Après la réunion de Paris, un possible recours à l’ONU
Le chef du Parlement, Nabih Berry, a essayé de couper la route aux représentants diplomatiques des cinq pays réunis à Paris, qu’il a reçus lundi à Aïn el-Tiné, et qui avaient pour mission claire de demander aux dirigeants libanais de mettre fin au blocage politique qui empêche le Liban de se doter d’un président.

Devant les ambassadeurs de France, des États-Unis, d’Égypte, du Qatar et du représentant de l’ambassade d’Arabie saoudite, Nabih Berry a dit que le profil proposé par les cinq pour le nouveau président de la République correspond à celui qu’il avait lui-même dressé dans son discours lors de la 45ème commémoration de la disparition de l'imam Moussa Sadr. Une façon pour lui d’éviter d’aborder le fond du problème et de prolonger la discussion à ce sujet.

Les diplomates se sont gardés d’ailleurs de s’engager dans un débat sur la question, mais ont clairement fait savoir à leur hôte qu’il est grand temps pour le Liban de se doter d’un chef de l’Etat, que la classe politique, notamment au pouvoir, sera tenue pour responsable du choix du président élu et que le seul président acceptable est celui qui aura la confiance de tous les Libanais et de la communauté internationale.

Les propos des diplomates recelaient une mise en garde sans équivoque, qui a été scrupuleusement relayée au secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, sans qu’elle n’induise toutefois, un changement quelconque, au niveau de la stratégie que les deux formations suivent au niveau du dossier de la présidentielle. Le Hezbollah continue de soutenir la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié, à la tête de l’État, et reste intransigeant sur la question. Son secrétaire général, Hassan Nasrallah, a d’ailleurs été très clair à ce sujet, en affirmant, dans ce qui représente indubitablement une réponse indirecte aux cinq que « le monde entier ne pourra pas imposer un président aux Libanais ». Hassan Nasrallah qui s’est exprimé ainsi lors d’une intervention télévisée jeudi, a ajouté que l’échéance présidentielle est « une affaire interne libanaise » et que « les efforts pour élire un nouveau chef de l’Etat ne doivent pas s’arrêter ».

Non seulement, la formation pro-iranienne s’accroche à la candidature de Sleiman Frangié, mais elle envisage de durcir davantage sa position au cas où le général Abbas Ibrahim ne serait pas reconduit à son poste à la tête de la Sûreté générale. Le général Ibrahim passe à la retraite le 1er mars 2023.

Vue sous le prisme du bras-de-fer qui prend forme avec la communauté internationale, une rallonge du mandat du directeur de la Sûreté générale représente pour le Hezbollah, une ligne rouge qui ne peut pas être franchie. Car, un échec à ce niveau ébranlerait la structure dont il contrôle tous les rouages et qu’il considère d’une solidité à toute épreuve, ce qu’il ne peut pas tolérer et qui expliquerait un raidissement au niveau de sa position par rapport à la présidentielle.


Quoi qu’il en soit, la mission des cinq n’est pas terminée. Pour l’heure, la balle est dans le camp de ceux qui bloquent la présidentielle, censés saisir au vol le message on ne peut plus clair qui leur a été transmis et assumer leurs responsabilités.

Parallèlement, les cinq pays qui ont tenu une réunion consacrée au dossier libanais à Paris, à savoir les États-Unis, la France, l'Arabie saoudite, le Qatar et l'Égypte, les garderont à l’œil et surveilleront de près la manière dont le Hezbollah et ses alliés vont gérer cette échéance constitutionnelle.

Ils doivent tenir une seconde réunion dans un proche avenir, pour évaluer la suite que ces derniers vont donner aux mises en garde qui leur ont été adressées. Les représentants des cinq ont bien fait comprendre à leurs interlocuteurs que les États au nom desquels ils s’expriment n’écartent pas la possibilité de reconsidérer leurs relations avec le Liban si le blocage persiste. Mais ce n’est pas tout. Ils ont laissé entendre que des mesures seront prises contre les obstructionnistes et que le dossier libanais serait sous la loupe de l'ONU, car la situation au Liban augure dangereusement d'un désastre humanitaire.

 

 
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