Juste la fin du monde est une pièce de Jean-Luc Lagarce écrite en 1990, cinq ans avant qu'il ne décède du Sida en 1995 à 38 ans. Traduite et jouée en plusieurs langues, cette pièce est actuellement mise en scène par Jean-Charles Mouveaux et jouée à Paris. Un spectacle que le metteur en scène a créé avec succès pour le festival Off d’Avignon 2017 et qui revient sur les planches pour 27 représentations au Théâtre de l’Épée de bois. «Comme une nécessité», dit-il. La pièce est jouée par Vanessa Cailhol, Philippe Calvario, Esther Ebbo, Jean-Charles Mouveaux, Chantal Trichet et Valérie Vogt.
La trame
Louis a 34 ans. Il va annoncer à sa famille qu’il va mourir, dix ans après avoir quitté la maison familiale. Pendant toute la pièce, la raison de sa mort demeure inconnue. On ne sait pas non plus pourquoi il avait coupé les liens avec sa famille… Louis est homosexuel, ce qui pourrait dessiner certaines pistes dans la tête du lecteur ou du spectateur. Ses retrouvailles avec sa mère, sa sœur, son frère et la femme de son frère sont faites de non-dits. Face aux reproches d’amour et aux questions interminables, Louis garde le silence. Un silence noble, douloureux, secret. L’incommunicabilité est reine au sein de cette famille. Peut-être ne serait-il jamais le bon moment pour rattraper le temps perdu.
L’écriture de Lagarce
Le style de Lagarce est énigmatique et brut à la fois. Son langage est unique, tout comme la singularité de l’expérience de vie de Louis. Lui-même un double de son personnage, il souffre de la même maladie que Louis, incurable en ce temps-là.
Les sujets développés sont intimes et le spectateur assiste à un croisement de plusieurs crises au sein d’une même famille où chacun aspire à une liberté réprimée… Les personnages ne se parlent qu’à demi-mots, dans des monologues adressés à soi et qui butent devant la bulle de l’autre. Même l’aveu de Louis est repoussé. Son silence demeure un cri muet, tel celui de Munch, où la tragédie personnelle est tue.
La mise en scène de Jean-Charles Mouveaux
Dans une montagne russe de tourbillons émotionnels, la mise en scène de Mouveaux se veut franche, dans une scénographie épurée qui donne entièrement la place aux comédiens. L’audience demeure figée face à une interaction familiale faite de hurlements et de silences où les non-dits pèsent aussi lourd que les monologues et reflètent failles et blessures dans un «prisme familial» émotionnel. Il s'agit d'une invitation à ouvrir les yeux, à regarder autour de soi dans un monde devenu individualiste, et à se rendre compte qu'«une saine colère» pourrait aboutir à plus de communication ou d’amour.
https://www.youtube.com/watch?v=3BPqo6eOPRM
Juste la fin du monde de Xavier Dolan
Nous ne pouvons pas ne pas nous remémorer Gaspard Ulliel, parti trop tôt, à 37 ans, dans sa fin du monde à lui et qui avait incarné Louis dans Juste la fin du monde de Xavier Dolan en 2016 – Grand Prix au festival de Cannes –, avec Marion Cotillard, Vincent Cassel, Léa Seydoux et Nathalie Baye. Revoir le film après le départ de Gaspard Ulliel est bouleversant. Le regard de Xavier Dolan dit qu'il savait... Il s'agit bien d'un film prémonitoire.
«Il n’est pas toujours facile de partager son émotion avec les autres. La violence sort parfois comme un cri ou comme un regard qui tue… J’ai essayé de raconter l’histoire de personnages parfois méchants, parfois criants, mais surtout blessés et qui vivent comme tant d’entre nous, comme tant de mères, de frères, de sœurs, dans la peur, dans le manque de confiance, dans l’incertitude d’être aimé. Tout ce qu’on fait dans la vie, on le fait pour être aimé. Moi, en tout cas, oui, pour être accepté», avait dit Xavier Dolan dans son discours de remerciement.
https://www.youtube.com/watch?v=Vsz6R50VLjo
Juste la fin de tous nos mondes
Des mots poignants dans un monde qui tangue qu’est le nôtre. Entre explosion de l’inconscient collectif, instabilité familiale ou chamboulement intérieur, tout tangue. Plus de base solide sur laquelle bâtir un semblant d’avenir… La Terre tremble sous nos pas et engloutit des villes entières… Puisse-t-on céder la place à la communication, juste avant la fin du monde.
