Kiev se prépare à une offensive russe majeure
Les autorités ukrainiennes se préparent à une offensive majeure russe, après une frappe dévastatrice dans un immeuble de Kramatorsk dans l'est du pays. Cette crainte intervient après la prise de la ville de Soledar par les Russes, premier succès militaire depuis de longs mois.

Les sauveteurs s'activaient jeudi à l'aube pour tenter de retrouver des survivants dans les décombres d'un immeuble d'habitation de Kramatorsk, dans l'est de l'Ukraine, détruit par une frappe russe qui a fait au moins deux morts, au moment où Kiev dit s'attendre à une vaste offensive de Moscou pour le premier anniversaire de l'invasion.

La frappe a eu lieu mercredi vers 21h45 (19h45 GMT) contre huit immeubles du centre de Kramatorsk, dont l'un s'est complètement effondré, a indiqué la police de Donetsk sur son compte Facebook. Une centaine de policiers ont été déployés pour fouiller les décombres.

Selon le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, l'attaque a fait deux morts et 21 blessés, dont huit ont été hospitalisés et deux sont dans un état critique. M. Kyrylenko a revu à la baisse un bilan initial qui faisait état de trois morts. Deux personnes étaient encore coincées jeudi à l'aube dans les ruines de l'immeuble, a-t-il précisé.

Les sauveteurs recherchent des survivants dans un immeuble détruit touché par une roquette pendant la nuit au centre-ville de Kramatorsk (AFP)

La Russie célèbre jeudi les 80 ans de la victoire soviétique dans la bataille de Stalingrad, tournant de la Seconde Guerre mondiale et symbole du patriotisme. Cette célébration prend une importance symbolique accrue à l'approche du premier anniversaire du déclenchement de l'invasion de l'Ukraine le 24 février.

Les forces russes ont récemment connu leur premier succès depuis de longs mois en prenant Soledar, une bourgade de l'est ukrainien. Et de nombreux observateurs jugent que Moscou prépare une nouvelle offensive majeure aux alentours du 24 février.

"Il faut que, nous aussi, nous soyons prêts au plus vite, et c'est pour ça que nous avons besoin d'armes, pour contenir l'ennemi" a insisté le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, invité mercredi soir sur la chaîne française BFMTV.

De son côté, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a assuré l'Ukraine de tout le soutien de l'Union européenne, en arrivant jeudi à Kiev accompagnée de ses commissaires pour une réunion à la veille d'un sommet UE-Ukraine.
"La situation empire"

"Nous ne sous-estimons pas notre ennemi. Nous voyons qu'il se prépare très sérieusement à l'offensive", a poursuivi M. Reznikov. "Nous pensons qu'étant donné qu'ils vivent dans la symbolique, ils vont essayer de tenter quelque chose aux alentours du 24 février", a-t-il poursuivi. Selon lui, "ils peuvent tenter une offensive à deux axes", dans le Dombass et le sud.

Après une série de revers humiliants à l'automne, la Russie a mobilisé des centaines de milliers de réservistes. Associée au groupe paramilitaire Wagner, l'armée russe a aussi intensifié les combats, notamment pour prendre Bakhmout, ville de l'Est qu'elle pilonne depuis l'été.

Plus au sud, la Russie a aussi entrepris une offensive sur Vougledar. "Plus le temps passe, plus la situation empire", a dit à l'AFP Oleksandre, 45 ans, un soldat ukrainien qui tire au mortier depuis son poste installé à cinq kilomètres de cette ville.


Des soldats ukrainiens participent à un exercice d'entraînement militaire dans la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine (AFP)

Face à cette menace, l'Ukraine est engagée dans une course contre-la-montre pour obtenir des armements plus puissants. Elle veut en particulier des missiles de haute précision d'une portée de plus de 100 kilomètres pour détruire les lignes d'approvisionnement russes afin de surmonter son déficit en nombre d'hommes et en armement.

Jusqu'ici, les Occidentaux ont refusé de livrer ces systèmes et des avions de combat, de crainte d'une escalade avec la Russie. Le président américain Joe Biden a toutefois indiqué mardi qu'il allait en discuter avec son homologue ukrainien.

Une société de défense américaine a annoncé mercredi qu'elle souhaitait fournir deux drones de combat sophistiqués à l'Ukraine pour seulement un dollar symbolique, sous réserve d'approbation du gouvernement américain. Et le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki s'est déclaré disposé à envoyer des avions de combat de type F-16 en cas de consensus sur le sujet au sein de l'Otan.

Déjà, après de longues tergiversations, Européens et Américains ont donné leur feu vert à des livraisons de chars lourds modernes, même si leur nombre reste encore en deçà de ce que réclame l'Ukraine.
"Justice sera rendue"

Alors que Kiev doit accueillir vendredi un sommet avec l'Union européenne, les autorités ukrainiennes ont lancé mercredi une vaste opération anticorruption visant administrations, fonctionnaires et personnalités.

"Justice sera rendue", a affirmé le président Volodymyr Zelensky dans son message quotidien sur internet, en faisant état de "dizaines de perquisitions et d'autres actions dans différentes régions et contre différentes personnes dans le cadre de procédures pénales".

Un char russe détruit près du village de Dmytrivka, à l'est de Kiev (AFP)

Ces descentes interviennent une semaine après le limogeage d'une série de hauts responsables dans la foulée d'une affaire de corruption concernant des approvisionnements de l'armée, premier scandale d'ampleur depuis l'invasion russe il y a près d'un an.

L'UE a fait de la lutte anticorruption une condition à l'accession de l'Ukraine au bloc européen. Et Kiev, dont l'effort de guerre dépend en large partie du soutien de l'Europe et des États-Unis, est au défi de juguler les manigances financières pour ne pas écœurer les alliés.

Avec AFP
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