De l’art d’éduquer Iznogoud le diviseur
Dans un article publié dans ces colonnes le mardi 21 février, le rédacteur surnomme « Iznogoud maronite » celui que d’autres appellent indifféremment «Monsieur Gendre» ou le qualifient de cet intraduisible «
 
La définition d’un Iznogoud est simple. C’est, en général, un sous-fifre ou un petit garnement, sans cesse agité, bruyant et caractériel, habité par une insatiable volonté de nuisance et de puissance qui fait de lui un être proprement «diabolique». En grec «diabolos/διαβολος» signifie « le diviseur ». Comment expliquer cette pulsion morbide à vouloir tout diviser, tout briser, tout casser afin d’être l’unique premier au sein de son clan ou de sa horde ? Il y a ainsi de pauvres êtres qui ne grandissent jamais. Ils demeurent fixés à un stade précoce et régressif d’un narcissisme aux dimensions de l’univers. L’amour de leur propre ego les oblige à devoir nécessairement éliminer toute altérité devant eux. Y a-t-il un sultan en face ? Je veux être sultan à la place du sultan crie en trépignant Iznogoud. Y a-t-il un chef de clan adverse dans les environs ? L’Iznogoud entre dans une rage folle : c’est moi le premier vous dis-je. Nul autre que moi ne peut être premier au village, au hameau, au bourg ou au campement de fortune.
L’Iznogoud (maronite) qui nous concerne appartient à une catégorie particulière. Il est persuadé qu’il résume à lui tout seul la vénérable communauté maronite qui a donné au Liban tant de nobles figures. Leur liste est fort longue à évoquer, avant de pouvoir aborder celle du burlesque Iznogoud et de sa non moins burlesque nounou du Parquet.
Comme le dit le Professeur Antoine Messarra, ce personnage appartient à une frange confessionnelle de «fourbes diaboliques qui, depuis 2016, instrumentalisent un imaginaire collectif qui vit toujours dans les limites étroites du petit Mont-Liban. Ceci leur permet, en toute irresponsabilité, de faire régner la discorde qu’entraînent le blocage institutionnel, le populisme, l’opportunisme, la violation de la Constitution et l’atteinte à la souveraineté de l’État». Notre garnement crie, trépigne et hurle à tue-tête qu’il veut être président de la république et que l’auguste fauteuil de Baabda n’attend que son fondement après celui de son beau-père dont il est le gendre bien-aimé à qui on passe tous les caprices, même les plus destructeurs.
PRIMO. Iznogoud doit savoir que, selon l’article 49 de la Constitution, «Le Président de la République est le Chef de l'État et le symbole de l'unité de la Patrie. Il veille au respect de la Constitution et à la sauvegarde de l'indépendance du Liban, de son unité et de l'intégrité de son territoire conformément aux dispositions de la Constitution». Nous l’invitons à comprendre qu’un chef d’État n’est pas le chef d’une harde de loups ou de gorilles qui doit dominer par la force tous ses congénères.
DEUXIO. Un chef de l’État transcende toute velléité despotique d’influence au profit de la règle du droit ainsi que du respect du principe de subsidiarité dans l’exécution des procédures. Iznogoud, ainsi que sa nounou-magistrat, doivent se rappeler la noblesse du Président Fouad Chehab. Un de ses ministres faisait l’objet d’une plainte en justice. Il refusa de réceptionner la notification par exploit d’huissier. Le Président Chehab, en tant que gardien des procédures légales, joua lui-même l’huissier de justice et remit, en mains propres, la notification de la Cour à son destinataire. Tel est le chef de l’État dans la plénitude de ses prérogatives.

TERZIO. On invite également l’Iznogoud libanais à relire le conseil prodigué par Sejean Azzi, dans le An-Nahar du 07/08/2008, aux chrétiens du Liban: «Le rôle des chrétiens est irréductible. Personne d’autre qu’eux-mêmes ne peut le garantir, fut-il reconnu par mille et une chartes. Cette garantie dérive d’une conscience morale chrétienne entraînant un comportement citoyen et national créatif et civilisé. Les chrétiens feraient mieux de se plaindre de l’insuffisance en la matière de certains dirigeants plutôt que de la réduction de leurs prérogatives».
QUARTO. Iznogoud est prié de méditer longuement le fait qu’un président (maronite) de la république libanaise transcende, ipso facto, toutes les appartenances confessionnelles y compris la sienne. Il s’inscrit, en toute logique constitutionnelle, dans un système parlementaire pluraliste. Ce n’est point un président d’honneur et encore moins l’homme impuissant de Baabda. Sa fonction éminente réside dans sa responsabilité unique à veiller, en permanence, à concilier le «partage du Pouvoir» et la «séparation des pouvoirs». Ainsi, le Président Fouad Chehab, face à tout questionnement difficile avait l’habitude de demander à son interlocuteur : «Que dit le livre?», c’est-à-dire la Constitution. Il ne s’improvisait pas lui-même interprète du texte constitutionnel selon son humeur ou dans l’intérêt de ses proches et de ses partisans. C’est le texte constitutionnel qui fonde la force du chef de l’État et non son habileté de manœuvre ou sa fourberie politicienne.
QUINTO. Iznogoud ferait mieux de revoir sa copie et de méditer les erreurs tragiques de sa stratégie qui a dénaturé l’essence du politique et défiguré durablement l’image de marque du chrétien libanais. D’abord, l’obsession permanente des fameux quotas qui distribuent les charges comme on se partage un butin, sans souci aucun de l’unité de l’État. Ensuite, le soin mis à nouer des réseaux de fonctions et d’imbrication des pouvoirs au détriment de l’exigence de responsabilité. Il y a surtout la hantise hallucinatoire du plafond fixé pour chaque confession ainsi que celle de la recherche de l’équilibre artificiel de tels dosages, ce qui étouffe toute volonté de séparation des pouvoirs.
SEXTO. Notre «Iznogoud maronite» se dit bon chrétien, uniquement préoccupé des privilèges de ses congénères dans les charges publiques. Curieusement, son caractère diviseur et destructeur s’exprime préférentiellement contre ses coreligionnaires considérés comme des rivaux à éliminer coûte que coûte. Il suffit de voir l’acharnement de la campagne contre tout maronite pouvant accéder à la fonction présidentielle ainsi que la rage de la nounou dans l’OPA actuellement en cours contre le secteur bancaire «chrétien». Iznogoud serait bien inspiré de rappeler à son Parquet particulier que les avocats Me. Elie Kyrillos et Me. Majd Harb ont déjà déposé plainte contre l’officine illégale du Hezbollah «Al Qard al Hassan» qu’il faut traduire par «Banque du Crédit Charitable», titre inédit pour nommer une institution financière capable d’opérer sur le territoire libanais en toute illégalité. Ceci permet les opérations les plus douteuses que la circulation du cash autorise. La nounou d’Iznogoud ne voit rien, n’entend rien. Après tout, les responsables chiites de la «Banque du Crédit Charitable» ne constituent pas un danger politico-confessionnel à notre petit héros.
Iznogoud sera-t-il le prochain sultan de Baabda? Avec l’aide de son mentor iranien et ses milices libanaises, il pourra régner en despote sur un monceau de ruines fumantes et un immense champ de sépultures. Son mentor et lui détruiront tout. Mais notre garnement finira par crier à la face du monde qui s’en moque royalement: Je suis le maître absolu de la colline de Baabda.
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