«Quand j'ai appris la décision du juge Bitar de reprendre la main sur le dossier, mes mains ont commencé à trembler et j’ai fondu en larmes», confie à Ici Beyrouth, en parvenant à peine à retenir ses pleurs, Cécile Roukoz, dont le frère a été tué au port, le 4 août 2020.
La décision du juge d’instruction près la Cour de justice Tarek Bitar de reprendre la main sur le dossier de la double explosion au port de Beyrouth du 4 août 2020, engageant des poursuites contre deux hauts fonctionnaires sécuritaires et décidant de libérer cinq détenus, est perçue comme une victoire par des proches des victimes, contactés par Ici Beyrouth.
«Ce n’est pas en ma qualité d’avocate que j’ai envie de m’exprimer aujourd’hui, mais en tant que sœur d’une victime. Quand la décision du juge Bitar m’est parvenue, mes mains ont commencé à trembler et j’ai fondu en larmes», confie, en contenant à peine ses pleurs, Cécile Roukoz, dont le frère Joseph a été tué au port.
«Par une démarche très positive, le juge Bitar a réussi à se délier des contraintes juridiques qui l’empêchaient de mener l’enquête (les recours abusifs en dessaisissement dont il fait l’objet depuis décembre 2021). Seul persiste le nœud politique, qui ne relève pas de sa responsabilité. L’enquête a redémarré, si Dieu le veut», constate pour sa part William Noun, qui a perdu son frère Peter dans la double explosion.
Le juge chargé de l’enquête s’est notamment basé, pour passer outre les 34 recours en dessaisissement du dossier, sur une jurisprudence exhaustive du magistrat Philippe Khairallah, ancien président du Conseil supérieur de la magistrature et de la Cour de justice (un tribunal d’exception dont les décisions sont sans recours). La jurisprudence en question dispose qu’un juge d’instruction près la Cour de justice ne peut pas être dessaisi d’un dossier.
«Sa décision est très courageuse et se base sur des articles de loi et sur une jurisprudence existante. Elle est le moyen de dépasser l’impasse provoquée par des tentatives politiques d’obstruction», fait valoir Cécile Roukoz.
Mais chez beaucoup de proches des victimes, «l’optimisme reste prudent». Ce sont les termes de Mireille Khoury, qui a perdu son fils, le jeune Élias, dans la tragédie meurtrière du 4 août 2020.
«Je crains que ceux qui ont tout fait pour mettre un terme à l’enquête menée par le juge Bitar fassent tout pour empêcher sa nouvelle démarche d’aboutir», précise-t-elle. Elle affirme néanmoins compter sur l’enquête en cours parallèlement en France, la justice ayant été saisie par des proches de ressortissants français tués dans la double explosion.
Deux magistrats français chargés de l’enquête se sont entretenus mercredi dernier à Beyrouth avec le juge Bitar. Certes, ils auraient précisé à un groupe de proches des victimes, qui les sollicitait en marge de leur visite au Palais de justice de Beyrouth, que leur action est judiciaire, sans incidence sur la dimension politique du dossier, comme le rapporte Cécile Roukoz à Ici Beyrouth. Mais le fait que la justice française planche sur l’affaire serait en soit une source de pression pour un aboutissement de l’enquête au Liban, estime Mireille Khoury. Elle préconise à cette fin «une dynamique sociale nationale de solidarité avec le juge Bitar», pour repousser toutes les tentatives de le décrédibiliser. Une telle dynamique serait complémentaire de la pression morale émanant de l’enquête française.
Mariana Fodoulian, dont la sœur Gaïa a péri le 4 août 2020, reste la plus sceptique. «Le problème reste au niveau du pouvoir en place et sa mainmise sur le pouvoir judiciaire», souligne-t-elle.
«Je suis en train de lire selon des sources citées dans des médias que le parquet n’entend pas donner suite aux décisions du juge de libérer cinq détenus», relate-t-elle, à titre d’exemple. Si cela se confirme, ce ne serait pas sans révéler les intentions réelles du pouvoir en place: «N’est-ce pas en arguant de l’injustice de la détention prolongée, que le pouvoir en place avait tenté d’obtenir la nomination d’un juge suppléant au juge Bitar, sous prétexte qu’il avait les mains liées par les recours en dessaisissement? Si d’aucuns vont empêcher la remise en liberté décidée par le juge Bitar en faveur de cinq détenus, ils seront en train de confirmer ce qui, du reste, a toujours été clair à nos yeux: mettre fin une fois pour toutes au travail du juge, sous couvert de défendre les droits fondamentaux des détenus».
Aussi solide que soit la démarche du juge Bitar, elle devrait surtout ramener au cœur du débat l’impératif d’une réforme législative en faveur de l’indépendance de la justice, insiste à dire Mariana Fodoulian.
