Alexandre Couillon, trois étoiles Michelin à deux mains
Remportant une troisième étoile Michelin, Alexandre Couillon, ce chef de 47 ans né au Sénégal, a fait confiance à sa bonne étoile. Il est le seul à être promu, le lundi 6 mars, à la plus haute distinction gastronomique dans l’édition 2023, portant le nombre de trois-étoiles à 29.

C’est à son épouse qu’il doit, dit-il, son succès. Pour lui, ce succès est celui d’une «histoire qui s’est écrite à deux».

Le chef du restaurant La Marine, en Vendée, a été distingué lundi par le guide Michelin dans une sélection qui voit émerger une nouvelle carte de France de la gastronomie. «C'est notre étoile», a déclaré Alexandre Couillon en désignant son épouse, Céline, qui officie en salle et l'accompagnait sur la scène du Palais des Congrès de Strasbourg, où étaient présents 500 chefs français et 20 chefs européens sur 1.500 personnes. Une première. «C'est une grande surprise pour nous. C'est une histoire à deux», a-t-il déclaré. Alexandre Couillon succède ainsi aux chefs Arnaud Donckele, à Paris, et Dimitri Droisneau, à Cassis (Bouches-du-Rhône).

Décentralisation du succès du Guide

Au total, le millésime 2023 compte 44 promotions. Sur ce chiffre, 39 nouvelles adresses se voient attribuer leur première étoile (contre 41 l'année dernière) et quatre nouveaux restaurants se voient distinguer de deux étoiles. Le sel de cette édition tient en un chiffre: 37 des promus sont des tables en région, par opposition à l'Ile-de-France. «La France gastronomique, ce n'est plus la diagonale de l'Est, remarque Gwendal Poullennec, le patron du Guide. On voit qu'il y a des établissements partout et que même les Hauts-de-France voient éclore de plus en plus de projets. Ça n'a jamais été aussi clair que dans cette sélection.» Deux régions sont particulièrement primées: les Pays de la Loire, avec cinq promotions une étoile, et les Hauts-de-France, avec quatre restaurants promus, dont un à deux étoiles. Parmi eux, Christophe Dufossé, au Château de Beaulieu dans le Pas-de-Calais, qui récupère en plus une étoile verte.

Une île de saveurs au fond d’un restaurant

Sacré en 2016 «cuisinier de l'année» par le Gault et Millau, Alexandre Couillon avait reçu sa première étoile au Michelin en 2007, puis une deuxième six ans plus tard.

Niché sur la pointe de l'île de Noirmoutier, La Marine, initialement restaurant familial saisonnier, a été repris en 1999 par Alexandre Couillon et son épouse. En quelques années, ils en ont fait une table gastronomique servant des produits locaux: le poisson arrive tout frais du port situé en face du restaurant et les légumes proviennent exclusivement du potager du chef. «Tous les jours, on raconte une nouvelle histoire, on cuisine avec les meilleurs produits du moment», affirme-t-il.


En quoi ce fameux restaurant serait-il aussi spécial? La Marine est «l'illustration parfaite de ce qu'est une table qui vaut le voyage, car, non seulement il faut aller sur une île mais, une fois sur l'île, il faut aller sur la pointe de l'île», a déclaré Gwendal Poullennec.

Jeunes et femmes sur le chemin de la gastronomie

Une édition qui fait également la part belle aux jeunes chefs, dont le Belge Mallory Gabsi, révélé par l'émission Top Chef, qui décroche, à 26 ans, sa première étoile pour son restaurant parisien, ainsi que le prix du jeune chef. «Une surprise totale (...) C'est le travail d'équipe qui porte ses fruits. Ca fait plaisir à tout le monde!»

Comme l'année dernière, où quatre femmes figuraient parmi les 49 promotions, peu sont présentes dans le palmarès. Georgiana Viou, de la table Rouge, à Nîmes, rafle sa première étoile. Très émue, la cheffe d'origine béninoise a souligné sur scène qu'elle n'était «pas du sérail». D'autres femmes ont été récompensées avec leur compagnon, comme Camille Pailleau avec son conjoint Diego Delbecq Rozo, à Marcq-en-Barœul, au Nord. Ou encore le couple David Degoursy et Jeanne Satori, 25 ans tous deux, qui s’étaient rencontrés sur les bancs de l’école avant de poursuivre des études de lettres puis un rêve gastronomique. Ils décrochent leur première étoile et une étoile verte avec leur restaurant strasbourgeois de:ja.

Le patron du guide rappelle que l'étoile ne va pas seulement aux chefs, mais au restaurant et que les femmes sont présentes, notamment en salle. Huit nouvelles tables sont promues étoiles vertes en 2023, contre six l'année dernière, pour leur démarche écoresponsable. Plus tôt dans la cérémonie, le chef de l’État, Emmanuel Macron, a promis, dans une allocution vidéo, de «tout faire pour que celles et ceux qui travaillent, nourrissent la France, qui se lèvent tôt, qui s'engagent  (...) soient accompagnés quand il y a des temps difficiles».

Marie-Christine Tayah avec AFP.

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