Heureux dénouement après une prise d'otages de près de 17 heures : un forcené, qui retenait depuis lundi après-midi à Paris deux femmes sous la menace d'un couteau dans une quincaillerie du XIIe arrondissement, a été interpellé mardi matin par la police, sans blessé à déplorer.
Il avait d'abord libéré indemne la mère, peu avant 22H00, après de longues négociations menées par la Brigade de recherche et d'intervention (BRI).
Celles-ci se sont poursuivies toute la nuit dans cette quincaillerie de la rue d'Aligre, près de la Bastille, où s'était retranché le preneur d'otages, avant son interpellation peu après 8H00 et la libération de la seconde otage, sans faire de victime.
Le préfet de police Didier Lallement était arrivé sur place en fin de nuit.
"C'est toujours extrêmement difficile d'avoir affaire à un individu qui a un couteau, qui menace les personnes, mais il a fini par entendre raison", a déclaré après l'intervention le préfet de police à la presse, accompagné de la procureure de Paris Laure Beccuau.
Le forcené, "manifestement déséquilibré" et avec qui il était "difficile de traiter", a "accepté de sortir" au petit matin, a ajouté le préfet de police.
Une enquête a été ouverte notamment du chef de "séquestration avec pluralité de victimes", mais "libération volontaire", et a été confiée au 2e DPJ (district de police judiciaire).
"L'enquête va conduire à cerner le profil du mis en cause, qui en l'état de mes informations n'est pas quelqu'un qui a été un magistrat tunisien comme semble-t-il ce fut la rumeur un moment donné. C'est quelqu'un dont l'état psychologique paraît fragile, là aussi c'est sur ce point de son état de santé que porteront les investigations", a expliqué de son côté la procureure de Paris.
La mère et la fille, séquestrées dans "un commerce familial", sont "très choquées", a ajouté Laure Beccuau, évoquant des "négociations délicates".
Vu le profil psychiatrique du preneur d'otage, la piste terroriste avait rapidement été écartée par une source policière. Il était notamment connu des services de police pour avoir harcelé une médecin du quartier à son cabinet médical.
Après s'être introduit dans la boutique, dont il avait fait baisser le rideau de fer, l'homme avait d'abord demandé à "parler au ministre de la Justice", Eric Dupond-Moretti, selon la source policière.
"A la suite de la prise d'otage dans le XIIe arrondissement, le ministre a évidemment fait savoir aux négociateurs qu’il se tenait à leur disposition", avait indiqué l'entourage du garde des Sceaux.
Le forcené s'est également entretenu, à sa demande, avec Sylvie Noachovitch, l'avocate de l'ancien jardinier Omar Raddad condamné en 1994 pour le meurtre d'une riche veuve, Ghislaine Marchal, à Mougins (Alpes-Maritimes). La justice a ordonné jeudi dernier de relancer les investigations dans ce dossier, première étape avant la révision du procès.
Il voulait qu'elle le défende parce qu'il pense avoir été "empoisonné" par son médecin mais "en aucun cas pour parler d'Omar Raddad", a confirmé l'avocate à l'AFP, précisant avoir eu affaire à quelqu'un "en grande souffrance, totalement désespéré, qui se sent très malade".
Le périmètre de sécurité, qui a bloqué pendant toute la durée de la prise d'otage les différents accès à la rue d'Aligre, connue pour ses nombreux commerces de bouche et son marché, a été en grande partie levé peu après 9H00 et le quartier reprenait une vie normale, a constaté un journaliste de l'AFP.
AFP
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