Un tweet annonciateur, des oiseaux qui adoptent un comportement étrange: sur les réseaux sociaux, les internautes aimeraient croire que le récent séisme en Turquie était prédictible. Un vœu pieux, selon les sismologues.
"Tôt ou tard, il y aura un tremblement de terre de magnitude 7,5 dans cette région (centre-sud de la Turquie, Jordanie, Syrie, Liban)", écrivait un internaute sur Twitter trois jours avant le séisme dévastateur qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février, relançant les rumeurs sur la prédictibilité des séismes.
Cependant, les experts sont catégoriques : "Il est impossible de prédire la localisation, la date exacte et l'intensité d'un séisme", assure Yann Klinger, directeur de recherche CNRS au sein de l'équipe de tectonique de l'Institut de physique du globe de Paris.
Des Syriens, déplacés se rassemblent autour du feu au milieu des décombres de bâtiments détruits dans la ville rebelle de Jandairis (AFP)
Les sismologues disposent seulement de cartographies des failles actives, qui risquent inévitablement de céder, grâce auxquelles ils peuvent effectuer des prévisions -et non des prédictions- à l'échelle de plusieurs dizaines d'années minimum.
"L'épicentre du récent séisme se situe dans une zone rouge vif. C'est-à-dire qu'on savait très bien qu'un tremblement de terre allait se produire à cet endroit. Cependant, on est incapable de dire si cela allait se passer demain ou dans 50 ans", détaille Rémy Bossu, sismologue et secrétaire général du Centre Sismologique Euro-Méditerranéen (EMSC).
Ainsi, le tweet "annonciateur" ne peut être qu'être qualifié de "malheureux hasard", affirment les experts. D'autant plus que l'internaute à l'origine de la publication n'en est pas à sa première "prédiction".
"Comme j'aime le répéter : une horloge cassée est à l'heure deux fois par jour. Des prédictions, on en reçoit tout le temps. Dire qu'il va y avoir un séisme en Turquie ou en Grèce, c'est factuel. Mais ça n'en fait pas une prédiction", pointe Rémy Bossu.
Pour sa "prédiction", l'internaute se basait principalement sur les forces d'attraction des marées, imputables en majeure partie à la Lune.
Toutefois, même si les marées terrestres ou océaniques augmentent et diminuent effectivement la pression sur les failles sismiques, cette attraction est d'une amplitude très faible et "insuffisante pour déclencher à elle seule un tremblement de terre", explique Yann Klinger.
L'affaire Iben Browning est un exemple emblématique de cette croyance. Cet amateur avait prédit la date et l'heure d'un gros tremblement de terre dans le centre des États-Unis pour le 3 décembre 1990.
"Iben Browning invoquait la même mécanique céleste. Ce raisonnement a été relayé dans la presse et cela a pris une telle dimension qu'il y a eu des appels d'urgence dans certains endroits. Au final, il ne s'est rien passé", raconte Michel Campillo, géophysicien et sismologue, professeur à l’Université de Grenoble et membre de l’Académie des sciences.
D'autres internautes scrutent, eux, le comportement des animaux. Des vidéos d'oiseaux ont ainsi été massivement partagées dès le 6 février, prétendant montrer une attitude "étrange", signe précurseur d'un séisme.
Les travaux de déblayage sont en cours dans les villes turques sinistrées (AFP)
"On a souvent rapporté le comportement inhabituel de chiens, de troupeaux de moutons ou d'oiseaux juste avant une forte secousse. On pense que certains animaux réagissent aux premières ondes, les ondes P, qui sont de plus faible amplitude que les secondes, les ondes S, qui génèrent souvent le plus de dégâts. Il s'agit donc principalement d'une question de sensibilité et non pas de prédiction", explique Françoise Courboulex, sismologue et directrice de recherche au CNRS.
À l'aide de capteurs sismiques, les sismologues sont toutefois capables de détecter ces ondes P, et peuvent ainsi déclencher des systèmes d'alerte précoce même si le tremblement de terre a déjà commencé.
Le système peut s'avérer utile pour prévenir les populations, si l'épicentre du séisme n'est pas sous une ville, mais surtout pour couper immédiatement le gaz ou l'électricité et éviter ainsi d'avoir du sur-accident, en plus des dégâts provoqués par les vibrations.
