©Une banderole annonçant l’exposition de Vermeer accrochée à l’extérieur du Rijksmuseum d’Amsterdam - Crédit photo: John Thys/AFP
Vermeer a certes peint des chefs-d’œuvre, mais il n’a pas laissé un héritage quantitativement important, tout comme on ne sait pas grand-chose sur sa courte vie. Il est mort à 43 ans. Le Rijksmuseum d’Amsterdam expose, à partir de vendredi, 28 de ses toiles, soit presque la totalité de ses tableaux puisqu’il en a peint 35.
Il s’agit d’un événement inédit. Le musée a réussi à rassembler plus de trois quarts de l’œuvre de Vermeer, faisant de l’exposition la plus grande rétrospective jamais dédiée au peintre du siècle d’or néerlandais. Vermeer, auteur de toiles mondialement connues dont La Laitière et La Jeune Fille à la perle a produit une œuvre enchanteresse. «Jamais dans l’histoire 28 tableaux de Vermeer n’ont été rassemblés», déclare Taco Dibbits, directeur général du Rijksmuseum, lors d’une visite en avant-première. «Il n’en a même pas vu autant ensemble lui-même», ajoute-t-il.
Célèbres pour leur luminosité sans égal, les 28 toiles brilleront sur les murs sombres des galeries du Rijksmuseum le temps de l’exposition, du 10 février au 4 juin, prêtées par des musées et des collections à travers le monde. «Ce sont des retrouvailles très heureuses», note M. Dibbits, dont le musée a déjà vendu 200.000 billets, du jamais-vu pour une seule exposition.
Le directeur général du Rijksmuseum Taco Dibbits s’adresse aux journalistes alors qu’il se tient devant un tableau du maître néerlandais Johannes Vermeer intitulé « La jeune fille à la perle » au Rijksmuseum d’Amsterdam.
Une partie de la fascination pour Vermeer provient du mystère qui entoure le peintre, surnommé le «Sphinx de Delft». L’artiste est né dans une famille de commerçants calvinistes avant de se convertir au catholicisme après son union avec une femme aisée avec laquelle il a eu onze enfants. Mais on connaît finalement assez peu de choses sur sa vie, et son travail a longtemps langui dans l’obscurité par rapport à d’autres maîtres du siècle d’or néerlandais comme Rembrandt, avant d’être véritablement révélé au XIXe siècle.
L’accession de Vermeer au statut de mégastar coïncide avec la publication en 1999 du roman historique La Jeune Fille à la perle de Tracy Chevalier, inspiré du tableau prêté pour l’exposition par le musée Mauritshuis de La Haye. Le livre a également donné naissance à un magnifique film hollywoodien en 2003, Girl with a Pearl Earring, avec à l’affiche Scarlett Johansson et Colin Firth.
La plupart de ses œuvres représentent des femmes qu’il présentait sous leur meilleur jour, au sens propre et figuré. Il peint des femmes dans des contextes domestiques, en train de lire, d’écrire une lettre d’amour ou de jouer un instrument de musique. Cependant, l’authenticité d’une des œuvres exposées, La Jeune Fille à la flûte, est remise en cause par la galerie qui l’a prêtée, la National Gallery of Art de Washington, selon laquelle le tableau a été «plus probablement peint par un associé de l’atelier de Vermeer».
Le Rijksmuseum affirme cependant être parvenu à une conclusion différente sur la base d’informations partagées. «Je pense que pour la science et pour la connaissance de Vermeer, il est très important d’avoir ces discussions», affirme M. Dibbits. Il estime que l’attrait de Vermeer réside notamment dans sa création de mondes silencieux si réalistes que le spectateur a l’impression de s’y perdre. «Nous vivons dans un monde tellement mouvementé, observe M. Dibbits, et puis nous nous tenons devant Vermeer, et le temps s’arrête.»
