Ukraine: quand une frappe se transforme en carnage
Les secours s'activaient toujours lundi pour retrouver des survivants dans les ruines d'un immeuble de Dnipro, touché la veille par une frappe qui a provoqué un carnage: pas moins de 35 morts et des dizaines de personnes toujours portées disparues. Par ailleurs, l'Otan a annoncé dimanche que l'Ukraine pouvait s'attendre à recevoir de nouveaux armements lourds occidentaux "dans un futur proche". Entre-temps, et malgré les revers de son armée, Vladimir Poutine a évoqué une "dynamique positive" pour ses troupes sur le front.

Les services de secours s'affairaient toujours lundi matin pour chercher d'éventuels survivants dans les décombres d'un immeuble ciblé par un missile russe à Dnipro. (Photo Yevhenii Zavhorodnii/chaîne de la présidence ukrainienne sur Télégram)

Une nouvelle vague de bombardements a touché samedi et dimanche plusieurs villes et sites ukrainiens, notamment un immeuble résidentiel samedi à Dnipro, dans l'est de l'Ukraine. Selon le dernier bilan des services de secours lundi matin, 35 personnes y ont été tuées, dont un enfant (une adolescente de 15 ans, selon le président ukrainien), et 75 blessées dont 14 enfants. 45 personnes restent portées disparues.

Une vidéo publiée par les secours ukrainiens montrait les sauveteurs fouillant les décombres de l'immeuble coupé en deux, dont ils ont réussi à extraire 39 survivants, dont six enfants.

Les pompiers transportant un sac mortuaire.

Les Etats-Unis ont dénoncé "un nouvel exemple de la guerre brutale et barbare menée par la Russie contre le peuple ukrainien". Un porte-parole du Conseil de sécurité nationale a assuré qu'ils "continueront à fournir à l'Ukraine ce dont elle a besoin pour se défendre".

Dans le sud, à Kryvyi Rig, une personne a été tuée et une autre blessée samedi dans la destruction d'immeubles d'habitation par une frappe, selon un bilan officiel.

Une victime de la frappe a survécu, malgré un état grave.

Et dimanche, les forces russes ont de nouveau lourdement bombardé Kherson, touchant des infrastructures et les locaux de la Croix-Rouge et faisant sept blessés dont un grave, selon le gouverneur régional Iaroslav Ianouchevitch.

Des coupures de courant ont affecté la plupart des régions du pays après ces nouvelles attaques, selon les autorités ukrainiennes.

Ce genre de missile, le Kh-22, a été lancé par un bombardier russe Tu-22 sur l'immeuble bourré d'habitants à Dnipro, depuis la mer Noire.

"Le déficit de production dans le système électrique après l'attaque est énorme. Plusieurs centrales thermiques ne fonctionnent plus", a indiqué sur Facebook le PDG de l'énergéticien YASNO, Serguiï Kovalenko, annonçant des restrictions conséquentes de l'alimentation en électricité dans tout le pays, notamment à Kiev.

"Les dommages sont graves. Toutes les sociétés énergétiques travaillent aux réparations, mais nous devons nous préparer à ce que les coupures durent longtemps", selon M. Kovalenko.


L'Otan annonce plus de moyens militaires

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a jugé dimanche que Vladimir Poutine avait "surestimé la force" de ses troupes en envahissant l'Ukraine. "Nous voyons leurs faux-pas, leur absence de moral, leurs problèmes de commandement, leur mauvais équipement" et leurs "lourdes pertes", a-t-il déclaré au quotidien allemand Handelsblatt.

"Les récentes promesses (occidentales) de livraison d'armement lourd sont importantes - et je m'attends à ce qu'il y en ait davantage dans un futur proche", a-t-il ajouté, à quelques jours d'une nouvelle réunion de coordination en Allemagne, le 20 janvier, des pays occidentaux apportant une aide à l'Ukraine.

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.


Les nations occidentales ont longtemps rechigné à livrer à Kiev un armement plus lourd, craignant d'être entraînées dans la guerre. Mais, début janvier, France, Allemagne et Etats-Unis ont finalement promis l'envoi de blindés d'infanterie ou de chars de reconnaissance - 40 Marder allemands, 50 Bradley américains et des AMX-10 RC français.

Le Royaume-Uni a annoncé samedi qu'il allait livrer 14 chars Challenger 2 en Ukraine "dans les prochaines semaines" - le premier pays à fournir des chars lourds de facture occidentale à Kiev.

Photo d'archives regroupant la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, et le président du Conseil européen, Charles Michel, au siège de l'Otan près de Bruxelles.

La diplomatie russe a estimé que cet envoi d'armes n'allait "en rien accélérer la fin des hostilités militaires, mais seulement les intensifier".

Kiev avait déjà reçu de ses alliés des chars lourds de conception soviétique - près de 300 -, mais encore aucun de fabrication occidentale. La Pologne s'était dite prête mercredi à livrer 14 chars lourds allemands Leopard 2, ce qui requiert l'aval de Berlin.

Un sosie de Vladimir Poutine, portant un chapeau en forme de missile nucléaire, lors d'une fête traditionnelle ukrainienne d'origine païenne, la Malanka, marquant le nouvel an orthodoxe, une semaine après le Noël orthodoxe.
Tout se passe comme prévu

Alors que son armée semble à la peine face aux forces ukrainiennes soutenues par les Occidentaux, Vladimir Poutine a assuré que "tout se déroule selon les plans", dans une interview à la télévision publique russe diffusée dimanche.

"La dynamique est positive et tout se déroule selon les plans du ministère de la Défense et de l'état-major. J'espère que nos combattants vont encore nous ravir plus d'une fois avec leurs résultats militaires", a-t-il lancé, après une question d'un journaliste de la chaîne Rossia-1 sur les "nouvelles venant de Soledar", que l'armée russe a affirmé vendredi avoir conquise.

Pour Vladimir Poutine, "tout se déroule selon les plans" en Ukraine.

La prise de cette petite localité ukrainienne a été présentée à Moscou comme un succès, après plusieurs mois de revers russes, notamment les retraits à l'automne de la région de Kharkiv (nord-est) et de la grande ville de Kherson (sud) face à des contre-offensives ukrainiennes.

Mais la vice-ministre ukrainienne de la Défense Ganna Maliar a assuré dimanche soir que les forces ukrainiennes avaient tenu leurs positions à Soledar. Elles ont "repoussé les attaques des envahisseurs" en de multiples points du front dans les régions de Lougansk et Donetsk, dont Soledar, a-t-elle expliqué. "Dit simplement, la bataille continue", selon Mme Maliar.

Des soldats ukrainiens manipulant un mortier sur le front de l'est. (Site d'information "Truxa")

"La bataille pour Soledar, pour Bakhmout, pour toute la région de Donetsk, pour la région de Lougansk continue sans le moindre répit", a abondé dans son allocution quotidienne le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Selon Moscou, la conquête de Soledar est une étape importante pour encercler la ville voisine de Bakhmout, que l'armée russe et le groupe paramilitaire Wagner cherchent à conquérir depuis des mois.

Un soldat ukrainien dans un centre de secours médical à Soledar.

Avec AFP
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