La sélectionneuse Corinne Diacre débarquée
©Photo d’archives AFP
Lâchée par plusieurs joueuses majeures des Bleues, la sélectionneuse Corinne Diacre a fini par être débarquée, jeudi, par la Fédération française de football, désireuse de rétablir l'ordre et d'éteindre l'incendie à quatre mois et demi de la Coupe du monde.

Pour la FFF, il était urgent de mettre fin à la crise historique qui secoue l'équipe de France féminine depuis la mise en retrait, le mois dernier, de Wendie Renard, Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto, trois membres emblématiques de l'effectif.

Quitte à repousser à une date ultérieure la désignation d'un successeur. Réunis jeudi autour du président par intérim Philippe Diallo au siège de l'instance, à Paris, les membres du comité exécutif ont donc décidé de sacrifier l'ancienne défenseure âgée de 48 ans, qui cristallise les rancoeurs et les critiques depuis sa nomination en 2017 en raison d'un management jugé autoritaire et clivant.

Cette décision a été prise après la remise des conclusions d'une commission missionnée par Philippe Diallo "pour dresser un constat sur la situation de l'équipe de France féminine, à la suite des différentes prises de position de plusieurs joueuses", selon un communiqué publié par l'instance.

"Les membres de la commission m'ont décrit une difficulté de relation au sein du groupe France entre la sélectionneuse et un certain nombre de ses joueuses", a déclaré Philippe Diallo à l'issue du Comex. "A l'unanimité, ils m'ont fait une recommandation, que j'ai été amené à suivre, de devoir mettre un terme à la mission de Corinne Diacre à la tête de l'équipe de France".

"On s'est aperçus, avec l'expérience d'un certain nombre de joueuses qui ont l'habitude de standards de professionnalisme, que l'équipe de France n'était pas au niveau de ces standards", a-t-il ajouté.

Diacre quitte ainsi les commandes de l'équipe nationale sur un bilan très mitigé. Sur le plan sportif, elle n'est pas parvenue à décrocher un titre, se contentant d'une place en quarts de finale de la Coupe du monde 2019 à la maison et d'une demi-finale lors de l'Euro-2022, malgré la qualité des joueuses à sa disposition et les résultats probants des clubs français en Ligue des champions.

En dehors des terrains, elle s'est surtout distinguée par une communication raide, des clashs médiatisés avec les cadres de la sélection et une incapacité à promouvoir la discipline. La crise, longtemps souterraine, a éclaté au grand jour le 24 février avec l'annonce par Wendie Renard (142 sélections) de sa mise en retrait de l'équipe de France, la capitaine affirmant qu'elle ne pouvait "plus cautionner le système actuel", trop éloigné, selon elle, du haut niveau.


Pression trop forte

Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani, vedettes des Bleues et du Paris SG, ont embrayé et taclé le "manque de professionnalisme" de l'encadrement tricolore, sans nommer directement la sélectionneuse, sous contrat jusqu'en 2024 et les Jeux olympiques de Paris.

Soucieuse de prendre le problème à bras le corps, la FFF a alors monté une commission spéciale, avec à son bord Jean-Michel Aulas, Laura Georges, Aline Riera et Marc Keller, tous membres du "Comex". Le quatuor a procédé à l'audition de plusieurs joueuses alors que certaines "taulières" ont décliné et que d'autres n'ont pas été sollicitées, selon leur entourage.

Diacre elle-même a pu s'exprimer mardi durant près de deux heures, selon son avocat Christophe Ayela. Celui-ci a décrit auprès de l'AFP un échange "constructif et concret", la technicienne s'étant dite de son côté "pleinement déterminée à mener (s)a mission à bien et, surtout, à faire honneur à la France lors de la prochaine Coupe du monde" en Australie et en Nouvelle-Zélande (20 juillet-20 août), tout en dénonçant une "campagne de dénigrement", dans un communiqué transmis à l'AFP.

Mais la pression était devenue trop forte, d'autant que Jean-Michel Aulas, président de l'OL et proche de Wendie Renard, ne cachait plus son souhait de voir Diacre partir. Ce limogeage oblige désormais la FFF à trouver un successeur dans des délais serrés. Le prochain match des Bleues, contre la Colombie en amical, se tient dans à peine un mois à Clermont.

Dans cette optique, Philippe Diallo a demandé aux quatre membres de la commission spéciale de "procéder, dans les huit à dix jours, aux auditions des candidats qui seraient intéressés par cette mission". Le nom de Gérard Prêcheur, actuel entraîneur du PSG féminin, revient avec insistance. Ces dernières heures, l'ancien formateur de l'INF Clairefontaine et ex-coach de l'OL féminin (2014-2017) assurait cependant n'avoir pas été contacté par la FFF.

D'autres profils se distinguent, comme ceux de Sonia Bompastor (Lyon), Sandrine Soubeyrand (Paris FC) et Eric Blahic (ex-adjoint de Diacre).

AFP
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