Retour sur les étapes de la vie de Vermeer
Né en 1632 dans cette cité hollandaise proche de La Haye, il meurt à 43 ans. Il grandit dans une famille calviniste de commerçants moyens, avec un père instable et farfelu qui mène parallèlement une carrière de marchand d’art. Converti au catholicisme, il épouse Catharina, une femme aisée dont il a onze enfants. Comme son père, c’est aussi un marchand d’art et un expert réputé et, comme son père, il meurt criblé de dettes. Sa veuve donnera en gage au boulanger deux de ses toiles pour garantir une énorme dette de 726 florins. L’équivalent de deux à trois ans de pain... Il jouit de son vivant d’une réputation d’artiste novateur et de la protection de riches commanditaires. Mais, hormis auprès de quelques collectionneurs éclairés, l’essentiel de son œuvre tombe vite dans l’oubli après sa mort. Il faut attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour qu’il soit redécouvert, grâce au critique d’art et journaliste français Théophile Thoré-Burger. On assiste dès lors à une véritable chasse aux – rares – œuvres de l’artiste, qui s’impose au XXe siècle comme l’un des peintres majeurs de l’histoire de l’art.
Lorsque les faussaires s’en donnent à cœur joie
Attirés par cette nouvelle célébrité, les faussaires ne se privent pas de créer des copies. Les «faux Vermeer» se multiplient, d’autant que plusieurs de ses toiles ont disparu au cours des siècles et qu’on manque de connaissances sur cet artiste qui, fait rare, n’a laissé aucun croquis ni esquisse. Aujourd’hui, seule une bonne trentaine de tableaux lui sont attribués avec certitude. On reconnaît les toiles de Vermeer à leurs perspectives sans défaut, d’autant plus étonnantes que l’artiste ne s’aidait d’aucune ligne guide ni d’étude préparatoire. Selon une biographie récente, l’ex-protestant est formé à cette technique de la «camera obscura» –permettant de projeter la lumière reflétée par des objets sur une surface plane – par des prêtres jésuites dont l’église clandestine jouxte sa maison. La chambre noire, considérée par les jésuites comme un outil d’observation de la lumière divine, lui permet cette mise au point sur un élément essentiel du tableau, comme le fil de La Dentellière par exemple, alors que d’autres zones sont volontairement floues.
En conquérant la célébrité au tournant du XXe siècle, Vermeer fait aussi l’unanimité auprès des artistes, dans la littérature comme dans la peinture, puis le cinéma. Renoir se pâme devant La Dentellière, dont Dali propose sa propre version. Van Gogh loue «la palette de cet étrange peintre». Et Vue de Delft, décrit par Proust comme «le plus beau tableau du monde», est, à en croire Pissarro, «un chef-d’œuvre qui se rapproche des impressionnistes».
Un tableau du maître hollandais est le mobile du crime dans l’un des romans d’Agatha Christie tandis qu’un épisode de la série Sherlock a comme sujet la découverte d’une de ses toiles inconnues. Vermeer a également inspiré un livre pour enfants, une marque française de produits laitiers ou encore un roman à succès de l’Américaine Tracy Chevalier, transposé au cinéma avec la même réussite.
Vermeer en cinq tableaux
1- La Laitière
c'est le plus célèbre de ses tableaux et certainement l’une des œuvres les plus illustres de l’histoire de la peinture. De taille modeste, il représente une domestique – c’est son seul tableau ayant pour sujet principal un personnage de condition humble- affairée à confectionner un plat à base de lait. Le traitement original, délicat et mesuré de la lumière s’oppose aux effets de clair-obscur de l’autre grand maître de la peinture hollandaise, Rembrandt.
Si, après sa mort, la majeure partie de sa production tombe pour longtemps dans un certain oubli, La Laitière (1658-1659) restera toujours considérée comme un chef-d’œuvre incontestable par les amateurs d’art. Elle a donné son nom et son image à une célèbre marque française de dessert industriel.
2- Vue de Delft
L’une des deux seules toiles en extérieur du peintre, il s’agit du paysage urbain le plus célèbre de l’âge d’or de la peinture néerlandaise. Le tableau (1660-1661) dégage une atmosphère tranquille avec ses jeux d’ombre et de lumière et l’utilisation d’une technique proche du pointillisme. Et qu’importe si la représentation de la ville natale du peintre n’est pas exacte d’un point de vue topographique... L’œuvre fascinait l’écrivain Marcel Proust. Il décrit d’ailleurs cette impression de temps suspendu dans À la recherche du temps perdu.