Marie-Christine Tayah
Instagram:
La trame
Louis a 34 ans. Il va annoncer à sa famille qu’il va mourir, dix ans après avoir quitté la maison familiale. Pendant toute la pièce, la raison de sa mort demeure inconnue. On ne sait pas non plus pourquoi il avait coupé les liens avec sa famille… Louis est homosexuel, ce qui pourrait dessiner certaines pistes dans la tête du lecteur ou du spectateur. Ses retrouvailles avec sa mère, sa sœur, son frère et la femme de son frère sont faites de non-dits. Face aux reproches d’amour et aux questions interminables, Louis garde le silence. Un silence noble, douloureux, secret. L’incommunicabilité est reine au sein de cette famille. Peut-être ne serait-il jamais le bon moment pour rattraper le temps perdu.
L’écriture de Lagarce
Le style de Lagarce est énigmatique et brut à la fois. Son langage est unique, tout comme la singularité de l’expérience de vie de Louis. Lui-même un double de son personnage, il souffre de la même maladie que Louis, incurable en ce temps-là.
Les sujets développés sont intimes et le spectateur assiste à un croisement de plusieurs crises au sein d’une même famille où chacun aspire à une liberté réprimée… Les personnages ne se parlent qu’à demi-mots, dans des monologues adressés à soi et qui butent devant la bulle de l’autre. Même l’aveu de Louis est repoussé. Son silence demeure un cri muet, tel celui de Munch, où la tragédie personnelle est tue.
La mise en scène de Jean-Charles Mouveaux
Dans une montagne russe de tourbillons émotionnels, la mise en scène de Mouveaux se veut franche, dans une scénographie épurée qui donne entièrement la place aux comédiens. L’audience demeure figée face à une interaction familiale faite de hurlements et de silences où les non-dits pèsent aussi lourd que les monologues et reflètent failles et blessures dans un «prisme familial» émotionnel. Il s'agit d'une invitation à ouvrir les yeux, à regarder autour de soi dans un monde devenu individualiste, et à se rendre compte qu'«une saine colère» pourrait aboutir à plus de communication ou d’amour.
https://www.youtube.com/watch?v=3BPqo6eOPRM
Juste la fin du monde de Xavier Dolan
Nous ne pouvons pas ne pas nous remémorer Gaspard Ulliel, parti trop tôt, à 37 ans, dans sa fin du monde à lui et qui avait incarné Louis dans Juste la fin du monde de Xavier Dolan en 2016 – Grand Prix au festival de Cannes –, avec Marion Cotillard, Vincent Cassel, Léa Seydoux et Nathalie Baye. Revoir le film après le départ de Gaspard Ulliel est bouleversant. Le regard de Xavier Dolan dit qu'il savait... Il s'agit bien d'un film prémonitoire.
«Il n’est pas toujours facile de partager son émotion avec les autres. La violence sort parfois comme un cri ou comme un regard qui tue… J’ai essayé de raconter l’histoire de personnages parfois méchants, parfois criants, mais surtout blessés et qui vivent comme tant d’entre nous, comme tant de mères, de frères, de sœurs, dans la peur, dans le manque de confiance, dans l’incertitude d’être aimé. Tout ce qu’on fait dans la vie, on le fait pour être aimé. Moi, en tout cas, oui, pour être accepté», avait dit Xavier Dolan dans son discours de remerciement.
https://www.youtube.com/watch?v=Vsz6R50VLjo
Juste la fin de tous nos mondes
Des mots poignants dans un monde qui tangue qu’est le nôtre. Entre explosion de l’inconscient collectif, instabilité familiale ou chamboulement intérieur, tout tangue. Plus de base solide sur laquelle bâtir un semblant d’avenir… La Terre tremble sous nos pas et engloutit des villes entières… Puisse-t-on céder la place à la communication, juste avant la fin du monde.
Marie-Christine Tayah
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