Syrie: le chef de l'OMS visite la zone rebelle
L'Humain avant la politique: Tedros Adhanom Ghebreyesus, chef de l'OMS, s'est rendu mercredi en Syrie dans les zones contrôlées par les rebelles. Il a appelé la communauté internationale à envoyer davantage d'aide humanitaire dans ces régions abandonnées.

Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé mercredi la communauté internationale à se mobiliser en faveur du nord-ouest de la Syrie, lors de sa première visite dans cette zone tenue par les rebelles et ravagée par le séisme.

Tedros Adhanom Ghebreyesus s'est rendu dans trois hôpitaux et un centre d'accueil pour les rescapés du drame, proches de la frontière turque, après avoir franchi le poste-frontière de Bab al-Hawa, selon un correspondant de l'AFP.

Tedros Adhanom Ghebreyesus visite l'hôpital al-Sham à Sarmada (Photo de OMAR HAJ KADOUR / AFP)

Le séisme du 6 février a fait plus de 50.000 morts en Turquie et en Syrie. Le bilan pour la Syrie s'élève à près de 6.000 morts.

M. Tedros est le plus haut responsable de l'ONU à se rendre dans les régions tenues par les rebelles et les jihadistes depuis le début de la guerre en Syrie il y a près de 12 ans. Le séisme y a fait 4.537 morts.

Lors d'une conférence de presse sur place, il a souligné que ce séisme est venu "s'ajouter aux souffrances inimaginables des personnes qui ont tant enduré pendant 12 ans", citant "l'effondrement économique, la guerre, la pandémie de Covid-19 et l'épidémie de choléra en cours".

"Les habitants du nord-ouest de la Syrie ont besoin de l'aide de la communauté internationale pour s'en sortir et reconstruire" leur région, a-t-il ajouté.

Ghebreyesus avec des membres de la Syrian American Medical Society (SAMS) (Photo de OMAR HAJ KADOUR / AFP)

Il a appelé "la communauté internationale, les gouvernements, les philanthropes, les individus" à se mobiliser.

"Même avant le séisme, les besoins augmentaient tandis que l'aide internationale diminuait", a souligné M. Tedros, ajoutant qu'il ne fallait pas "tourner le dos au peuple syrien".

Les secouristes et militants locaux ont vivement critiqué la lenteur de l'arrivée des aides internationales dans ces zones rebelles, alors que les avions d'aide se succédaient vers les régions tenues par le régime syrien.

Il avait fallu plusieurs jours à l'ONU pour commencer d'acheminer de l'aide vers ces zones depuis la Turquie.
Une communauté internationale qui se mobilise pour la Syrie "abandonnée"

L'aide internationale continue d'affluer en Syrie, en partie via l'aéroport de Beyrouth. Mardi, la Roumanie, en coopération avec l’UE, a envoyé un avion transportant cinq tonnes de médicaments et de matériel médical, destiné à la population syrienne des zones affectées par le tremblement de terre. C'est le quatrième envoi d'aide humanitaire roumaine programmé en coopération avec le Mécanisme européen de Protection Civile.


Selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), plus de 420 camions chargés d'aide sont entrés dans le nord-ouest par trois points de passage frontaliers avec la Turquie depuis le séisme.

Mercredi, un nouveau convoi d'aide est entré par le poste frontière de Bab al-Salama, selon un correspondant de l'AFP.

Dans les zones tenues par le régime, 258 avions transportant des aides, dont 129 en provenance des Emirats arabes unis, ont par contre atterri dans les aéroports des zones gouvernementales, a indiqué mercredi à l'AFP Souleimane Khalil, un responsable du ministère des Transports.

Le 12 février, le secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires, Martin Griffiths, qui s'était rendu du côté turc du passage de Bab al-Hawa, avait reconnu que l'ONU avait "fait défaut aux gens du nord-ouest de la Syrie", qui "se sentent à juste titre abandonnés".

L'ONU a depuis lancé mi-février un appel d'urgence aux dons de 397 millions de dollars pour aider les populations victimes du séisme en Syrie.

Le chef de l'OMS visite un camp pour personnes déplacées à côté de la frontière turque (Photo de OMAR HAJ KADOUR / AFP)

La grande partie de l'aide onusienne au nord-ouest traverse le poste frontière de Bab al-Hawa.

Le point de passage est situé dans la province d'Idleb, que les responsables de l'ONU visitent rarement, contrôlée en partie par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS).

Après le séisme, le chef de l'OMS s'était rendu le 11 février dans la ville sinistrée d'Alep (nord) contrôlée par le gouvernement syrien, dans le premier déplacement d'un haut responsable onusien en Syrie après le drame.

Le lendemain, il avait rencontré le président syrien Bachar al-Assad, qui avait accepté d'autoriser l'ONU à ouvrir deux autres passages frontaliers pour aider à acheminer plus d'aide.

La guerre civile, qui entre bientôt dans sa douzième année, a mis à mal la plupart des infrastructures de santé en Syrie, notamment dans les zones rebelles.

Les régions rebelles du nord de la Syrie abritent plus de quatre millions de personnes, dont environ la moitié sont des déplacés et près de 90% d'entre elles dépendent de l'aide humanitaire.

AFP
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