukrainienne" et qu'il n'est "pas vrai" que M. Prigojine se trouve à l'intérieur des mines de sel de Soledar.

"Personne n'a prévu de donner la ville", a insisté "Bober", un soldat blessé en attente de son évacuation, rencontré mercredi par l'AFP sur la route reliant Bakhmout à Sloviansk. Soledar "n'a pas été complètement prise" par les Russes, a-t-il affirmé.

Selon Mykhaïlo Podoliak, les pertes militaires russes y sont "énormes" et "l'armée ukrainienne perd également des hommes". "Certainement, c'est plus que ce qu'il y a eu ailleurs avant", a-t-il indiqué à l'AFP.
"Davantage" d'armes

Le conseiller à la présidence ukrainienne a de nouveau réitéré les appels de Kiev à recevoir "davantage" d'armes et d'équipements militaires occidentaux, de façon à finir la guerre dans les prochains mois.

"Seuls les missiles d'une portée de plus de 100 kilomètres nous permettront d'accélérer de manière significative la désoccupation des territoires", ce qui conduira à la fin de la guerre "soit à la fin du printemps, soit au début de l'été, soit l'été, soit probablement à l'automne", a-t-il déclaré.

Il a toutefois promis que Kiev n'utiliserait pas ces armes pour attaquer des cibles sur le territoire russe. "Nous menons une guerre exclusivement défensive", a-t-il dit.

Le président Zelensky rend hommage aux soldats tombés au combat lors d'une visite dans l'ouest de l'Ukraine (AFP)

"Nous voulons toujours obtenir 250 à 300 à 350 chars lourds", a encore rappelé le responsable, alors que les chancelleries occidentales tardent à répondre favorablement aux demandes de Kiev sur ce point.

Sur le front diplomatique, une rare rencontre entre des responsables russes et ukrainiens s'est tenue mardi en Turquie entre les chargés des droits humains des deux pays, Dmytro Loubinets et Tatiana Moskalkova.

Les deux représentants "ont discuté d'un large éventail de problèmes humanitaires et de cas liés à la fourniture d'une assistance en matière de droits humains aux citoyens des deux pays", a indiqué mercredi M. Loubinets sur des réseaux sociaux.

"L'aide humanitaire aux citoyens" ukrainiens et russes a bien été évoquée, a dit de son côté Mme Moskalkova.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, était mercredi à Lviv, notamment pour rendre hommage aux soldats morts au combat depuis février 2022 et enterrés dans un cimetière de cette grande ville de l'Ouest.

Avec AFP
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