Quatre suicides en une semaine, trop c’est trop
Quatre suicides en une semaine! Du jamais vu au Liban. Un quatrième jeune homme, Mohammad Ibrahim, a mis fin à ses jours dimanche, dans le village de Wardaniyé, au Liban-sud, en se tirant une balle dans la tête. Il était employé à la Caisse mutuelle des juges, au Palais de justice de Saïda.

Les raisons qui l’ont poussé à ce geste de désespoir ne sont pas encore connues. Elles pourraient être cependant liées à la crise socio-économique qui ne fait que s’aggraver du fait du blocage et de l’acharnement des autorités, dénuées de toute vision de redressement ou d’avenir, à accabler sans relâche une population saignée à blanc de nouvelles charges fiscales. Car, ce sont ces raisons qui avaient conduit Hussein Mroué, à Zrariyé, Moussa Chami, à Deir Zhrani, et Ali Abou Hamdane, à mettre fin à leurs jours, la semaine dernière. Ce dernier avait envoyé à son meilleur ami, un message vocal, largement relayé sur les réseaux sociaux, pour lui demander de prendre soin de sa famille et lui expliquer qu’il était « épuisé et dégoûté ».

Le nombre de suicides, un phénomène inquiétant, a augmenté dans le pays avec le début de la crise en 2019, ce qui a poussé des ONG, comme Embrace, à développer leurs campagnes pour venir en aide aux personnes sous l’emprise d’un désespoir, qu’alimente le sentiment de ne pas voir le bout du tunnel dans lequel une classe dirigeante, sourde et aveugle, maintient prisonniers les Libanais.


Avant même que le suicide de Mohammad soit annoncé, les députés Najat Aoun Saliba et Melhem Khalaf avaient twitté au sujet de ce triste phénomène. « Les auteurs d’injustice ont dépassé toutes leurs limites », ont-ils d’emblée écrit. « Hussein Mroué, Moussa Chami et Ali Abou Hamdane qui se sont suicidés en l’espace d’une semaine, sont les victimes de ceux qui n’accomplissent pas leur devoir constitutionnel et qui retardent ainsi l’élection d’un chef de l'État pour que le processus de redressement et de sauvetage (du pays) puisse être lancé », ont ajouté les deux, en soulignant la responsabilité particulière des députés à ce niveau. « Nous, députés de la Nation, assumons seuls la responsabilité de ce retard imprégné de mort. Arrêtons de tuer les gens », ont-ils lancé.

Mme Saliba et M. Khalaf ont entamé un sit-in au Parlement depuis un mois, afin de pousser le Parlement, l’arène où les forces politiques adverses sont engagées dans une épreuve de force autour de la présidentielle, à assumer ses responsabilités.

Dans son homélie, dimanche, le métropolite Elias Audi a également évoqué ce phénomène, en pointant du doigt la responsabilité des autorités.  Il a ainsi fustigé leurs « politiques stériles, responsables du suicide de citoyens qui en ont assez d’une vie faite d’oppression et d’humiliation ».
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