Babylon, le dernier film de Damien Chazelle, relate les débuts de Hollywood et l’arrivée du cinéma qui va chambouler toute une époque. Après son film La La Land récompensé aux oscars en 2017, la comédie dramatique Babylon est loin d’offrir une histoire d’amour idyllique mais plutôt une panoplie de personnages déchaînés. Le long-métrage dure plus de trois heures, avec comme acteurs principaux Brad Pitt, Margot Robbie, Diego Calva et Jean Smart.

https://www.youtube.com/watch?v=t7HT83wkVss

Le réalisateur de Babylon, Damien Chazelle, se montre entreprenant et audacieux en reflétant sur grand écran toute la démesure de la période Hollywood. Des personnages invraisemblables, éblouissants, apathiques, dépressifs, entraînent le spectateur dans le tourbillon de la démesure: la jeune femme prête à toutes les concessions pour devenir star, l’immigré mexicain, domestique, à la poursuite du rêve américain et des projecteurs, le personnage chic en pleine décadence, le trio qui trouve un terrain commun dans une fête allant dans tous les sens…

Une période suspendue des années 20, qui va du cinéma muet au cinéma parlant, sur un rythme endiablé de musique et un éventail de couleurs, d’accoutrements, d’accessoires et de personnages. Toute la grandiose de Hollywood est là, mais aussi tout le déclin. Le cinéma parlant se présente comme une énorme machine qui vient bouleverser l’ordre des choses et révolutionner toute une ère, non sans passer par le «trop». Tout est excessif, disproportionné, monstrueux, phénoménal.


De grandes questions se posent inévitablement: l’art ou le passe-temps, le bain de foule ou l’isolement, les valeurs ou l’illimité, le sans-limites. Au rythme de la musique criante du film, une signature Justin Hurwitz, pas le temps d’y penser ni d’y répondre. La roue tourne, la machine avance et les clics de caméra s’enchaînent dans un carnaval effervescent qui emporte tout sur son passage…

Le film de Damien Chazelle s’achève sur un plan séquence au regard voyeur qui se veut introspectif. Le spectateur se retrouve lui-même observé, en proie à l’œil de la caméra. Un coup de théâtre qui redonne l’envie de refaire ce bout de chemin, loin des lumières et de l’extravagance, à l'époque du cinéma muet. À cette époque-là, dans la simplicité des regards, des gestes, en noir et blanc, tout était dit… tout était là.

Babylon est un film techniquement réussi dans son ambiance, ses images, sa musique et sa mise en scène, quoique le fil conducteur qui nous tiendrait en haleine tout au long des trois heures lâche le spectateur, face à des mosaïques de scènes décousues. Mais peut-être était-ce l’intention même du réalisateur… Dans cette machine infernale, du temps où la démesure était le mot «d’ordre», tout, avait-il nécessairement un sens?

Marie-Christine Tayah
Instagram:
Commentaires
  • Aucun commentaire