3- La Femme à la balance
Le regard est happé vers la balance tenue en équilibre entre le pouce, l’index et le majeur. Avec dans cette toile (1662-1664) toujours cet effet de lumière cher à Vermeer. Mais ici, derrière la femme au teint diaphane et richement vêtue qui fait face à un miroir, une représentation du Jugement dernier pourrait vouloir faire passer un message religieux. Revenu sur Terre, le Christ lui aussi «soupèse» les choses, il juge les vivants et les morts. Une allégorie sur le caractère mortel de l’homme et la vanité des biens matériels, eux aussi éphémères.
4 - La Jeune Fille à la perle
Ce portrait en buste (1664-1667) est celui d’une très jeune femme – peut-être l’une des filles du peintre? – portant une perle à l’oreille et un turban sur la tête. Il frappe d’emblée par l’illusion de vie et d’immédiateté dégagée. Avec cette même expression énigmatique sur le visage, le tableau est surnommé La Joconde du Nord et rivalise presque, aujourd’hui, avec l’œuvre de Léonard de Vinci en termes d’exposition. On retrouve la toile en couverture d’ouvrages consacrés à l’art, mais aussi sur des coussins, des sous-verre... L’artiste d’art urbain Banksy l’a «graffée» sur un mur de Bristol (Angleterre).
Fascinée par ce tableau, l’écrivaine américaine Tracy Chevalier a publié en 1999 un roman éponyme, ensuite adapté au cinéma, qui a renforcé sa notoriété. Des militants environnementaux l’ont pris pour cible en octobre. L’œuvre, protégée sous verre, n’a pas été endommagée par le produit projeté.
5- La Dentellière
Ce qui frappe avant dans ce tableau (1666-1668) habituellement exposé au Louvre à Paris, c’est sa taille très modeste au milieu de son grand cadre. C’est d’ailleurs la plus petite œuvre de Vermeer: 24 x 21 cm. La lumière arrive de la droite pour éclairer la jeune femme penchée et absorbée par son ouvrage. Comme La Laitière, elle se détache sur un fond blanc. Son visage se dérobe, tout comme son ouvrage de dentelle. Avec sa lumière douce, le tableau laisse interrogatif. A-t-on affaire à un portrait? Une scène de genre? Une allégorie? Mystère...
Bélinda Ibrahim avec AFP
Il s’agit d’un événement inédit. Le musée a réussi à rassembler plus de trois quarts de l’œuvre de Vermeer, faisant de l’exposition la plus grande rétrospective jamais dédiée au peintre du siècle d’or néerlandais. Vermeer, auteur de toiles mondialement connues dont La Laitière et La Jeune Fille à la perle a produit une œuvre enchanteresse. «Jamais dans l’histoire 28 tableaux de Vermeer n’ont été rassemblés», déclare Taco Dibbits, directeur général du Rijksmuseum, lors d’une visite en avant-première. «Il n’en a même pas vu autant ensemble lui-même», ajoute-t-il.
Célèbres pour leur luminosité sans égal, les 28 toiles brilleront sur les murs sombres des galeries du Rijksmuseum le temps de l’exposition, du 10 février au 4 juin, prêtées par des musées et des collections à travers le monde. «Ce sont des retrouvailles très heureuses», note M. Dibbits, dont le musée a déjà vendu 200.000 billets, du jamais-vu pour une seule exposition.
Le directeur général du Rijksmuseum Taco Dibbits s’adresse aux journalistes alors qu’il se tient devant un tableau du maître néerlandais Johannes Vermeer intitulé « La jeune fille à la perle » au Rijksmuseum d’Amsterdam.
Une partie de la fascination pour Vermeer provient du mystère qui entoure le peintre, surnommé le «Sphinx de Delft». L’artiste est né dans une famille de commerçants calvinistes avant de se convertir au catholicisme après son union avec une femme aisée avec laquelle il a eu onze enfants. Mais on connaît finalement assez peu de choses sur sa vie, et son travail a longtemps langui dans l’obscurité par rapport à d’autres maîtres du siècle d’or néerlandais comme Rembrandt, avant d’être véritablement révélé au XIXe siècle.
