L’invasion de l'Ukraine, lancée par la Russie le 24 février 2022, se poursuit et s’établit en guerre d’usure avec une escalade inévitable. Si la résistance farouche des Ukrainiens a fasciné, contre toute attente, le monde dès les premières heures de la guerre, celle d’un homme, Volodymyr Zelensky, n’a laissé personne indifférent. Face à lui, un visage connu de tous, Vladimir Poutine, qui ne cesse de vouloir élargir la sphère d’influence russe à travers le monde. Ces deux figures, diamétralement opposées, feront l’objet d’un conflit majeur qui causera la destruction massive des infrastructures civiles ukrainiennes et la perte de dizaines de milliers de vies civiles et militaires des deux camps.
Volodymyr Zelensky

Élu le 21 avril 2019 avec 73% des suffrages, Volodymyr Zelensky devient le sixième président de l’Ukraine indépendante. Celui qui a grandi en URSS où il a vécu l’endoctrinement soviétique, prône aujourd’hui les fondements de liberté et d’autonomie de la nation qu’il préside.

Son élection vient déjouer les règles traditionnelles de la science politique. Celui qui incarnait quelques années plus tôt dans la série télévisée « Serviteur » un président de la république, cette fiction devient réalité.

En effet, le pays l’a vu grandir sur les écrans, parfois déguisé, parfois blagueur, mais toujours plein d’énergie et d’entrain. D’abord, un comédien de stand-up, puis un acteur, il incarne l’émergence d’une nouvelle génération, celle d'une Ukraine libre et indépendante.



Si les élites intellectuelles ukrainiennes tordent le nez, Vladimir Poutine, lui, n’est pas si contrarié de le voir arriver au pouvoir. Pour cause, le président russe adorait détester le prédécesseur de M. Zelensky, Petro Porochenko, beaucoup trop nationaliste et militariste à son goût et, de plus, obsédé par la langue ukrainienne: un antirusse achevé!

Zelensky est certes très populaire, mais doit-on réellement le prendre au sérieux ? Pour sa première visite à première vue anodine sur le front du Donbass, le président ukrainien joue de son image: il affirme son autorité par sa tenue civile, voulant véhiculer l’image d’un commandant des armées fort et qui ne recule pas devant le danger.

En décembre 2019, il est convié par le président français Emmanuel Macron à l’Élysée dans le cadre de négociations de paix avec la Russie. L’image de la poignée de main entre Poutine et Zelensky est inédite. D’ailleurs, Zelensky dira plus tard au sujet de son homologue russe: « Ce type n’a pas de regard, il a des yeux, mais pas de regard ! », voulant sans doute témoigner de son côté glacial. Début 2021, l’exécutif ukrainien s’attaque aux biens de certains oligarques réputés proches de Moscou, à la grande fureur de Vladimir Poutine.

Aujourd’hui, depuis le début de la guerre en Ukraine, Volodymyr Zelensky s‘affiche aux yeux du monde comme un dirigeant de guerre incontournable, imitant parfois certaines sorties agressives à la Churchill contre l’ennemi, et prêchant l’importance de résister et de poursuivre la lutte quoi qu’il en coûte. Réputé à travers le monde pour son courage, sa bravoure et sa persévérance, il use des médias pour donner l’image d’un chef des armées déterminer à remporter ce conflit en portant son pull couleur kaki et son pantalon cargo.

Vladimir Poutine

Officier du KGB en Allemagne de l’Est lors de la chute de l’URSS, Vladimir Poutine vit cet évènement historique comme une grande déchirure personnelle et nationale. Lors d’une interview accordée en 1994 au professeur Timothy Garton Ash de l’Université d’Oxford, publiée en 2014 dans ses mémoires, il dira que « l’implosion de l’URSS est la plus grande du XXème siècle », ce qui laisse entrevoir sa tendance révisionniste de l’histoire du monde. Il poursuit : « La Russie a volontairement cédé d’énormes territoires aux anciennes républiques de l’Union soviétique, y compris des régions qui, historiquement, ont toujours appartenu à la Russie ». Cette même conception est celle qui le poussera à envahir l’Ukraine en février 2022.



Poutine est propulsé au pouvoir en 1999, dans une Russie saignée par la vulnérabilité du pouvoir en place. L’effondrement économique et l’extrême pauvreté menacent la société. Nommé Premier ministre sous la présidence de Boris Eltsine, il souhaite s’imposer comme le nouvel homme fort du pays, espérant déjà remplacer le président russe fatigué et gravement malade.

Il saisit alors l’opportunité en déclarant la guerre à la Tchétchénie suite à des années de tensions et cinq attentats meurtriers à Moscou attribués aux indépendantistes tchétchènes. Il clame alors à la télévision : « Nous poursuivrons les terroristes partout, même dans les chiottes! ».

Ainsi, quand Vladimir Poutine accède à la présidence en 2000, son objectif principal était de rendre à la Russie sa gloire d’antan. Il est, d’une part, nostalgique de l’époque de l’Empire tsariste, notamment par ses trois figures historiques: Yvan le Terrible, Pierre le Grand et la Grande Catherine. D’ailleurs, celle-ci considérait: « Je n’ai trouvé d’autres moyens de défendre l’Empire que par la conquête de nouveaux territoires ». Drôle de ressemblance avec la tendance impérialiste du président russe qui ne fait, depuis 2008, qu’envahir des territoires, bravant le droit international et la souveraineté de pays voisins.



Pensant se protéger de « l’expansionnisme occidental et l’encerclement de la Russie », il tente de renforcer la sphère d’influence russe dans les anciennes républiques soviétiques. D’autre part, il se veut l’héritier de «l’Empire Soviétique» et descendant des vainqueurs de «la Grande Guerre Patriotique» (appellation russe de la Seconde Guerre mondiale) dont l’Allemagne nazie fut vaincue aux portes de Stalingrad en 1943. Il est ainsi nostalgique de la grandeur de l’URSS et de son plus emblématique dirigeant Staline.

C’est dans cet état d’esprit que Vladimir Poutine enclenchera des opérations militaires en Géorgie en 2008 (en Abkhazie et en Ossétie du Sud) ainsi qu’en Ukraine en 2014, conflit qui se poursuivra en guerre d’usure jusqu’à l'invasion de 2022. Enfin, pour asseoir son pouvoir, il renforce les services de renseignements (le FSB) dont il est issu. Sous l’égide de la lutte contre la corruption, il met au pas les oligarques, les punissant si leurs intérêts financiers divergent de ses intérêts politiques. La liste de ses opposants poursuivis et traqués s'allonge au fil des années. Il établit ainsi un vrai régime autoritaire.
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