L'aéroport de Sanaa fermé aux vols humanitaires après des raids saoudiens
©Des ouvriers inspectent le site de l'aéroport international visé par des bombardements saoudiens. (Photo by MOHAMMED HUWAIS / AFP)
L'aéroport de Sanaa, capitale du Yémen aux mains des rebelles, ne peut plus accueillir de vols humanitaires après des frappes aériennes de la coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite qui dit riposter à des attaques de drones.

La coalition intervient au Yémen depuis 2015 pour appuyer les forces gouvernementales contre les Houthis, des rebelles soutenus par le grand rival de Ryad, l'Iran. Les Houthis ont pris la capitale Sanaa en 2014, déclenchant une guerre qui a provoqué une des pires crises humanitaires au monde.

En raison des raids de la coalition visant les rebelles, "l'aéroport n'est plus en mesure de recevoir les avions des Nations unies et des organisations humanitaires internationales", a déclaré à l'AFP un responsable de l'aéroport qui a requis l'anonymat.

Ce responsable a appelé l'ONU à "faire cesser" les raids pour que l'aéroport puisse de nouveau fonctionner.

Il n'a pas fait état de victimes mais le directeur de l'aéroport, Khaled Al-Chayef, a indiqué que "les entrepôts pour les marchandises importées et celles destinés à l'exportation avaient été détruits".

"Une équipe de l'ONU est sur place à l'aéroport de Sanaa pour vérifier l'étendue des dégâts", a assuré à l'AFP un porte-parole du Programme alimentaire mondiale (PAM), un organisme onusien.

Un photographe de l'AFP a aperçu des amas de gravats près de la tour de contrôle.

Lundi soir, la coalition a affirmé avoir mené "des frappes aériennes précises et limitées visant des cibles militaires légitimes à l'aéroport international de Sanaa".

"L'opération a été menée en réponse à la menace et à l'utilisation des infrastructures aéroportuaires pour lancer des attaques transfrontalières", a-t-elle ajouté dans un communiqué, cité par l'agence officielle saoudienne SPA.

Les forces de la coalition ont visé six cibles dans l'aéroport, notamment des sites destinés à "mener des attaques aux drones piégés" et à "former des éléments terroristes" à ces engins, a-t-elle ajouté.

Selon la coalition, les raids saoudiens ne sont pas de nature à "affecter les capacités opérationnelles" de l'aéroport et sont "conformes au droit international humanitaire".


"Vols vitaux"

"L'acheminement de l'aide humanitaire à l'aéroport est actuellement au point mort", a déploré le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC). "Des milliers (de Yéménites) meurent (...) faute de vols médicaux vitaux", a ajouté l'ONG.

Le NRC a condamné les raids saoudiens et appelé les deux parties à "maintenir l'aéroport de Sanaa à l'écart des combats et de veiller à ce qu'il puisse à nouveau fonctionner pour les vols médicaux et commerciaux".

Si la capitale Sanaa, comme une majeure partie du nord du Yémen, est sous contrôle des rebelles, l'Arabie saoudite reste maître de tout l'espace aérien de son voisin pauvre et divisé.

Les avions civils étaient déjà interdits à l'aéroport de Sanaa, seuls les vols humanitaires étaient autorisés par les Saoudiens, 80% de la population yéménite dépendant de l'aide internationale.

Ces derniers mois, les Houthis ont accentué leurs attaques de drones piégés et de missiles balistiques contre le riche royaume voisin.

En octobre, l'une d'elles avait fait dix blessés à l'aéroport de Jazan, dans le sud de l'Arabie saoudite, quelques jours après une autre attaque -- déjouée -- ayant visé l'aéroport Abha, situé à plus de 200 km au nord de Jazan, selon les médias d'Etat.

En août, ce même aéroport avait déjà été touché par un drone, blessant huit personnes et endommageant un avion civil.

L'ONU et les Etats-Unis font pression pour mettre fin de la guerre au Yémen, mais les Houthis exigent la levée du blocus sur l'aéroport de Sanaa, avant tout cessez-le-feu ou négociations.

Selon l'ONU, la guerre au Yémen aura causé la mort de 377.000 personnes d'ici la fin de l'année 2021, dont environ 227.000 décès dus aux conséquences indirectes du conflit, telles que le manque d'eau potable, la faim et les maladies.

Par Jamal AL-JABIRI (AFP)
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