L’accession de Vermeer au statut de mégastar coïncide avec la publication en 1999 du roman historique La Jeune Fille à la perle de Tracy Chevalier, inspiré du tableau prêté pour l’exposition par le musée Mauritshuis de La Haye. Le livre a également donné naissance à un magnifique film hollywoodien en 2003, Girl with a Pearl Earring, avec à l’affiche Scarlett Johansson et Colin Firth.
La plupart de ses œuvres représentent des femmes qu’il présentait sous leur meilleur jour, au sens propre et figuré. Il peint des femmes dans des contextes domestiques, en train de lire, d’écrire une lettre d’amour ou de jouer un instrument de musique. Cependant, l’authenticité d’une des œuvres exposées, La Jeune Fille à la flûte, est remise en cause par la galerie qui l’a prêtée, la National Gallery of Art de Washington, selon laquelle le tableau a été «plus probablement peint par un associé de l’atelier de Vermeer».
Le Rijksmuseum affirme cependant être parvenu à une conclusion différente sur la base d’informations partagées. «Je pense que pour la science et pour la connaissance de Vermeer, il est très important d’avoir ces discussions», affirme M. Dibbits. Il estime que l’attrait de Vermeer réside notamment dans sa création de mondes silencieux si réalistes que le spectateur a l’impression de s’y perdre. «Nous vivons dans un monde tellement mouvementé, observe M. Dibbits, et puis nous nous tenons devant Vermeer, et le temps s’arrête.»
Retour sur les étapes de la vie de Vermeer
Né en 1632 dans cette cité hollandaise proche de La Haye, il meurt à 43 ans. Il grandit dans une famille calviniste de commerçants moyens, avec un père instable et farfelu qui mène parallèlement une carrière de marchand d’art. Converti au catholicisme, il épouse Catharina, une femme aisée dont il a onze enfants. Comme son père, c’est aussi un marchand d’art et un expert réputé et, comme son père, il meurt criblé de dettes. Sa veuve donnera en gage au boulanger deux de ses toiles pour garantir une énorme dette de 726 florins. L’équivalent de deux à trois ans de pain... Il jouit de son vivant d’une réputation d’artiste novateur et de la protection de riches commanditaires. Mais, hormis auprès de quelques collectionneurs éclairés, l’essentiel de son œuvre tombe vite dans l’oubli après sa mort. Il faut attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour qu’il soit redécouvert, grâce au critique d’art et journaliste français Théophile Thoré-Burger. On assiste dès lors à une véritable chasse aux – rares – œuvres de l’artiste, qui s’impose au XXe siècle comme l’un des peintres majeurs de l’histoire de l’art.
Lorsque les faussaires s’en donnent à cœur joie
Attirés par cette nouvelle célébrité, les faussaires ne se privent pas de créer des copies. Les «faux Vermeer» se multiplient, d’autant que plusieurs de ses toiles ont disparu au cours des siècles et qu’on manque de connaissances sur cet artiste qui, fait rare, n’a laissé aucun croquis ni esquisse. Aujourd’hui, seule une bonne trentaine de tableaux lui sont attribués avec certitude. On reconnaît les toiles de Vermeer à leurs perspectives sans défaut, d’autant plus étonnantes que l’artiste ne s’aidait d’aucune ligne guide ni d’étude préparatoire. Selon une biographie récente, l’ex-protestant est formé à cette technique de la «camera obscura» –permettant de projeter la lumière reflétée par des objets sur une surface plane – par des prêtres jésuites dont l’église clandestine jouxte sa maison. La chambre noire, considérée par les jésuites comme un outil d’observation de la lumière divine, lui permet cette mise au point sur un élément essentiel du tableau, comme le fil de La Dentellière par exemple, alors que d’autres zones sont volontairement floues.
En conquérant la célébrité au tournant du XXe siècle, Vermeer fait aussi l’unanimité auprès des artistes, dans la littérature comme dans la peinture, puis le cinéma. Renoir se pâme devant La Dentellière, dont Dali propose sa propre version. Van Gogh loue «la palette de cet étrange peintre». Et Vue de Delft, décrit par Proust comme «le plus beau tableau du monde», est, à en croire Pissarro, «un chef-d’œuvre qui se rapproche des impressionnistes».
