Le Festival al-Bustan a donné, le jeudi 23 février, le coup d’envoi de sa 29e saison musicale, placée sous le thème des «Harmonies de la paix». L’Orchestra della Magna Grecia, sous la direction de la talentueuse cheffe d’orchestre italienne, Gianna Fratta, et la violoniste Coréo-Américaine, Elly Suh, ont réaffirmé leur maestria dans une prestation exaltée, d’une ivresse sonore spectaculaire. Au-delà de toute narrativité musicale, la phalange italienne s’est passionnément adonnée aux harmonies françaises d’Édouard Lalo (1823-1892) et tchèques d’Antonín Dvořák (1841-1904), dans un maelström de timbres et de sensations éthérées, à la jonction entre une finesse exquise et une véhémence luxuriante. Elle entama ainsi cette rutilante soirée par la Symphonie espagnole d’Edouard Lalo, louée par Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) pour sa « fraîcheur, sa légèreté [et] ses rythmes piquants ». Composée spécialement pour le violoniste espagnol Pablo de Sarasate, cette œuvre pittoresque expose divers genres musicaux de sa terre natale (le flamenco, la moresque, la habanera, et la malagueña) qui requièrent à la fois virtuosité, subtilité et imagination qui trouvent chez Elly Suh sa parfaite incarnation.
Le jeu de la virtuose et la sonorité perlée de son violon offrent une vaste palette d’ombres, de lumières et d'impressions musicales, rendant ainsi justice à chacun des cinq mouvements de ce chef-d’œuvre aux allures de concerto. Elly Suh excelle particulièrement dans l’alternance des tensions et des relâchements, dénotant une rare maîtrise de son instrument. Si le premier thème de l’Allegro non troppo instaure une atmosphère lugubre et impétueuse que la phalange italienne restitue au moyen de tutti explosifs, le troisième mouvement, Intermezzo, met en exergue une pureté sonore et une poésie frémissante à fleur de peau. Il est donc clair que l’impétuosité et la sensibilité d’expression, inhérentes à cette œuvre française aux couleurs espagnoles, vont comme un gant à la violoniste coréo-américaine. Cette même finesse ainsi qu’une dextérité à tout épreuve ne se démentent pas dans le Caprice no.5 en la mineur de Niccolò Paganini (1782-1840). Elly Suh profite ainsi de l’écriture foisonnante de ce bis pour montrer et démontrer, ne serait-ce qu’une dernière fois avant d’entamer sa performance, ses prouesses techniques.
Après cette interprétation incandescente, la seconde partie du concert s’ouvre sur la neuvième symphonie en mi mineur, op.95, dite «du Nouveau Monde», d’Antonín Dvořák. Les musiciens font preuve d’une discipline exceptionnelle dans la définition des articulations et révèlent une maîtrise impressionnante des harmonies et de la pulsation commune. Parmi les moments forts de cette soirée, on retiendra particulièrement: la pétillante coda qui clôture brillamment le premier mouvement Allegro molto; le thème pastoral sublimement initié à la septième mesure par le hautbois (qu’on se doit de féliciter), repris successivement par les différents registres de l’orchestre, avant qu’un dialogue nostalgique émouvant entre les flûtes, clarinettes, hautbois et les cordes en prenne le relais, faisant assaut d’éloquence et de maîtrise du souffle musical; l’atmosphère fiévreuse puis dramatique du troisième mouvement, Scherzo, qui sonne comme une réminiscence du Scherzo de la neuvième symphonie en ré mineur, op.125 de Ludwig van Beethoven (1770-1827), et l’exubérance du célébrissime quatrième mouvement, Allegro con fuoco, au parfum capiteux.
