Les groupes d’ultradroite continuent de prospérer dans l'Hexagone
Malgré des dissolutions décidées par le gouvernement, les groupes d'ultradroite continuent de prospérer en France, comme en témoigne la renaissance du Groupe Union Défense (GUD). En tout, ces groupes compteraient 1 500 personnes, établis sur toute la France. Ils restent cependant divisés dans divers groupuscules. 

Quelque 1 500 personnes appartiendraient aux groupuscules d'ultradroite en France, selon les autorités. Malgré les dissolutions décidées par le gouvernement, ces mouvements renaissent rapidement de leurs cendres, de manière fragmentée, dans toute la France.

Tour d'horizon des principaux groupes qui composent le paysage de l'ultradroite.
Le Groupe Union Défense (Gud)

"G.U.D is back !" : c’est avec ce message posté sur les réseaux sociaux que le Groupe Union Défense, "marque" historique de l’extrême-droite française, a annoncé son retour le 6 novembre.

Jamais dissoute, l'organisation, principalement étudiante et connue pour ses actions violentes, est née en 1968 à l'université parisienne d'Assas.

Logo du Groupe Union Défense (GUD), symbolisé par la croix celtique (AFP)

Elle revient de temps à autre sous les feux de l'actualité. Loïk Le Priol, ancien gudard et ex-militaire, est le principal suspect dans le meurtre en mars dernier de l'ex-international de rugby argentin Federico Martin Aramburu.

Avant d'entrer en sommeil, des militants avaient quitté le navire pour fonder le Bastion social (2017-2019) ou les Zouaves Paris (2018-2022), dissous depuis par les autorités.

Le retour de Gud serait à l'initiative de ces anciens militants, à l'instar de Marc de Caqueray-Valmenier, chef présumé des Zouaves, déjà condamné et incarcéré ces dernières années.
Luminis, Division Martel

Plusieurs mouvements identitaires sont présents dans les rassemblements parisiens, comme lors d'une marche aux flambeaux début janvier en hommage à Sainte-Geneviève, patronne de la capitale. C'est le cas de Luminis ou la Division Martel, composés d'anciens membres des Zouaves Paris, du Bastion social ou du Gud.

Sur la boucle Telegram "Ouest Casual", prisée de la mouvance identitaire, une photo montre une vingtaine de personnes, vêtues de noirs et visages floutés, affirmant avoir "ratissé" lors de cette marche des rues du quartier latin jusqu'au XVe arrondissement. Les membres de Luminis ont fait savoir sur Telegram qu'ils étaient ausssi présents.

Au fil des messages de la boucle Telegram, ces groupes égrènent des photos de leurs maraudes, des vidéos pour se préparer en cas de garde à vue ou leur soutien aux militants d'ultradroite interpellés à Paris le soir du match France-Maroc en décembre.

Ils font aussi des collages dans les rues de la capitale : sur l'un d'eux, l'édile Anne Hidalgo grimée en rongeur avec l'inscription "Les surmulots ont envahi Paris", un rappel au rat, emblème du Gud.
Argos France, héritier de Génération Identitaire

Autre cas de renaissance, sous un nouveau nom : Argos France. Ils se veulent les héritiers de Génération identitaire, avec les mêmes méthodes d'agit-prop (agitation et propagande).


Lors du premier meeting de campagne d’Eric Zemmour, plusieurs militants de SOS Racisme avaient été agressés à coups de poings et de jets de chaises par des soutiens du polémiste. Une cinquantaine de personnes, identifiées par les forces de l’ordre comme appartenant aux Zouaves, ont pris la pose à la sortie du meeting pour une photo, en scandant "on est chez nous", selon une journaliste de l'AFP.

Sur leur page Instagram (5 000 abonnés) leur première vidéo datée d'octobre prône un changement radical pour défendre "la civilisation européenne".

"Il y a quelque chose d’assez nouveau : leur première action en décembre était de bloquer une salle de shoot à Paris, c’est une nouvelle manière de réorienter le débat", estime la chercheuse Marion Jacquet-Vailland, alors qu'ils se focalisaient auparavant sur les thématiques identitaires.
À Lyon, les Remparts

La capitale des Gaules est l'une des places fortes de l'ultradroite en France : la population des groupuscules est estimée entre 300 et 400 personnes, selon les autorités locales. Et leur tête de pont s'appelle les Remparts, groupuscule bâti sur les cendres de Génération identitaire.

Fin octobre, le parquet a ouvert une enquête pour "provocation à la haine" après une manifestation "de l'ultra-droite en hommage à la jeune Lola, tuée à Paris, et marquée par des slogans xénophobes".

Le maire de Lyon, Grégory Doucet, avait assuré que ce rassemblement avait été revendiqué par un militant s'identifiant sur les réseaux sociaux comme cadre de "Remparts Lyon".

Des vidéos sur le compte Twitter des "Remparts" montraient des personnes cagoulées crier "immigrés assassins", avec une banderole  "Justice pour Lola, l'immigration tue". L'édile avait en conséquence écrit au président Emmanuel Macron pour demander leur "dissolution immédiate".
Ailleurs, des groupuscules fragmentés

Selon le chercheur Jean-Yves Camus, la dissolution des groupuscules d'ultradroite a entraîné une fragmentation de groupes à travers tout le pays.

Marine Le Pen à Narbonne, à proximité de la ville de Perpignan. Ville populaire de 120 000 habitants, Perpignan est la plus importante conquête de l'extrême droite en France depuis Toulon (sud-est), gagnée en 1995 et perdue six ans plus tard au terme d'une mandature. (AFP)

"Le Bastion social a été dissout en 2019 et avec lui les 18 associations locales qui lui servaient de relai dans les principales villes de France. Malgré cela, on constate qu’aujourd’hui on a une floraison de groupes dans beaucoup de grandes villes et moyennes", souligne M. Camus.

On trouve, par exemple, les militants identitaires d'Auctorum à Versailles, ceux de la Jeunesse Angevine à Angers, qui ont publié début janvier une photo de leurs deux groupes avec une croix celtique (symbole prisé de l'ultradroite) lors d'un séjour à Rome sur la boucle Telegram "Ouest Casual".

À Nice, le groupuscule d'ultradroite des "Zoulous" est impliqué dans des agressions en 2020 et 2021, rapporte Conspiracy Watch, selon qui leurs membres prônent une "idéologie nationaliste-révolutionnaire teintée d'antisémitisme, d'antimaçonnisme et de complotisme".

Avec AFP
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