Un tableau du maître hollandais est le mobile du crime dans l’un des romans d’Agatha Christie tandis qu’un épisode de la série Sherlock a comme sujet la découverte d’une de ses toiles inconnues. Vermeer a également inspiré un livre pour enfants, une marque française de produits laitiers ou encore un roman à succès de l’Américaine Tracy Chevalier, transposé au cinéma avec la même réussite.
Vermeer en cinq tableaux
1- La Laitière
c'est le plus célèbre de ses tableaux et certainement l’une des œuvres les plus illustres de l’histoire de la peinture. De taille modeste, il représente une domestique – c’est son seul tableau ayant pour sujet principal un personnage de condition humble- affairée à confectionner un plat à base de lait. Le traitement original, délicat et mesuré de la lumière s’oppose aux effets de clair-obscur de l’autre grand maître de la peinture hollandaise, Rembrandt.
Si, après sa mort, la majeure partie de sa production tombe pour longtemps dans un certain oubli, La Laitière (1658-1659) restera toujours considérée comme un chef-d’œuvre incontestable par les amateurs d’art. Elle a donné son nom et son image à une célèbre marque française de dessert industriel.
2- Vue de Delft
L’une des deux seules toiles en extérieur du peintre, il s’agit du paysage urbain le plus célèbre de l’âge d’or de la peinture néerlandaise. Le tableau (1660-1661) dégage une atmosphère tranquille avec ses jeux d’ombre et de lumière et l’utilisation d’une technique proche du pointillisme. Et qu’importe si la représentation de la ville natale du peintre n’est pas exacte d’un point de vue topographique... L’œuvre fascinait l’écrivain Marcel Proust. Il décrit d’ailleurs cette impression de temps suspendu dans À la recherche du temps perdu.
3- La Femme à la balance
Le regard est happé vers la balance tenue en équilibre entre le pouce, l’index et le majeur. Avec dans cette toile (1662-1664) toujours cet effet de lumière cher à Vermeer. Mais ici, derrière la femme au teint diaphane et richement vêtue qui fait face à un miroir, une représentation du Jugement dernier pourrait vouloir faire passer un message religieux. Revenu sur Terre, le Christ lui aussi «soupèse» les choses, il juge les vivants et les morts. Une allégorie sur le caractère mortel de l’homme et la vanité des biens matériels, eux aussi éphémères.
4 - La Jeune Fille à la perle
Ce portrait en buste (1664-1667) est celui d’une très jeune femme – peut-être l’une des filles du peintre? – portant une perle à l’oreille et un turban sur la tête. Il frappe d’emblée par l’illusion de vie et d’immédiateté dégagée. Avec cette même expression énigmatique sur le visage, le tableau est surnommé La Joconde du Nord et rivalise presque, aujourd’hui, avec l’œuvre de Léonard de Vinci en termes d’exposition. On retrouve la toile en couverture d’ouvrages consacrés à l’art, mais aussi sur des coussins, des sous-verre... L’artiste d’art urbain Banksy l’a «graffée» sur un mur de Bristol (Angleterre).
Fascinée par ce tableau, l’écrivaine américaine Tracy Chevalier a publié en 1999 un roman éponyme, ensuite adapté au cinéma, qui a renforcé sa notoriété. Des militants environnementaux l’ont pris pour cible en octobre. L’œuvre, protégée sous verre, n’a pas été endommagée par le produit projeté.
5- La Dentellière
Ce qui frappe avant dans ce tableau (1666-1668) habituellement exposé au Louvre à Paris, c’est sa taille très modeste au milieu de son grand cadre. C’est d’ailleurs la plus petite œuvre de Vermeer: 24 x 21 cm. La lumière arrive de la droite pour éclairer la jeune femme penchée et absorbée par son ouvrage. Comme La Laitière, elle se détache sur un fond blanc. Son visage se dérobe, tout comme son ouvrage de dentelle. Avec sa lumière douce, le tableau laisse interrogatif. A-t-on affaire à un portrait? Une scène de genre? Une allégorie? Mystère...
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