Avec AFP
"Tôt ou tard, il y aura un tremblement de terre de magnitude 7,5 dans cette région (centre-sud de la Turquie, Jordanie, Syrie, Liban)", écrivait un internaute sur Twitter trois jours avant le séisme dévastateur qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février, relançant les rumeurs sur la prédictibilité des séismes.
Cependant, les experts sont catégoriques : "Il est impossible de prédire la localisation, la date exacte et l'intensité d'un séisme", assure Yann Klinger, directeur de recherche CNRS au sein de l'équipe de tectonique de l'Institut de physique du globe de Paris.
Des Syriens, déplacés se rassemblent autour du feu au milieu des décombres de bâtiments détruits dans la ville rebelle de Jandairis (AFP)
Les sismologues disposent seulement de cartographies des failles actives, qui risquent inévitablement de céder, grâce auxquelles ils peuvent effectuer des prévisions -et non des prédictions- à l'échelle de plusieurs dizaines d'années minimum.
"L'épicentre du récent séisme se situe dans une zone rouge vif. C'est-à-dire qu'on savait très bien qu'un tremblement de terre allait se produire à cet endroit. Cependant, on est incapable de dire si cela allait se passer demain ou dans 50 ans", détaille Rémy Bossu, sismologue et secrétaire général du Centre Sismologique Euro-Méditerranéen (EMSC).
Ainsi, le tweet "annonciateur" ne peut être qu'être qualifié de "malheureux hasard", affirment les experts. D'autant plus que l'internaute à l'origine de la publication n'en est pas à sa première "prédiction".
"Comme j'aime le répéter : une horloge cassée est à l'heure deux fois par jour. Des prédictions, on en reçoit tout le temps. Dire qu'il va y avoir un séisme en Turquie ou en Grèce, c'est factuel. Mais ça n'en fait pas une prédiction", pointe Rémy Bossu.
Liens avec les marées
Pour sa "prédiction", l'internaute se basait principalement sur les forces d'attraction des marées, imputables en majeure partie à la Lune.
Toutefois, même si les marées terrestres ou océaniques augmentent et diminuent effectivement la pression sur les failles sismiques, cette attraction est d'une amplitude très faible et "insuffisante pour déclencher à elle seule un tremblement de terre", explique Yann Klinger.
L'affaire Iben Browning est un exemple emblématique de cette croyance. Cet amateur avait prédit la date et l'heure d'un gros tremblement de terre dans le centre des États-Unis pour le 3 décembre 1990.
"Iben Browning invoquait la même mécanique céleste. Ce raisonnement a été relayé dans la presse et cela a pris une telle dimension qu'il y a eu des appels d'urgence dans certains endroits. Au final, il ne s'est rien passé", raconte Michel Campillo, géophysicien et sismologue, professeur à l’Université de Grenoble et membre de l’Académie des sciences.
"Attitude "étrange"
D'autres internautes scrutent, eux, le comportement des animaux. Des vidéos d'oiseaux ont ainsi été massivement partagées dès le 6 février, prétendant montrer une attitude "étrange", signe précurseur d'un séisme.
Les travaux de déblayage sont en cours dans les villes turques sinistrées (AFP)
"On a souvent rapporté le comportement inhabituel de chiens, de troupeaux de moutons ou d'oiseaux juste avant une forte secousse. On pense que certains animaux réagissent aux premières ondes, les ondes P, qui sont de plus faible amplitude que les secondes, les ondes S, qui génèrent souvent le plus de dégâts. Il s'agit donc principalement d'une question de sensibilité et non pas de prédiction", explique Françoise Courboulex, sismologue et directrice de recherche au CNRS.
À l'aide de capteurs sismiques, les sismologues sont toutefois capables de détecter ces ondes P, et peuvent ainsi déclencher des systèmes d'alerte précoce même si le tremblement de terre a déjà commencé.
Le système peut s'avérer utile pour prévenir les populations, si l'épicentre du séisme n'est pas sous une ville, mais surtout pour couper immédiatement le gaz ou l'électricité et éviter ainsi d'avoir du sur-accident, en plus des dégâts provoqués par les vibrations.
Avec AFP
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