La grogne anti-française prend de l'ampleur au Burkina Faso. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Ouagadougou le 20 janvier contre la présence de la France et ont réclamé le départ de son ambassadeur Luc Hallade.

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté vendredi à Ouagadougou contre la présence française et ont notamment réclamé le départ de l'ambassadeur de France au Burkina Faso, Luc Hallade, a constaté un correspondant de l'AFP.

À l'appel du collectif des leaders panafricains (CLP) qui regroupe des organisations favorables au capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis fin septembre, les manifestants se sont rassemblés sur la place de la Nation, en plein centre de Ouagadougou.

Ils ont notamment demandé "le départ de l'ambassadeur de France" et la fermeture de la base de l'armée française à Kamboinsin", en périphérie nord de la capitale où sont stationnées 400 forces spéciales.

La France est de plus en plus critiquée par la population (AFP)

"Nous sommes là pour exprimer notre soutien total et indéfectible au président Ibrahim Traoré, aux forces de défense et de sécurité engagées dans la lutte contre le terrorisme et dans leur quête de la souveraineté totale de notre pays", a déclaré Mohamed Sinon, un des principaux leaders du collectif.

"Nous sommes un mouvement panafricain et nous souhaitons une coopération du Burkina Faso avec la Russie, mais aussi le renforcement des liens d'amitié et de coopération avec la Guinée et le Mali", dont des représentants ont assisté au "meeting de soutien et de paix", a-t-il ajouté.

Les manifestants, majoritairement vêtus de blanc, portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: "Armée française, dégage de chez nous", "France dégage", ou encore "Dehors les diplomates pyromanes".


Des posters géants des présidents malien Assimi Goïta et guinéen Mamady Doumbouya, arrivés au pouvoir comme le capitaine Traoré grâce à des coups d'État, ainsi que celui du président russe Vladimir Poutine, étaient également brandis par des manifestants ou soigneusement dressés sur un podium, au milieu des drapeaux burkinabè.

La France, ex-puissance coloniale, est régulièrement contestée au Burkina Faso, pays en proie à la violence jihadiste en partie à l'origine de deux coups d'État en 2022.

À l'inverse, la Russie est vue comme le nouvel allié du moment (AFP)

En octobre et en novembre, des manifestants s'étaient rassemblés devant l'ambassade de France et la base militaire de Kamboinsin et en décembre, les autorités burkinabè ont exigé le départ de l'ambassadeur de France Luc Hallade, après des propos jugés offensants.

Dans le même temps, les autorités de Ouagadougou ont plusieurs fois affirmé ces derniers mois leur volonté de renforcer leurs relations avec Moscou.

Paris a dépêché le 10 janvier à Ouagadougou la secrétaire d'État auprès de la ministre française des Affaires étrangères, Chrysoula Zacharopoulou, pour y rencontrer le président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré.

"La France n'impose rien, elle est disponible pour inventer un avenir ensemble", a-t-elle martelé, assurant ne vouloir "influencer aucun choix, ni aucune décision, personne ne peut dicter ses choix au Burkina".

Rémi Amalvy, avec AFP
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