Dans le premier thème de ce finale, l’ascension vertigineuse des cordes, menant progressivement à un imposant fortissimo, aboutit au thème «américain» chanté par les cuivres, accompagnés par les accords telluriques des cordes, puis repris uniquement par ces dernières, apportant une autorité fascinante à l’ensemble. Cette effervescence cède ensuite la place à un dialogue plus intimiste entre les bois et les cordes, qui n’est pas sans rappeler, à quelques endroits, l’enregistrement historique de Léonard Bernstein et la Philharmonie de New York en 1962. Ce mouvement, et ainsi la symphonie, s'achève, avec un certain brin d’optimisme, dans un mode majeur inattendu, sur une dernière note soutenue en tutti qui s'éteint avec un pianissimo assourdissant. S'il faut reconnaître aux musiciens d’avoir mis leur talent et expertise au service d’une même unité sonore, les mérites de la cheffe d'orchestre, Gianna Fratta, doivent absolument être soulignés. La cheffe italienne est, en effet, parvenue à dégager la sève mélodique et harmonique de cette monumentale symphonie, poussant chaque instrumentiste à se surpasser.
Poésie frémissante
Le jeu de la virtuose et la sonorité perlée de son violon offrent une vaste palette d’ombres, de lumières et d'impressions musicales, rendant ainsi justice à chacun des cinq mouvements de ce chef-d’œuvre aux allures de concerto. Elly Suh excelle particulièrement dans l’alternance des tensions et des relâchements, dénotant une rare maîtrise de son instrument. Si le premier thème de l’Allegro non troppo instaure une atmosphère lugubre et impétueuse que la phalange italienne restitue au moyen de tutti explosifs, le troisième mouvement, Intermezzo, met en exergue une pureté sonore et une poésie frémissante à fleur de peau. Il est donc clair que l’impétuosité et la sensibilité d’expression, inhérentes à cette œuvre française aux couleurs espagnoles, vont comme un gant à la violoniste coréo-américaine. Cette même finesse ainsi qu’une dextérité à tout épreuve ne se démentent pas dans le Caprice no.5 en la mineur de Niccolò Paganini (1782-1840). Elly Suh profite ainsi de l’écriture foisonnante de ce bis pour montrer et démontrer, ne serait-ce qu’une dernière fois avant d’entamer sa performance, ses prouesses techniques.
Discipline exceptionnelle
Après cette interprétation incandescente, la seconde partie du concert s’ouvre sur la neuvième symphonie en mi mineur, op.95, dite «du Nouveau Monde», d’Antonín Dvořák. Les musiciens font preuve d’une discipline exceptionnelle dans la définition des articulations et révèlent une maîtrise impressionnante des harmonies et de la pulsation commune. Parmi les moments forts de cette soirée, on retiendra particulièrement: la pétillante coda qui clôture brillamment le premier mouvement Allegro molto; le thème pastoral sublimement initié à la septième mesure par le hautbois (qu’on se doit de féliciter), repris successivement par les différents registres de l’orchestre, avant qu’un dialogue nostalgique émouvant entre les flûtes, clarinettes, hautbois et les cordes en prenne le relais, faisant assaut d’éloquence et de maîtrise du souffle musical; l’atmosphère fiévreuse puis dramatique du troisième mouvement, Scherzo, qui sonne comme une réminiscence du Scherzo de la neuvième symphonie en ré mineur, op.125 de Ludwig van Beethoven (1770-1827), et l’exubérance du célébrissime quatrième mouvement, Allegro con fuoco, au parfum capiteux.
Unité sonore
Dans le premier thème de ce finale, l’ascension vertigineuse des cordes, menant progressivement à un imposant fortissimo, aboutit au thème «américain» chanté par les cuivres, accompagnés par les accords telluriques des cordes, puis repris uniquement par ces dernières, apportant une autorité fascinante à l’ensemble. Cette effervescence cède ensuite la place à un dialogue plus intimiste entre les bois et les cordes, qui n’est pas sans rappeler, à quelques endroits, l’enregistrement historique de Léonard Bernstein et la Philharmonie de New York en 1962. Ce mouvement, et ainsi la symphonie, s'achève, avec un certain brin d’optimisme, dans un mode majeur inattendu, sur une dernière note soutenue en tutti qui s'éteint avec un pianissimo assourdissant. S'il faut reconnaître aux musiciens d’avoir mis leur talent et expertise au service d’une même unité sonore, les mérites de la cheffe d'orchestre, Gianna Fratta, doivent absolument être soulignés. La cheffe italienne est, en effet, parvenue à dégager la sève mélodique et harmonique de cette monumentale symphonie, poussant chaque instrumentiste à se surpasser.
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