Entretemps, les proches contactés par IB disent «attendre voir» les nouvelles manœuvres du pouvoir contre le juge Tarek Bitar, pour «agir en conséquence». «Ils ne nous auront pas à l’usure», répètent-ils, en en appelant encore une fois à l’opinion publique libanaise.
La décision du juge d’instruction près la Cour de justice Tarek Bitar de reprendre la main sur le dossier de la double explosion au port de Beyrouth du 4 août 2020, engageant des poursuites contre deux hauts fonctionnaires sécuritaires et décidant de libérer cinq détenus, est perçue comme une victoire par des proches des victimes, contactés par Ici Beyrouth.
«Ce n’est pas en ma qualité d’avocate que j’ai envie de m’exprimer aujourd’hui, mais en tant que sœur d’une victime. Quand la décision du juge Bitar m’est parvenue, mes mains ont commencé à trembler et j’ai fondu en larmes», confie, en contenant à peine ses pleurs, Cécile Roukoz, dont le frère Joseph a été tué au port.
«Par une démarche très positive, le juge Bitar a réussi à se délier des contraintes juridiques qui l’empêchaient de mener l’enquête (les recours abusifs en dessaisissement dont il fait l’objet depuis décembre 2021). Seul persiste le nœud politique, qui ne relève pas de sa responsabilité. L’enquête a redémarré, si Dieu le veut», constate pour sa part William Noun, qui a perdu son frère Peter dans la double explosion.
Le juge chargé de l’enquête s’est notamment basé, pour passer outre les 34 recours en dessaisissement du dossier, sur une jurisprudence exhaustive du magistrat Philippe Khairallah, ancien président du Conseil supérieur de la magistrature et de la Cour de justice (un tribunal d’exception dont les décisions sont sans recours). La jurisprudence en question dispose qu’un juge d’instruction près la Cour de justice ne peut pas être dessaisi d’un dossier.
«Sa décision est très courageuse et se base sur des articles de loi et sur une jurisprudence existante. Elle est le moyen de dépasser l’impasse provoquée par des tentatives politiques d’obstruction», fait valoir Cécile Roukoz.
Mais chez beaucoup de proches des victimes, «l’optimisme reste prudent». Ce sont les termes de Mireille Khoury, qui a perdu son fils, le jeune Élias, dans la tragédie meurtrière du 4 août 2020.
«Je crains que ceux qui ont tout fait pour mettre un terme à l’enquête menée par le juge Bitar fassent tout pour empêcher sa nouvelle démarche d’aboutir», précise-t-elle. Elle affirme néanmoins compter sur l’enquête en cours parallèlement en France, la justice ayant été saisie par des proches de ressortissants français tués dans la double explosion.
Deux magistrats français chargés de l’enquête se sont entretenus mercredi dernier à Beyrouth avec le juge Bitar. Certes, ils auraient précisé à un groupe de proches des victimes, qui les sollicitait en marge de leur visite au Palais de justice de Beyrouth, que leur action est judiciaire, sans incidence sur la dimension politique du dossier, comme le rapporte Cécile Roukoz à Ici Beyrouth. Mais le fait que la justice française planche sur l’affaire serait en soit une source de pression pour un aboutissement de l’enquête au Liban, estime Mireille Khoury. Elle préconise à cette fin «une dynamique sociale nationale de solidarité avec le juge Bitar», pour repousser toutes les tentatives de le décrédibiliser. Une telle dynamique serait complémentaire de la pression morale émanant de l’enquête française.
Mariana Fodoulian, dont la sœur Gaïa a péri le 4 août 2020, reste la plus sceptique. «Le problème reste au niveau du pouvoir en place et sa mainmise sur le pouvoir judiciaire», souligne-t-elle.
«Je suis en train de lire selon des sources citées dans des médias que le parquet n’entend pas donner suite aux décisions du juge de libérer cinq détenus», relate-t-elle, à titre d’exemple. Si cela se confirme, ce ne serait pas sans révéler les intentions réelles du pouvoir en place: «N’est-ce pas en arguant de l’injustice de la détention prolongée, que le pouvoir en place avait tenté d’obtenir la nomination d’un juge suppléant au juge Bitar, sous prétexte qu’il avait les mains liées par les recours en dessaisissement? Si d’aucuns vont empêcher la remise en liberté décidée par le juge Bitar en faveur de cinq détenus, ils seront en train de confirmer ce qui, du reste, a toujours été clair à nos yeux: mettre fin une fois pour toutes au travail du juge, sous couvert de défendre les droits fondamentaux des détenus».
Aussi solide que soit la démarche du juge Bitar, elle devrait surtout ramener au cœur du débat l’impératif d’une réforme législative en faveur de l’indépendance de la justice, insiste à dire Mariana Fodoulian.
Entretemps, les proches contactés par IB disent «attendre voir» les nouvelles manœuvres du pouvoir contre le juge Tarek Bitar, pour «agir en conséquence». «Ils ne nous auront pas à l’usure», répètent-ils, en en appelant encore une fois à l’opinion publique libanaise.
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