L’IMA se veut vitrine de l’art contemporain arabe
L’Institut du monde arabe de Paris va faire sa mue en 2023 avec l’ambition de devenir l’un des centres mondiaux de l’art contemporain et moderne arabe, laissant les arts de l’Islam au Louvre ou au British Museum.

À la fois centre culturel et vitrine diplomatique, l’Institut du monde arabe (IMA) est financé à hauteur de 12 millions d’euros chaque année par le ministère français des Affaires étrangères. L’institution va recevoir six millions d’euros, étalés sur trois ans, du ministère pour réaliser d’importants travaux de rénovation. «Ces travaux, ça fait des années qu’on les attend», se félicite Jack Lang, son président.

Cette enveloppe fait suite au don en 2018 du collectionneur Claude Lemand et de son épouse France de plus de 1.800 œuvres, dont des grands noms comme l’Algérien Abdallah Benanteur, le Syrien Youssef Abdelké ou l’Américano-Libanaise Etel Adnan. Des œuvres désormais propriété de la France et qui font de l’IMA «la première collection d’art moderne et contemporain arabe en Occident , insiste Jack Lang.

«Il n’y a que deux institutions qui ont des fonds plus importants que les nôtres: le Mathaf à Doha et le Sharjah aux Émirats arabes unis», complète Nathalie Bondil, directrice du département du musée et des expositions de l’institution.

La mise en valeur de ce patrimoine hors-norme, qui fait passer le nombre total d’œuvres dans les collections permanentes à 3.400, nécessite de repenser tout le musée. Surtout, il clame haut et fort la stratégie de l’institution de se concentrer sur l’art moderne arabe, laissant les arts de l’Islam au Louvre ou au British Museum.

Prévus pour une durée de trois ans, avec pour principe de limiter le temps de fermeture, ces travaux entendent refonder l’ensemble de la collection permanente. «Ce qu’on veut, c’est créer des dialogues entre l’art ancien et l’art moderne parce que l’art arabe s’est aussi inscrit dans cette continuité historique », explique Mme Bondil.


Ils doivent aussi être l’occasion d’un nouveau cycle pour l’institution qui, après des années difficiles au tournant des années 2000, connaît depuis une période relativement prospère avec un boom des fréquentations (plus de 600.000 en 2022 dont près de la moitié sont des scolaires).

«Cette maison a connu des hauts et des bas mais aujourd’hui, nous vivons une période plutôt heureuse», assure M. Lang dont le mandat touche à sa fin. L’ex-ministre de la Culture de 83 ans, qui élude la question de sa candidature, avait été reconduit à la tête de l’institution pour un troisième mandat en 2020.

Les statuts de cet ovni culturel ne prévoient pas de limite d’âge ni de nombre de mandats pour son président. Reste que les rumeurs sur un éventuel successeur bruissent depuis plusieurs semaines, avec en tête des pronostics l’ex-chef de la diplomatie française et ancien ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, 75 ans. Avec son budget, compris entre 25 et 28 millions d’euros en recettes et en dépenses, l’IMA ne joue pas dans la même cour que les grands musées parisiens. Reste que, fait valoir son président, l’IMA n’est pas seulement un musée.

Conférences, certification en arabe, comedy club... les activités se sont développées ces dernières années. Sans parler du succès des expositions temporaires (près de 72.000 visiteurs pour Juifs d’Orient, 65.000 pour Depardon/Daoud) dont certaines, s’exportent à l’étranger comme celle consacrée à L'Orient Express en 2014, transposée à Singapour 2020.

À l’image du Louvre et de ses antennes à Abu Dhabi et à Lens, l’IMA se rêve d’une antenne à New York. C’est avec cette ambition que Nathalie Bondil a été nommée en 2021, elle qui jusque-là était directrice du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM).

AFP
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